Mileva Einstein, une pièce de théâtre originale et terriblement intrigante, prochainement à l’affiche du nouveau Théâtre La Reine Blanche à Paris.
Nous sommes en 1912, à Zurich. Albert et Mileva Einstein affrontent un ennemi puissant : le Vatican.
Déterminé dans sa quête pour réduire au silence le plus grand esprit du 20e siècle, un redoutable espion, dépêché par le Saint-Siège, s’introduit dans leur foyer afin de torpiller la publication de la théorie de la relativité générale.
Quelle est l’origine de E = mc2, l’équation qui a changé à jamais le futur de l’humanité ?
Comme ses contemporaines, Mileva est dominée par les hommes. Mais, en se jouant de sa condition de femme, que tous prennent pour une faiblesse, elle déjoue les pièges les plus vertigineux qu’on lui tend.
Dans cette pièce articulée comme un thriller, on découvre également le monde de l’espionnage du début du 20e siècle… Science, sexe, violence et manipulation, voici Mileva Einstein !
Rencontre avec Angelo Corda, l’auteur et metteur en scène de la pièce :
Pluton Magazine : Comment avez-vous choisi ce sujet si particulier ?
Angelo Corda :« Mileva Einstein » est d’abord parti d’un désir de monter une pièce ayant pour sujet l’astrophysique et la cosmologie dont je peux avouer être grand amateur. Logiquement, je me suis intéressé à l’une des plus grandes figures de ce domaine, le père de la physique moderne, le grand Albert Einstein. Je connaissais le scientifique, mais je savais peu de choses de sa vie personnelle. J’ai ainsi découvert pleinement l’existence de sa première femme, Mileva Einstein. Comme la grande majorité des gens, je ne savais pas grand chose d’elle, qui était restée cachée dans l’ombre abyssale de son mari et de cette époque patriarcale qui avait du mal à faire la part belle aux femmes. Mileva était pourtant une femme importante. Une scientifique de haute volée qui aidait et participait aux travaux de son illustre époux.
Sauf que l’histoire l’a mise de côté. Mais quel avait été son rôle dans la vie et les découvertes d’Albert Einstein ? Et si nous n’étions au courant que d’une partie tronquée de l’origine de la théorie de la relativité générale qui a changé à jamais le futur de la physique ?
P.M :Vous avez donc mis en lumière une femme. Pourquoi ce choix ?
A.C:Car j’ai pris un plaisir énorme à me glisser dans la peau de Mileva, en essayant de comprendre et d’imaginer quel pouvait être un pur acte de féminisme en 1912. Ce petit bout de femme au caractère bien trempé était dominée par les hommes. J’ai alors essayé d’imaginer la rébellion de cette jeune fille très intelligente. Comment, en très peu de temps, la femme, la mère et la maîtresse naïve qu’elle était, avait réussi à briser de si lourds carcans imposés par le patriarcat.Cela a passionné l’auteur et l’homme que je suis.
P.M :Comment le Vatican a-t-il été impliqué ?
A.C : Il y a quelques temps de cela, je me suis intéressé à un fait divers historique révélé dans un article de la presse italienne, heureusement non censuré par son principal intéressé : le Vatican.
État à part entière, centre d’un pouvoir colossal et qui possède un service d’espionnage actif, l’État papal s’est beaucoup intéressé aux travaux d’Albert Einstein. L’homme était craint par beaucoup de nations, et divers gouvernements se sont livrés à de sombres batailles pour tenir sous surveillance celui qui semblait pour eux être une menace potentielle.
Toutes ces zones d’ombre autour de cette institution, censée être dénuée de tout vice et de toute corruption, trouvaient là une correspondance évidente avec l’actualité du Vatican de ces dernières années. Les nombreuses affaires de pédophilie, de luttes de pouvoir internes, de fortes collusions avec la politique ainsi qu’avec la Mafia, ont toujours donné à ses détracteurs de quoi remonter au front. De tout temps, ces hautes instances se sont environnées de ténèbres. Ce sont aussi elles qui ont nourri mon envie d’écriture.
Et puis, il faut bien dire que dès le début, les relations entre le grand homme de science et le Saint Siège ne furent jamais des plus heureuses. Apolitique, athée et plus tard apatride, il refusa de se faire récupérer par qui que ce soit, se fabriquant ainsi des ennemis dans les hautes sphères politiques. Il s’en moquait car il semble que personne n’ait réussit à avoir d’emprise sur lui. Cette part de sa personnalité m’a également beaucoup inspiré pour fabriquer de la dramaturgie avec ce personnage unique en son genre.
P.M : Parlez-nous de la mise en scène…
A.C : La pièce Mileva Einstein est une tragi-comédie articulée comme un thriller. Elle adopte les codes des récits d’action et d’espionnage avec de nombreux retournements de situation qui amènent un rythme soutenu à la pièce. C’est pour cela que la mise en scène « proche du réel », aura comme des saveurs de cinématographie…
Ambiguïté, ambivalence sont ici les maîtres mots. La manipulation est au cœur de l’enjeu.