Comme chaque année, s’est déroulée début juillet 2016, la célèbre Japan Expo au Parc des Expositions Paris-Nord Villepinte.
Pluton-Magazine vous raconte l’ambiance électrique de la 17ème édition du plus grand festival européen dédié à la culture et aux loisirs japonais.
La plongée est abyssale, vertigineuse. Dès lors que vous foulez le sol de la Japan Expo, vous avez un pied au royaume de l’exubérance japonaise. Une foule très dense constituée de curieux, de geeks pubères, de Kawai addicts (NDLR : Culte du mignon japonais) de tous âges, de fans de mangas de tous bords, de Cosplayers célèbres et anonymes ou encore d’irréductibles gamers, tous vadrouillent tels de vaillants petits insectes aptères dans la fourmilière des 125 000 M2 de l ‘exposition. Stars de la musique nippone ou de l’illustration, il y en a pour tous les goûts. La découverte de la culture japonaise plus traditionnelle est aussi présente. Calligraphie, arts divers, société, gastronomie, il y a tout ce que vous voulez aux champs…japonais…
Au détour d’une allée chargée, je rencontre un jeune couple atypique. Shina, travaille sur un stand du salon. Dio fait des études en langues et cultures orientales. La culture japonaise, c’est lui.
« Comme beaucoup, c’est enfant que j’y suis venu par le biais des mangas animés. Puis j’ai poursuivi cet intérêt par les livres de mangas traditionnels»
Le Manga est le dénominateur commun de la majorité des visiteurs présents ici et de leur intérêt pour la culture japonaise.
Dio, qui connaît déjà le Japon, est venu à l’exposition principalement pour cet art désormais bien connu mais aussi pour les cosplayeurs et l’esprit de fête et de communion qui règnent entre tous les participants.
Le royaume du cosplay
Les Cosplayers font irrémédiablement partis des stars du salon. Cette année encore, se déroule à la Japan Expo, le plus grand concours d’Europe : l’European Cosplay Gathering. Il offre la possibilité aux meilleurs de se produire sur la plus grande scène du festival.
Pour les juger, les stars de la discipline seront présentes telles que Yuegen Fay qui s’est fait connaître dans le monde aux World Cosplay Summit. Il est suivi par plus de 100 000 fans sur le site Weibo. Lupin, célèbre cosplayeuse danoise ainsi que Volpin Props et Taeyeon Minemes font également partie du jury.
Hors compétition, vous pourrez rencontrer une avalanche de cosplayers anonymes déambulant dans les allées. En groupe, comme l’impressionnante team Sandwich, en solo, en famille ou en couple, les participants s’en donnent à cœur joie dans un esprit plutôt bon enfant, respectueux du « travail » d’autrui.
Ici, personne ne nous juge…
Rencontres…
Perrine qui vient de Lille, participe depuis 7 ans à la Japan Expo afin de pouvoir exprimer son besoin de liberté au travers de la transformation. Pouvoir s’extirper de son quotidien et prétendre, l’espace d’un moment, vivre dans un monde imaginaire et fantastique, loin des fades turpitudes existentielles.
Vico et Naya, vivent près de Marseille. Ici, ils peuvent s’inventer leurs propres règles et ainsi pouvoir faire un bond dans le temporalité. Une façon de sauter dans la jeunesse et de faire reculer le temps. Car, caché sous la perfection du maquillage, il est un compagnon parfois encombrant qui lui, jamais ne vous quitte…
Ce dimanche là dans leur monde, Naya avait 17 ans et Vico 32 ans…
Un grand nombre de jeunes filles ont fait le choix de la communauté de la mode japonaise. Morgane, 18 ans et Estelle 17 ans, sont très remarquées dans le salon. Beaucoup viennent leur demander des autographes et des photos. Elles posent pour leurs fans d’un moment comme la coutume le veut ici : on peut demander à n’importe qui arborant un signe de ralliement à la planète « japan » de le prendre en photo.
