Musique au Cœur du Médoc: « Le Carnaval des animaux » au Château Giscours

 

Musique au Cœur du Médoc deuxième concert de la saison 2017-2018 (MACM-30ans)

 

Pas moins de onze musiciens (des musiciens qui jouent dans divers orchestres de Bordeaux dont l’Orchestre National de Bordeaux et l’orchestre d’Harmonie de Bordeaux) pour ce concert un peu particulier, le deuxième de la saison dans le cadre des trente ans d’anniversaire de Musique Au cœur du Médoc (MACM), couvert entièrement par Pluton-Magazine. Un concert donné dans les dépendances du magnifique Château Giscours où un public très à l’écoute s’était précipité. La présentation était assurée par Jean-Michel Dhuez, le journaliste et animateur de Radio Classique. Au programme, Francis Poulenc (1899-1963) – L’invitation au château, Sonate,  Jules Massenet – Méditation de Thaïs (1842-1912), et Camille Saint-Saëns –Danse macabre/Le carnaval des animaux (1835-1921).

 

Jean Michel DHUEZ – Radio Classique: «Le plaisir du Classique », de 13h à 17h tous les jours de la semaine(https://www.radioclassique.fr/radio/animateurs/jean-michel-duez/)

 

Comme toujours, faisons une balade historique en ces lieux qui reçoivent à bras ouverts ces concerts fabuleux de MACM. Domaine viticole du Médoc de 300 hectares, situé en Gironde, à Labarde, le château Giscours est riche d’une histoire ancienne remontant au XIVe siècle. Un donjon défensif surplombait alors une campagne sauvage et inhospitalière. Les origines du domaine remonteraient au XIVe siècle, mais la reconnaissance du vignoble par acte de vente date de 1552. En 1552, Pierre de Lhomme, riche drapier bordelais, acheta la maison noble de « Guscoutsz », constitua autour un vaste domaine et planta les toutes premières vignes. À la Révolution française, le château est vendu comme bien national.

 

 

C’est en 1847 que Jean-Pierre Pestacotre, grand banquier parisien, modifie profondément le domaine en reconstituant le château actuel et les bâtiments agricoles. L’attribution de classement en « Grand cru », en 1855, assied la notoriété de Giscours. Au XIXe siècle,  sous l’impulsion des Promis, des Pescatore et autres Cruse, Giscours se pare de ses plus beaux atours : transformation du château en palais néo-classique, aménagement d’un parc aux essences rares par le paysagiste Eugène Bülher.

Nicolas Taris achète Giscours en 1952, modernise l’exploitation et lui donne de l’ampleur. Son fils lui succède en 1970.

Le droit d’exploitation du domaine est revendu en 1993-1994 à l’investisseur Eric Albada-Jelgersma, un homme d’affaites néerlandais.

Pour les fervents du vin, Giscours produit également un second vin rouge, nommé « La Sirène de Giscours », ainsi qu’un vin rosé, «  Rosé Giscours ».

 

Après une présentation du concert par Marie-Chritine POUEY, du MACM, un discours de Marc VERPAALEN, le directeur réceptif du château Giscours, qui remercia chaleureusement le public d’être présent en le rassurant sur l’acoustique de la dépendance du château, Jean-Michel Dhuez présenta la première partie et la deuxième partie du concert.

 

Marie- Christine POUEY ( MACM) -Marc VERPAALEN ( Directeur réceptif et communication événementielle de Château Giscours)

 

En première partie, le public discipliné a pu écouter :

L’invitation au Château, un titre bien approprié pour ouvrir ce concert, comme le fit remarquer Jean-Michel Dhuez. Rentrèrent en scène alors pour démarrer ce concert Jean-Paul Balsac (clarinette), Jean-Frédéric Tixier (violon), Anaïs Winocq (piano). Pièce de théâtre en cinq actes de Jean Anouilh créée dans une mise en scène d’André Barsacq, le 5 novembre 1947, au théâtre de l’Atelier à Paris, avec Michel Bouquet et Dany Robin sur une musique de  Francis Poulenc. Le public a pu apprécier tout l’entrain et la complicité des musiciens à porter ce concert.

 

 

Yann Brebbia (violon) et Julie Leroux (piano ) continuèrent avec Méditation de Thaïs . Thaïs  est un opéra en trois actes de Jules Massenet, livret de Louis Gallet, d’après le roman éponyme d’Anatole France. Il a été créé à l’Opéra de Paris, le 16 mars 1894. L’action se déroule à Alexandrie, au IVe siècle. Un moine cénobite, Athanaël, cherche à convertir au christianisme Thaïs, courtisane célèbre et prêtresse païenne vouée à la déesse Vénus. Il y réussit, mais Thaïs choisit alors de se retirer du monde et de vivre cloîtrée dans un couvent, avant d’y mourir. Athanaël découvre trop tard que son obsession pour Thaïs est teintée d’amour charnel, et alors que Thaïs meurt dans la joie de la rédemption, il renie sa foi en désespérant de son propre salut, à l’inverse de Thaïs. Le croisement entre ces deux parcours personnels est marqué, au milieu de l’opéra, par la très célèbre Méditation religieuse de l’ acte II, confiée au piano solo, aujourd’hui connue sous le nom de Méditation de Thaïs et souvent jouée en concert. Ce qui fut le cas ici pour le plus grand plaisir du public de MACM.

