Mon bon vin : est-il si vain ?

 

pluton-fbLes Français  figurent au top mondial des buveurs de vin, après le Vatican. Avec plus de 44 litres de vin bus en moyenne annuelle, le Français reste champion du monde de la consommation. Le Vatican dépasse largement le record français, mais les caractéristiques de cet État (démographie et fiscalité) le placent hors-catégorie.

 

Les données fournies par le Wine Institute placent en effet l’Hexagone en tête des pays qui consomment le plus de litres de ce précieux breuvage par habitant. La France caracole en tête avec une consommation annuelle de 44,2 litres de vin par habitant. Soit près de 60 bouteilles de 75 cl ! Suivent ensuite les Slovènes (43, 3 l/h), les Croates (42,63 l/ h) et la Macédoine (41,5).

Un peu d’histoire

 

L’histoire de la vigne et du vin est si ancienne qu’elle se confond avec l’histoire de l’humanité. La vigne et le vin ont représenté un élément important des sociétés, intimement associé à leurs économies et à leurs cultures. Le vin synonyme de fête, d’ivresse, de convivialité,  a investi le vaste champ des valeurs symboliques.

La production de boissons fermentées remonte probablement au Mésolithique, voire au Paléolithique. Parmi ces boissons, l’hydromel est obtenu très facilement et sa production est probablement antérieure à celle du vin. On admet généralement que la vinification existe depuis plusieurs millénaires, ce qui aurait permis à l’homme du Néolithique de goûter du vin. Les saintes écritures font référence au vin à partir de Noé qui planta une vigne et s’enivra, des filles de Lot qui donnèrent du vin à leur père pour coucher avec lui et pour finir, de l’apôtre Paul qui conseilla à son ami Timothée de boire un peu de vin pour son estomac, d’où ces nombreuses vertus prêtées au vin certainement aujourd’hui. Mais qu’en est-il réellement ? Les avis restent mitigés

Les bienfaits du resvératrol

 

  • Un allié pour perdre du poids

Le vin permet d’activer un gène qui empêche la formation de nouvelles cellules de graisse dans le corps et permet aussi de stimuler les cellules de graisse existantes pour les dépurer, et les éliminer petit à petit. Évidemment, les résultats seront bien plus visibles si vous consommez du vin dans le cadre d’un régime équilibré et sans graisses.

  • Un stimulant pour notre cerveau

Le vin rouge est un excellent moyen de renforcer nos processus cognitifs. Boire du vin, de manière équilibrée mais constante, permet de prévenir la démence et les maladies dégénératives du cerveau. Il permet de réduire les inflammations, d’éviter le durcissement des artères et empêche la coagulation, en améliorant ainsi le flux sanguin.

  • Il traite les infections des gencives

Si vous faites partie de ces personnes qui, par exemple, ont les gencives qui saignent régulièrement, n’hésitez pas à accompagner votre repas d’un petit verre de vin. Il a la capacité d’éviter l’apparition des streptocoques et des bactéries responsables des caries, en plus d’être très efficace contre la gingivite et contre les maux de gorge.

  • Il combat la fatigue

Étonnant, non ? Selon une étude parue dans The FASEB Journal, le resvératrol contenu dans le raisin permet d’améliorer notre état lors des journées durant lesquelles nous sommes apathiques et très fatigués.

  • Il est excellent pour réduire le cholestérol et est bon pour notre santé cardiaque

Le vin rouge est une source naturelle de polyphénols, et notamment du bienfaisant resvératrol, une substance chimique riche en antioxydants qui, selon la Clinique Mayo, nous aide à prendre soin de nos vaisseaux sanguins. Il permet en effet d’éviter la formation de caillots et il réduit la présence de mauvais cholestérol.

  • Il réduit le risque de cancer

Le vin est un puissant antioxydant. C’est un produit naturel capable d’arrêter, par exemple, la croissance des cellules responsables du cancer du sein, ou du poumon.

L’une de ses propriétés les plus importantes est contenue dans l’action du resvératrol qui empêche les œstrogènes de dériver en problèmes cancérigènes chez les femmes.

  • Il combat les infections urinaires

Grâce à ses propriétés antioxydantes et astringentes, le vin permet d’éviter que des bactéries se fixent dans les parois de la vessie ou des reins. Il optimise la filtration et la dépuration de ces organes.