Mais à quel point la sensualité est-elle assumée chez les adeptes de la culture nipponne ? Que viennent-t-ils chercher ? Ont-ils réellement conscience de la sexualité latente de leurs jeux de rôle ? Car certains costumes de participants cachent à peine les parties les plus intimes de leurs hôtes. L’exhibitionnisme fait clairement partie du processus… Et c’est aussi cela qui fait le succès de cette culture urbaine et de la Japan Expo. Beaucoup sont venus chercher à rompre une certaine solitude. L’événement sert aussi -surtout- à rencontrer ses semblables.
Il n’y a qu’a voir le nombre de jeunes gens qui déambulent dans les allées en brandissant, pour les plus hardis, ou en accrochant à leur cou pour les plus timides (une majorité), une pancarte Free Hugs. Si vous ne connaissez pas la discipline célèbre dans le monde, il s’agit pour la personne d’offrir à qui veut, un geste de paix et de rapprochement lors d’une simple embrassade. En réalité, pour la plupart des adeptes du Free Hug présents à l’exhibition, c’est un autre moyen extrêmement simple et rapide pour se rapprocher les uns des autres. Souvent empreints de timidité, beaucoup trouvent dans cette expression directe, hautement tactile, le courage qui leur manquerait sans le concours de ce bouclier fragile mais néanmoins protecteur que représente l’étendard de carton.
Japan Business
Pour les professionnels qui participent et font la renommée de cet immense marché qu’est la Japan Expo, la participation est éminemment stratégique. Au delà du rayonnement de la culture japonaise, il y a bien évidemment le rapport mercantile. Comme pour tous salons, les professionnels sont là avant tout pour vendre leurs produits. Les chaînes de télévision du pays tels que NHK et autres médias comme Bandai, Nintendo et Sony, dépêchent leurs meilleurs ambassadeurs afin de remporter la bataille du leadership en tant que diffuseurs de produits culturels.
La chaîne de télévision NHK produit différents shows autour de sa mascotte Domo-(Kun).
Elle organise ici de petits shows encadrés par de minis starlettes japonaises et européennes qui font la promotion de la chaîne en compagnie de Domo.
En effet, si le marché français du manga est le 2° marché du monde après le Japon, et sachant que 90% des amateurs de la culture nipponne l’ont découvert à travers le vortex manga, cela laisse espérer de nouvelles conquêtes de marchés très lucratifs pour ces géants de l’entertaiment. Flux audiovisuels, musiques, boys et girls bands, merchandising, mode, les grandes marques ont encore une multitude de nouveaux produits très addictifs à vendre au reste du monde…
Même les plus petits trouvent à la Japan Expo un moyen de pouvoir se faire connaître du plus grand nombre. C’est le cas d’une jeune entrepreneuse
de 26 ans, Sofia Larbi, chargée de communication événementielle et qui à récemment créé sa marque d’objets et de bijoux en papier japonais nommée : Japarisienne.
Sa jeune marque, avec tout juste 2 ans d’existence, est uniquement disponible en ligne. Sofia Larbi en témoigne:
« Avoir un stand à la Japan Expo est une très bonne opération pour moi. Avec près de 250 000 visiteurs, c’est une publicité sans égal pour «Japarisienne ». Je ne vous cache pas que d’avoir un stand ici est un peu onéreux pour une jeune entreprise comme la mienne mais les retombées économiques sont très satisfaisantes et au final, le bilan est 100% positif. Car les innombrables compliments sur mes créations artisanales faites main (Sofia réalise l’ensemble toute seule) sont un moteur de courage sans équivalent pour faire perdurer l’aventure. »
Avec tout cela, vous risquez de ressortir de la convention un peu moins lesté par votre porte-monnaie (les prix sont assez hauts dans la plupart des stands) mais avec des étoiles rouges plein les yeux. Et si vous n’avez pas encore eu la possibilité d’aller faire un petit tour dans ce sublime pays, pas de panique ! La Japan Expo revient l’année prochaine pour vous faire goûter, une nouvelle fois, un petit bout de cet incroyable archipel!
Angelo Corda
Pluton magazine remercie Japan Expo pour sa bienveillante coopération! https://www.facebook.com/japanexpo/