Jean-paul Quiko, artisan et fondateur de l’association Gwajéka

 

 

Du 4 au 15 mai prochain, la Guadeloupe exporte ses traditions à Abidjan (Côte d’Ivoire), en marge du prochain congrès international de cardiologie. Jean-paul Quiko, artisan et fondateur de l’association Gwajéka, y présentera son concept de “jwétérapi”, issu de sa grande expérience des jeux traditionnels du terroir de Guadeloupe, au service de la santé.

Depuis quelques années, il donne rendez-vous à un public très vaste, au moins une fois l’an, dans le cadre d’un festival de jeux traditionnels qui se révèle une occasion formidable de rapprocher les générations : le Fèttijé. Sa mission :

– expliquer et démontrer comment le jeu traditionnel adapté, vecteur de liant social, est à même d’intervenir positivement dans le processus de guérison ou d’entretien de la santé physique et mentale.

 

Son approche est d’autant plus pertinente que les observations statistiques indiquent que le vieillissement des populations, encouragé par les comportements défavorables (tabagisme, alcoolisme, alimentation inadaptée), devrait entraîner une augmentation critique des maladies cardio-vasculaires d’ici 2030, en Côte d’Ivoire.

 

Rencontré lors d’une présentation publique de ses jeux, jouets et ouvrages, Jean-Paul Quiko a accordé une entrevue à Pluton Magazine. Au micro de Carole COCO-VILOIN, Il explique sa présence à Abidjan et les nouveautés du festival pour 2017.

Au-delà de sa connaissance des jouets dits traditionnels, Jean-Paul Quiko excelle dans l’art de conter et expliquer les jeux d’antan. Ces jeux parfois réservés aux adultes, dont le but profond était de régler les discordes, sans aller à l’affrontement corporel totalement interdit par l’autorité.

 

 

Pour bien comprendre, il faut se situer à l’époque esclavagiste et post-esclavagiste. Après les corvées ou la fin du travail, pour les adultes, en temps d’oisiveté pour les plus jeunes, nécessité faisant, des jouets minimalistes ont vu le jour, constitués de matériaux simples, et le plus souvent de récupération. Accompagnées de chanson, la plupart du temps, ces activités permettaient à tous les présents de participer, soit en chantant, soit en tapant des mains, soit encore en jouant d’un instrument, lorsqu’on n’était pas compétiteur.

Dans le cas du zizipan (jeu pour adultes), le rythme est battu par un tanbouyé, lors des veillées, tard le soir. Deux vaillants s’affrontent, dans une chorégraphie très dangereuse : l’un tient un sabre, qu’il abat vers le sol au rythme de la percussion, tandis que l’autre joueur pose sa main au sol, le balayant de gauche à droite, toujours en rythme, en évitant que le sabre ne vienne s’abattre dessus.

À tout moment, la musique peut accélérer ou ralentir.

Aussi, les 2 joueurs doivent restés doublement concentrés.

(archives de Vwala)

 

Heureusement, dans un registre plus convivial, on peut citer le jeu PILE KAKO, accessible aux femmes et aux enfants. Inspiré de certains  gestes liés à la transformation du cacao, ce jeu se joue assis en cercle et consiste à faire passer de main en main un objet, en respectant la cadence.

Là encore, un chant fédère participants et public.

Et si, par mégarde ou manque d’adresse, un joueur est surpris avec deux objets au lieu d’un, le juge –  qui fait le tour de la ronde, aux aguets – lui assène un petit coup de fouet.

À l’issue de son DEA (Diplôme Etudes Approfondies), Jean-Paul Quiko réalise combien les jeux entre enfants et parents font défaut, alors que notre patrimoine regorge de ces trésors très diversifiés. Chantés, dansés, jeux de déplacement, de sauts, leur panoplie est riche. Anciennement pratique quotidienne, ils deviennent des éléments du patrimoine que Gwajéka a choisi de populariser de nouveau  auprès du public le plus large possible, enfants comme adultes, en santé comme porteurs de maladie ou de handicap, résidents comme visiteurs.

Le sujet est si vaste et enrichissant qu’il méritait bien un ouvrage.

“LES JEUX TRADITIONNELS, UN ENJEU GLOBAL POUR LA GUADELOUPE” témoigne de cet état d’esprit, d’où sa parution dans la catégorie “ouvrage collectif”, puisque fruit des travaux et observations de contributeurs multiples, en Guadeloupe et dans la Caraïbe. (Disponible à la vente).

Avec cette invitation à Abidjan, c’est un pan des traditions des Antilles Françaises, et singulièrement de la Guadeloupe, qui prendra l’avion avec Jean-Paul Quiko.

 

 

 

 

 Jean-Paul QUIKO

Titulaire d’un DEA (Diplôme Etudes Approfondies)en 2004 sur « Les jeux et jouets traditionnels en Guadeloupe : Pratiques et Patrimonialisations » Président-Fondateur de l’association loi 1901 Gwajéka en 2005.

Entrepreneur dans le secteur de l’artisanat. Formateur intervenant à l’IUFM en LCR (langue et culture régionale). Référent intervenant dans les écoles de la Fédération Caribéenne des jeux et jouets traditionnels.

 

 

Carole Coco-viloin

©Pluton-Magazine/2017

 

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