Embarquement immédiat avec Jessica Chin FOO

.

Je suis née en 1983 dans la ville de Lafayette, en Louisiane ; mes parents rêvaient de l’Amérique et de la Californie. Mon père, Jean Yen Yansaud, était un entrepreneur de la nuit, il a ouvert et cogéré plusieurs restaurants et boîtes de nuits à Tahiti, dont le drugstore Mayana et le Zizou bar. Il séduira ma mère dans les années 70 dans un de ces clubs. Leur aventure était d’une forte passion, mais d’une flamme trop brûlante pour les laisser vivre une histoire de longue durée.

Je grandis auprès de ma mère, Patricia Chin Foo, dans la villa de mes grands-parents, dans la ville de Papeete, à Tahiti, entourée de toute ma famille. Étant la 3e génération d’immigrants chinois hakkas en Polynésie Française et la 1re génération américaine, j’ai vécu dans une diversité de cultures et de traditions chinoises, hakkas, polynésiennes, françaises et américaines. Mon grand-père avait vécu pendant ses 30 premières années en France et en Californie. Son parcours fut divers, il fut l’un des premiers Polynésiens étudiants à Louis Le Grand, et sortant de University of California, à Berkeley. Il vécut la Seconde Guerre mondiale en France, et racontait souvent son parcours : la vie dans les égouts sous la ville de Paris, la résistance, le travail comme plongeur pour le célèbre Charles Trenet…

À son retour en Polynésie, Marcel ouvrit de multiples sociétés ; savonnerie, porcherie, production de disques, une brasserie… Il suivit les traces de son père, Tchung Fo Tchong. Lui aussi, un vrai commerçant, ayant quitté la Chine pour San Francisco, et puis la Polynésie où il fonda sa famille. Il avait ouvert la première banque destinée à assister la communauté chinoise, Banque Chin Foo, qui fit faillite lors du crash boursier de 1929, et investi dans différents secteurs.

Ma grand-mère, Marguerite, est une femme avec la main sur le cœur, toujours à l’écoute et au service des autres. Elle me transmit les valeurs qui ont contribué à ma « positive attitude » d’aujourd’hui, celle de l’humilité, de la sagesse, et de l’importance de la connexion avec la nature.

En grandissant, j’ai eu la chance de beaucoup voyager et de prendre des cours de piano, de tennis, d’athlétisme qui, en ce temps-là ne me séduisait pas du tout. J’ai plutôt trouvé ma voie dans la nature, la mer, la plongée sous-marine, le « tamure », la peinture, les amies et l’évasion de mon adolescence.

Après l’obtention de mon baccalauréat en sciences économiques et sociales en 2000, je partis étudier dans la ville de Davis, en Californie du Nord. J’obtins mon Bachelor of Science en gestion économique spécialisée dans l’environnement et les ressources naturelles, en 2004, et par la suite un Master of Business Administration en gestion internationale, en 2008.

En temps que jeune femme professionnelle, ma famille et surtout ma mère restent mon « modèle », ma mère est une féministe passionnée qui continue, à 65 ans, de vendre du rêve sur la beauté des îles à travers son agence de voyage, Polynésie Voyages. C’est à elles que je dois mon côté ambitieux, et ma force de conviction de ne jamais baisser les bras.

Durant ma quête d’identité professionnelle, j’ai travaillé dans divers secteurs de l’E-Commerce, du bien-être, des cleantech, de la politique, de l’humanitaire, et dernièrement du vin et du luxe. À travers ces expériences, j’ai su gravir les échelons et forger des compétences en marketing, communication et développement commercial.

À 30 ans, je me suis mise à vendre mes tableaux et à donner des cours de yoga. J’ai lancé des packages de vacances yoga en Polynésie, Polynésie Yoga. Un an après, j’ai racheté avec des associés italiens et américains un domaine en Californie du Nord, Putah Creek Winery, et lancé 2 marques de vin, Gauguine et Barrel Racer. C’est une expérience riche en émotion de se lancer dans sa propre entreprise. Je recommande à tous de le faire au moins une fois dans leur vie. C’est lorsqu’on sort de sa zone de confort que notre personne évolue dans toutes ses dimensions.

Aujourd’hui, je finalise un livre de contes pour enfants en me rappelant de mon enfance polynésienne, tout en recherchant un nouvel emploi de direction en marketing et développement commercial. Au mois d’août, j’ai déjà eu une dizaine d’entretiens dans le domaine du vin et du luxe. Le dernier fut pour une maison de Champagne, à Reims.

Actuellement en Europe, je retrouve ma famille savoyarde et des anciennes rencontres où l’amitié s’est figée à travers le temps. Je garde confiance dans le fait que la grâce de l’univers saura m’orienter vers de belles aventures. Dans les périodes de mystère, la patience et le « lâcher prise » restent une pratique quotidienne, essentielle à mon bien-être.

.

.

Propos recueillis par Dominique Lancastre

Secrétaire de rédaction Colette Fournier

Pluton-Magazine/2018

Remerciements au French Consulate in San Francisco

https://www.barrelracerwines.com/home

http://www.gauguine.com/wine

http://www.putahcreekwinery.com/home

Laisser un commentaire

*