Madoka Fukami, jeune pianiste accomplie, passionnée par Debussy

 

 

                Une fois encore, Musique au Cœur du Médoc (MACM) n’a pas failli à la réputation, maintenant bien établie, selon laquelle l’association constitue un tremplin d’excellence pour l’accueil de jeunes artistes dont certains sont déjà renommés, comme ce fut le cas pour Madoka Fukami, en ce mois de mai 2017.

 

Château d’Issan

 

Pour cette pianiste d’origine japonaise, on avait choisi le très beau cadre du Château d’Issan  (Margaux), situé sur la commune de Cantenac. À la tombée du jour, un public toujours aussi fidèle se pressait pour voir et entendre celle qui maîtrise aussi bien le répertoire classique que la musique française, c’est là une réelle passion chez elle. France Musique a déjà diffusé son récital de l’intégrale des Douze Études de Claude Debussy. Elle a obtenu en 2012 le prix de l’Académie Maurice Ravel, et en 2015, le Prix de la Fondation Maurice Ravel. Elle prépare d’ailleurs aujourd’hui un projet de concerts portant sur l’intégrale des œuvres pour piano de Claude Debussy. À Cantenac, étaient prévus au programme Mendelssohn, Schubert, Beethoven, Ravel, Liszt, Stravinsky et bien sûr, Debussy.

 

 

                 Lauréate de  nombreux concours internationaux.

 

 

Agée aujourd’hui de 28 ans, la jeune virtuose formée à Paris auprès de Michel Béroff et de Marian Rybicki, avait remporté – à l’unanimité – le Premier Prix pour son master de piano au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et le diplôme supérieur de concertiste à l’École normale de musique de Paris. A ce jour, elle n’additionne pas moins de dix prestigieux concours internationaux, dont le concours Long-Thibaud-Crespin ou encore le Concours international de piano Frédéric Chopin. Après le concert, en reprenant  son train à Bordeaux, elle n’aura pas manqué au passage de remarquer depuis les quais, la façade contemporaine du Conservatoire qui porte le nom de Jacques Thibaud, né en effet dans la capitale aquitaine, qui étudia, enfant, le violon avec son père et sera cofondateur plus tard, avec Marguerite Long et Régine Crespin, du célèbre concours qui porte leur nom. Créé en 1943 comme symbole d’affirmation de l’identité musicale française, il attribue une année sur trois un prix en violon, en piano et en art lyrique depuis 2011. (Jacques Thibaud, le plus illustre violoniste de son temps, devait perdre la vie en 1953 dans un accident d’avion, au Mont Cimet, dans les Alpes de Haute-Provence, alors qu’il se rendait à Saigon.)

 

Madoka Fukami a poursuivi sa formation auprès du pianiste et pédagogue Abdel Rahman El Bacha, français d’origine libanaise, né à Beyrouth et dont les deux parents sont aussi musiciens. C’est en qualité de maître en résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, à Waterloo, en Belgique où il forme les jeunes pianistes, qu’il a reçu aussi l’élève japonaise avant que celle-ci, soliste résidente depuis 2013 en ce même lieu, poursuive son perfectionnement auprès de Maria Joao Pires (considérée comme l’une des plus grandes mozartiennes du piano, mais pas seulement : Beethoven et Schubert, notamment, figurent parmi ses spécialités).

 

 

Sur la lancée de M.Béroff, une passion pour Debussy.

 

 

À l’exemple de ses maîtres, aujourd’hui, elle parcourt le monde, jouant en soliste avec de nombreux orchestres, que ce soit au Japon, en France, en Belgique, à Porto, ailleurs en Europe ou encore au Maroc, heureuse de la diffusion aussi de ses concerts sur plusieurs chaînes de radios et de télévision.

 

 

 

Et qui sera surpris de la passion de Madoka Fukami pour Debussy, quand on sait aussi l’attachement de son ancien professeur, Michel Béroff, au virtuose ? Il a enregistré l’intégrale de Debussy pour plusieurs labels. Dans une interview pour pianobleu.com, il se souvient de la classe de Pierre Sancan, à Paris, professeur à propos duquel il formule un regret : « J’ai malheureusement passé trop peu de temps dans sa classe, mais les souvenirs les plus prégnants sont (…) un amour de Debussy qu’il m’a légué en droit direct ». Madoka est sur cette lancée, c’est bien l’avis d’un fin connaisseur qui a eu tout le temps d’apprécier la jeune artiste en récital à l’Auditorium du Musée d’Orsay. C’était en 2015, Michel Le Naour, de Concert Classic.com, qui note chez elle, à propos des Douze Etudes de Debussy, une vraie personnalité capable de varier les registres «  d’attaquer le clavier avec puissance, pour les accords ; de faire preuve de souplesse, pour les cinq doigts ; d’agilité digitale, pour les arpèges composés. L’habilité à varier les contrastes, à enchaîner les séquences et la maîtrise technique de l’interprète, distingue une interprétation aboutie. Madoka Fukami sait raconter une histoire et toujours intéresser, y compris dans ce cycle volontiers abstrait où il est facile de s’égarer. À coup sûr, une véritable nature de musicienne. »

 

La saison 2017 de MACM aura son point d’orgue le 13 juin 2017 à 18h30 à Château Kirwan (Cantenac), avec une promenade musicale et enchantée à travers le parc et l’orangeraie, où le public tombera certainement sous le charme de la soprano, autant chanteuse que comédienne, Raquel Camarinha. Elle sera accompagnée d’Emmanuel Rossfelder à la guitare. Le piano d’Olivier Reboul sera aussi présent. (Œuvres de Manuel de Falla, Poulenc, Debussy, Fauré, Ravel).

 

En Médoc, après le concert, il est d’usage de trinquer, goûter et, cette fois encore, on n’a pas failli à la noble tradition dans les chais de cet ancien fief du XII° siècle (chais bien contemporains à présent !) où un Margaux ne se refuse jamais, d’autant que la réputation de celui-ci remonterait à la fin de dudit siècle, puisqu’il aurait été servi le 18 mai 1152, aux noces d’Aliénor d’Aquitaine avec le futur roi d’Angleterre, Henri Plantagenêt…

Rédacteur Jean-Louis LORENZO

Secrétariat de rédaction Colette FOURNIER

(Les photos sont de Château d’Issan soi-même pour la vue de l’édifice et de Chantal Martin Pardigon pour les autres)

 

 

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