Armand Aniambossou: un grand maître pictural à découvrir

 

En ces temps de village planétaire où les informations, comme les échanges, circulent à la vitesse de la lumière, force est de constater que l’économie des savoirs qui intègre en son sein les entreprises et industries créatives, connaît un taux de croissance de plus en plus élevé partout dans le monde aujourd’hui.

Cette mutation majeure de l’économie mondiale, due en grande partie au développement et à l’accessibilité croissante des technologies de la communication à tous, y compris aux populations des pays du Sud, ne profite hélas pas encore suffisamment aux artistes et autres créateurs de ces pays.

CubismeToutefois, leur présence de plus en plus active sur internet et dans les réseaux sociaux, sans oublier les mutations majeures sur les plans idéologiques, paradigmatiques et sociétaux que connaît notre monde, laisse présager un prochain rééquilibrage dans l’appréciation de l’apport des uns et des autres au patrimoine culturel mondial. Ce d’autant plus que, peu à peu, l’Afrique reprend en main son destin, redécouvre sa brillante civilisation pharaonique qu’elle avait presque oubliée et dont s’inspirèrent les plus grands artistes et savants grecs – selon leurs propres dires – parmi lesquels, figurent Homère, Hérodote, Thalès, Pythagore, Socrate, Platon, Aristote. Situation confirmée par le père de l’égyptologie Jean François Champollion. i

Dans ces conditions, comment ne pas constater (pour le regretter), la marginalisation, si ce n’est l’exclusion, des artistes plasticiens africains parmi les artistes les plus cotés de la planète, et dont les œuvres se vendent à des prix défiant toute raison. Force est de constater pourtant que le talent de ces artistes-là, depuis la nuit des temps, n’est plus à démontrer. Qui plus est, ne sont-ils pas ceux qui ont apporté à l’humanité l’esthétique de l’art géométrique dont s’inspirèrent Picasso et ses amis peintres ?

163Bien plus, si le cubisme se révèle être l’art par excellence pour les occidentaux, comment ne pas considérer à sa juste valeur, l’exceptionnel travail géométrique et esthétique de nombreux artistes plasticiens africains, et singulièrement celui de leur doyen actuel, Armand Aniambossou : 1er peintre professionnel béninois, actif depuis plus de 60 ans, qui offre à l’art pictural une nouvelle syntaxe plastique, empreinte de beauté, d’originalité et d’un brin de divinité : le forcubisme.

Appellation poétique pour cette forme originelle et rajeunie du cubisme, dont les figures peintes ou dessinées épousent un plan architectural complexe, fait de figuration et d’abstraction, de symbolisme et d’impressionnisme, avec une excellente maîtrise de la couleur digne des plus grands maîtres.

Dans le travail d’Aniambossou, le passé vit dans l’esprit du présent, dont l’histoire est un élément actif. Ses compositions extrêmement créatives et originales trouvent leur aboutissement dans les figures des « visages tourmentés » particulièrement émouvantes qui expriment la détresse de l’être africain. Métaphore d’une Afrique piégée et jouet des politiques des grands et des maîtres du monde, ballotée par l’histoire, mais éternellement résistante.

Aniambossou vit et continue de travailler dans son village natal Ouidah après avoir exposé pendant près de 60 ans à travers le monde dans les galeries, musées et autres lieux d’exposition dignes de son rang.

Il va donc sans dire que c’est d‘abord aux Africains eux-mêmes de s’organiser, de créer les conditions d’émergence et de valorisation du génie de leurs artistes, tant il est vrai que : « toute bonne charité commence toujours par soi-même ».

Enfant prodigeLes politiques publiques des pays africains doivent dans ce sens, jouer un rôle majeur dans la création d’un environnement juridique propice pour les créateurs, mais aussi et surtout dans la facilitation des conditions de travail pour les artistes, leur mise en valeur par la création des prix, des marchés, des foires et autres salons, aux fins de dynamiser la créativité mais aussi la commercialisation des œuvres artistiques.

Cette nécessaire prise de conscience de l’importance de la valorisation et de la célébration de nos plus grands artistes, est incontournable, tant il est vrai que les Africains ne peuvent attendre que ce rôle soit joué par l’étranger, au risque d’attendre éternellement.

Pour ne pas conclure, c’est encore et d’abord aux Africains de célébrer le génie de leurs artistes en organisant la vie créative et les conditions d’exportation du produit de leur génie artistique. Nos plus belles œuvres d’art et leurs auteurs doivent trouver leur place dans nos musées en Afrique et non ailleurs. Il est évident que ce travail de réappropriation de notre patrimoine artistique partout disséminé, sera long et pénible ; mais il mérite d’être mis en route…

Restons toutefois optimistes, et continuons à œuvrer pour l’avènement d’un monde meilleur, intégrant les valeurs de la (Maât) qui sont : la justice, la vérité, et l’harmonie, fondement d’un village planétaire plus équilibré, où règnent la paix, la sécurité et le bonheur tant recherchés par tous les humains.

Alain Alfred Moutapam

moutapanALAIN ALFRED MOUTAPAM
Poète – Ecrivain
Expert en diplomatie culturelle
ASSOCIATION TAMTAMARTS
Diplomatie culturelle
Entreprises  créatives

Poésie telle que pratiquée par les Africains

i Jean-François Champollion dit Champollion le Jeune (né le 23 décembre 1790 à Figeac, dans le Lot et mort le 4 mars 1832 à Paris) est un égyptologue français. Déchiffreur des hiéroglyphes, il est considéré comme le père de l’égyptologie. Élève hors du commun, il est capable de parler le latin à l’âge de neuf ans, l’hébreu à treize ans et l’arabe à quatorze ans. Il étudie à Figeac, puis à Grenoble. Dès le lycée, il se passionne pour l’étude des hiéroglyphes égyptiens et grâce à son frère Champollion-Figeac, il réussit à se procurer une copie des inscriptions de la pierre de Rosette, qui ont la caractéristique d’être écrites en hiéroglyphes et en grec (également en démotique). Comprenant que le déchiffrement de cette langue oubliée depuis des siècles passe par l’étude des langues voisines, il monte à Paris en 1808 pour étudier, entre autres, le copte et l’éthiopien. À cette époque, il écrit à son frère : « Je me livre entièrement au copte. Je veux savoir l’égyptien comme mon français parce que sur cette langue sera basé mon grand travail sur les papyrus égyptiens. »

Le déchiffrement des hiéroglyphes est un travail de longue haleine : débuté avant 1807, il découvre en 1808 le principe de ligatures (regroupement) des signes. Il postule alors, sur des analogies avec l’un des dialectes coptes, l’absence de voyelles dans l’écriture égyptienne. En 1810, il émet l’idée que les signes peuvent être idéogrammes (exprimant une idée) ou phonogramme (exprimant un son). En 1812, il établit une chronologie des écritures, les cursives étant une version simplifiée et postérieure aux hiéroglyphes.

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