Lutter contre la maladie d’Alzheimer

Une étude américaine, publiée en février 2015 dans la revue anglophone  Scientific Reports, souligne l’effet du resvétatrol, antioxydant contenu dans la peau du raisin, sur la préservation de la mémoire. Il serait particulièrement efficace pour traiter les troubles de la mémorisation après 60 ans et chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Selon une étude menée par des chercheurs hollandais en 2007, il allongerait l’espérance de vie, mais aussi la durée de l’âge actif.

 Il pourrait tout aussi bien réduire les risques de cancer du poumon, limiter les effets secondaires de la radiothérapie, diminuer le stress, traiter les troubles érectiles.

Une étude conjointe des universités d’Harvard et d’East Anglia livre cette étonnante conclusion. Tout le mérite revient aux flavonoïdes, pigments qu’on retrouve principalement dans les bleuets, les mûres, les radis et le vin rouge.

Malgré diverses vertus curatives  attribuées au resvératrol, une molécule contenue dans le vin rouge, une étude italienne vient contraster cette idée reçue.

Contrairement à une idée répandue, ce polyphénol n’aurait aucun lien avec un effet protecteur du vin rouge sur les artères et contre le cancer.

Une équipe américaine publie ses travaux dans la revue Jama Internal Medicine, et montre que le resvératrol n’aurait en fait rien d’une molécule miracle et n’allongerait pas la durée de vie. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé entre 1998 et 2009, les données médicales de 783 Italiens de plus de 65 ans de deux villages de Toscane, région productrice du Chianti, vin rouge bien connu. Les scientifiques ont mesuré les niveaux de dérivés de resvératrol contenus dans les échantillons d’urine des participants qui ne suivaient par ailleurs aucun régime alimentaire particulier. Résultat : l’espérance de vie des volontaires qui avaient la plus forte concentration de resvératrol dans les urines n’était pas plus importante que celle des habitants ayant la moins forte concentration. La présence importante de resvératrol n’était pas non plus associée à une incidence plus faible de maladies cardiaques ou de cancers.

 

Effet de long terme

« Les personnes ayant de plus fortes concentrations en métabolites de resvératrol étaient aussi de plus gros fumeurs, consommaient plus d’alcool, pratiquaient plus d’exercice physique… les résultats sont donc difficiles à interpréter », explique Norbert Latruffe, professeur de biochimie à l’université de Bourgogne,  et connu pour ses recherches sur ce polyphénol. « Par ailleurs, les effets de ces molécules ne sont pas spectaculaires car ce sont des nutriments et non des médicaments. Pour que les résultats soient statistiquement significatifs, des études longues et pratiquées sur une population importante sont nécessaires », insiste-t-il.

Malgré ces résultats décevants, les bienfaits du vin rouge ou du chocolat noir sur la santé ne sont pas remis en cause par les auteurs de l’étude, qui expliquent que les avantages procurés par ces aliments doivent probablement provenir d’autres polyphénols qu’ils contiennent. Mais si, en fait, la consommation de vin à dose modérée et de chocolat était surtout associée à une certaine convivialité et à un mode de vie plus sain ? « La tendance actuelle est de trouver des arguments santé pour des produits alimentaires inutiles à notre équilibre, mais qui sont agréables, propose le docteur Laurent Chevallier, nutritionniste à Montpellier. Arrêtons de chercher des justifications scientifiques à leur consommation ».

Vox a étudié 30 rapports et interrogé cinq chercheurs sur la question. Voici ses conclusions.

«  Cest encore loin d’être parfait », assure Vox. Pour réussir à déterminer quels sont les effets de l’alcool sur la santé, il faudrait pratiquer des tests sur un groupe choisi au hasard et lui intimer l’ordre de boire deux verres de vin chaque jour pendant des décennies. Mais ces études sont irréalisables. D’une part parce qu’elles seraient contraires à l’éthique et, d’autre part, parce qu’il est impossible d’être sûr que les participants suivent ce régime sur une très longue période.

