Lundi 13 novembre se tenait à Sciences Po-Nations Unies une conférence dans le cadre de Politiqu’elles, une association loi 1901 créée en septembre 2013 par Fatima EL OUASDI, qui œuvre à la promotion des femmes dans la société et lutte contre le sexisme. L’association est présente notamment à Paris, Nancy, Reims, Dijon et Lille.
Trois invitées de marque étaient conviées à débattre sur le rôle des femmes dans la diplomatie pendant une heure et demie. Qu’est-ce que cela fait d’être une femme et une diplomate ? Quels sacrifices et quels parcours pour accéder à ces postes à responsabilité, souvent réservés à la gent masculine ?
Des questions auxquelles ont été amenées à répondre :
– Christine Robichon, ancienne ambassadrice française au Soudan, au Sri Lanka, aux Maldives et au Cameroun.
– Hélène Duchêne, représentante de la France à l’OTAN.
– Miren Bengoa : présidente fondatrice du comité national ONU Femmes France, elle a notamment poursuivi une carrière au sein de l’UNICEF.
Après une courte présentation des intervenantes devant un amphithéâtre relativement rempli, surtout par des étudiants très attentifs et n’hésitant pas à prendre des notes, madame Duchêne ouvrit la conférence. Représentante permanente de la France au Conseil de l’Atlantique nord (OTAN) depuis septembre 2016, elle est également la présidente de l’association « Femmes et diplomatie » depuis 2 ans.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, comme le fait remarquer madame Duchêne : sur 197 ambassadeurs en poste, il n’y a que 49 femmes ambassadrices. Le Quai d’Orsay reste un ministère très masculin et même si on asssite à un changement et à une augmentation du rôle des femmes dans ce métier, ce ne fut pas toujours le cas. Il a fallu mettre en place des quotas, ce qui peut paraître incongru, mais ce procédé a joué son rôle et a effectivement permis aux femmes d’accéder à ces postes.
Dès son enfance, madame Robichon a été en contact avec l’étranger puisqu’elle a fréquenté un collège au Maroc et a baigné dans un univers arabe. C’est sans doute du fait de cette immersion que sa vocation diplomatique est venue encore une fois tout naturellement. C’est à la fois une vocation, un engagement et une façon de voir le monde. Elle avait deux choix, soit d’entrer à l’ENA ou de passer le concours d’Orient. Elle opta pour ce dernier, bien qu’elle ne maîtrisât pas suffisamment la langue malgré son séjour en pays arabe. Elle s’inscrivit donc aux cours de langues « o » pour y remédier. Lors de la conférence, elle insista surtout sur le regard, la conception de la hiérarchie sur le rôle des femmes. À l’époque, la diplomatie est réservée aux hommes et en tant que femme, blonde et arabisante, elle se heurte plus à un sexisme et une conception toute faite du métier. Elle a toujours été volontaire pour des postes dans les pays arabes et les pays du Sud, ce qui entraîna la consternation du Quai d’Orsay. Et même après avoir été affectée, elle eut toujours l’impression qu’elle devait faire ses preuves en tant que femme. Envoyer une femme blonde chez les noirs ! L’idée était qu’il fallait éviter d’exposer des femmes à l’insécurité et aux dangers. Mais madame Robichon fait remarquer que s’il y a égalité, il y a égalité face au risque. À noter que sur les personnalités de sa promotion, 4 femmes et 4 hommes, 1 homme est décédé, 1 est devenu ambassadeur et 2 autres ont lâché le métier. Tandis que les 4 femmes sont toutes devenues ambassadrices, dont une est partie à la retraite et 3 sont encore en poste. La France a été pionnière pour nommer des femmes en pays arabes et dans les pays du Sud, et a ouvert la route aux Espagnols et aux Anglais.
Il n’est pas facile de rentrer aux Nations Unies, même pour un stage, car les candidats se trouvent en compétition directe avec le monde entier. Toutefois, elle a insisté sur deux points où les femmes interviennent particulièrement : la paix et la sécurité, et le climat. Il est vrai que, souvent, dans les processus de paix, les femmes jouent un rôle très important dans l’apaisement des conflits.
La conférence se termina par un échange entre les étudiants et les intervenantes. Une conférence très intéressante sur un métier peu connu, mais qui certainement a permis d’éclairer les futurs candidats ou futures candidates sur les difficultés de la diplomatie et de les faire réfléchir avant de faire ce choix, car la diplomatie, ce n’est pas qu’un métier, mais plusieurs métiers dans un seul.
Dominique LANCASTRE (CEO Pluton-Magazine)
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