Pour mesurer les effets de l’alcool sur la santé, les scientifiques se sont plutôt appuyés sur deux types de tests. Les premiers, réalisés sur une courte période, calculent, par exemple, les taux de lipides dans le sang. Mais ces analyses ne donnent aucune indication sur les effets à long terme. Les seconds partent de l’observation, sur un temps plus long, de deux groupes de personnes, un qui boirait de l’alcool, l’autre non. Les chercheurs obtiennent, là aussi, des indications, mais pas de certitudes, puisque étudier ces deux groupes à la seule mesure de leur consommation d’alcool est trop réducteur. Bref, en la matière, cause et effet sont très difficiles à démêler. Que déduire, par exemple, d’une étude qui constaterait que des buveurs de vin vivent plus longtemps que des buveurs de bière ? Est-ce en raison du vin ou est-ce parce que les buveurs de vin auraient davantage de moyens financiers et donc seraient plus soucieux de leur santé ?

Cela ne signifie pas pour autant que les recherches existantes soient inutiles. Cette problématique se retrouve dans bon nombre de recherches sur les choix de vie (exercice physique, tabagisme…) et cela n’empêche par les chercheurs d’être assez confiants dans les résultats pour en tirer des conclusions.

Le vin rouge serait-il plus bénéfique que les autres alcools ?

 

On a cru dans les années 1990 que le vin rouge était bénéfique pour la santé, raison du fameux « paradoxe français « . Tout est parti d’une étude sur les Français qui, malgré un régime alimentaire aussi riche en lipides que celui des Américains, présentaient un taux de décès par maladies cardiovasculaires plus faible. On en a alors déduit que cette différence résultait de la consommation modérée de vin, typique des Français. Cette croyance a persisté des années durant. Depuis, la science a progressé et ce « paradoxe  » a été remis en cause. Comment expliquer, par exemple, que Canadiens et Japonais aient la même espérance de vie que les Français alors qu’ils boivent moins de vin rouge ? On a ensuite observé que les consommateurs de vin avaient une meilleure hygiène de vie : alimentation plus équilibrée, pratique régulière d’activité sportive, moins de tabagisme… autant de facteurs permettant de réduire les risques de maladies cardiovasculaires. Enfin, des analyses sur le vin rouge sont menées depuis des années pour déterminer s’il est doté de propriétés uniques. Jusqu’à présent, rien de convaincant n’a été trouvé.

Un temps, il a été suggéré que le resvératrol, présent naturellement dans les raisins rouges et le chocolat, donnait au vin ses propriétés bénéfiques pour la santé lorsqu’on le consomme avec modération. Mais là aussi, des études plus poussées ont démontré que le resvératrol n’avait rien d’une molécule miracle.

 

Pourquoi cet élan vertueux ?

 

En 2004, le marché du vin s’effondre.L’origine de la crise viticole française est complexe. Elle relève de plusieurs causes. La baisse de la consommation de vin, ajoutée à l’arrivée de nouveaux producteurs, a obligé les viticulteurs français à diminuer leur production. La production française a des difficultés à l’exportation, car la concurrence est plus sévère. Plus généralement, à partir de 1990, la production mondiale commence à baisser. La crise de la viticulture française est aussi liée à la réforme de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC),  l’évolution de la consommation nationale et à la lutte contre l’alcoolisme. Le consommateur français préfère boire moins, mais mieux, d’où une forte diminution de la consommation des Vins de Table. La loi Evin, très controversée dans les milieux viticoles, a été motivée par le souci de préservation de la santé. Il est bien difficile de trancher entre morale, santé et culture, entre bienfaits et méfaits de l’alcool. Comment peut-on faire simultanément la promotion du vin français, et en même temps, des campagnes de  prévention contre l’alcoolisme et pour la sécurité routière ? Victime d’une baisse de la consommation domestique, la viticulture française subit aussi un fléchissement de ses exportations. Elle est soumise à la concurrence des vins du Nouveau Monde, ainsi que de celle de ses voisins européens (Grèce, Espagne, Italie) et du Maghreb.

11755677_10207029002546697_8855506737208717061_nEn attendant de trouver l’élixir de longue vie, qui, espérons-le, ne reposera pas sur sa  lie, la modération à elle seule procure de nombreux bienfaits et s’impose.

Notre si bonne cuisine devrait nous rappeler à un ou deux verres, sinon ce serait un sacrilège que nos plats grillés ou saignants  ne soient pas accompagnés par des vins rouges corsés et tanniques.

Rédacteur Georges COCKS

Secrétariat rédaction Colette FOURNIER

Pluton-Magazine

14600892_10210447348483209_6572903377890137749_n

Laisser un commentaire

*