 

 

Marc Tolantin (flûte) et Mathieu Sternat (piano) succèdent à cette Méditation fort appréciée par le public, à en juger par les applaudissements. Marc Tolantin, qui fit son entrée en traversant la salle de concert, ne passa pas inaperçu pour La Sonate de Francis Poulenc, œuvre de musique de chambre de 1957, dédiée à la mémoire de Madame Sprague Coolidge, avec la collaboration du flûtiste Jean-Pierre Rampal. C’est une des œuvres les plus connues de Poulenc, et une pièce importée du répertoire de la flûte du XXe siècle. Elle a été composée entre décembre 1956 et mars 1957, à Cannes, et fut jouée pour la première fois au festival de Strasbourg, le 18 juin 1957, par Jean-Pierre Rampal et Francis Poulenc lui-même.

Anaïs Winocq revint sur scène avec Julie Leroux, deux pianos pour terminer cette première partie, en interprétant Danse macabre, Opus 40, de Camille Saint-Saëns, qui est un poème symphonique composé en 1874. La première audition, en 1875, surprit par l’emploi du xylophone, inutilisé à l’époque dans un orchestre symphonique. Franz Listz, ami du compositeur, en a effectué un arrangement pour piano seul, qui a été ensuite réarrangé par Vladimir Horowitz.

 

 

Un court entracte, le temps de mettre en place la scène succinctement décorée, et Le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns fut brièvement présenté par Jean-Michel Dhuez. Le but du compositeur, pour cette œuvre composée au début de 1886 pour un concert de mardi gras, était de faire rire, sans tomber dans la puérilité, ce qui lui fut reproché, car il était considéré comme un compositeur sérieux. De son vivant, Camille Saint-Saëns en interdit l’exécution publique, à l’exception de la pièce intitulée Le Cygne, qu’il autorisa. Il faudra attendre sa mort, en 1921, et l’exécution de l’œuvre dans son entier, en 1922. Cette composition s’inscrit dans une tradition française de pastiche musical, sous couvert d’une description animalière.

I Introduction et Marche royale du lion- II poules et coqs -III Hémiones (ou animaux véloces-IV tortues-V l’Éléphant-VI kangourous- VII Aquarium-VII Personnages à longues oreilles-IX le coucou au fond des bois-X Volière. XI Pianistes+ XII Fossiles-XII Le cygne XIV Final.

 

 

De nombreuses citations musicales parodiques se trouvent dans la partition (Rameau, Offenbach, Berlioz, Mendelssohn, Rossini) ainsi que des chansons enfantines comme J’ai du bon tabac, Ah ! vous dirai-je maman, Au clair de la lune,  mais également Saint-Saëns lui-même. Cette grande fantaisie zoologie n’est qu’une parenthèse dans l’œuvre du compositeur. Francis blanche a écrit de brefs textes pouvant être lus par un récitant lors de l’exécution, en introduction humoristique à chaque partie. Xavier Viton joua le rôle du récitant à ce concert qui connut un fort succès auprès du public. Des applaudissements et un bis de la partie le Cygne clôturèrent cette représentation au Château Giscours, et comme à l’accoutumée, une dégustation de vin et des petits fours furent servis à l’issue du concert, permettant ainsi de congratuler les musiciens mais aussi les organisateurs du MACM pour ce succès.

 

 

Reportage Dominique Lancastre (CEO-Pluton-Magazine)

Secrétaire de rédaction : Colette Fournier (Lyon)

Pluton-Magazine/2017

Crédit photos: Pluton-Magazine

Album photos Pluton-Magazine Facebook: 

 

Galerie photos concert du 19 novembre 2017

MACM le Carnaval des animaux à Château Giscours

Les musiciens :

Yann Brebbia et Jean-Fréderic Tixier (violons), Marie-Laure Prioleau (alto), Emmanuelle Faure (violoncelle), Matthieu Sternat (contrebasse)

Jean-Paul Balsac (clarinette), Marc Tolantin (flûte traversière), Anais Winoocq et Julie Leroux (pianos), Partricia Berthomieu (percussions)

Xavier Vilton (récitant)

 

Texte de Francis Blanche

 

Au jardin des plantes,
Ainsi nommé d’ailleurs
À cause des animaux
Qu’on y a rassemblés,
Au jardin des plantes,
Une étrange ardeur semble régner.
On décore. On festonne.
On visse. On cloue. On plante.
Le castor construit des tréteaux.
La grue porte des fardeaux.
Le python accroche des tableaux.
Car ce soir, au Jardin des plantes,
C’est la grand-fête éblouissante :
Le Carnaval des Animaux.
Tout est prêt. La Foule se masse.
L’orchestre, à pas de loup,
Discrètement se place.
L’éléphant prend sa trompe,
Le cerf son cor de chasse.
Et voici que soudain
Monte dans le silence
Pour le plaisir de nos cinq sens
La musique du Maître Saint-Saëns.

Soudain, Vive le Roi !
Et l’on voit,
La crinière en arrière,
Entrer le lion,
Très britannique…
La mine altière,
Vêtu de soieries
Aux tons chatoyants :
Soieries de Lyon, évidemment.
Il est fort élégant,
Mais très timide aussi.
À la moindre vétille, il rougit
Comme une jeune fille !
Peuple des animaux
É coute-le, tais-toi.
Laisse faire Saint-Saëns
La Musique est ton roi.

Gens de cour et gens de plumes
Voici les poules et les coqs!
Basse-cour et courtes plumes
Ils sont bien de notre époque.
Les uns crient cocorico très haut.
Les autres gloussent
Et caquètent, très bêtes.

Un hémione, c’est un cheval.
Des hémiones, ce sont des chevaux.
L’hémione est un bel animal.
Les hémiones de fiers animaux.
Il trotte comme un vrai cheval.
Ils galopent comme de vrais chevaux.
Il tombe sans se faire grand mal,
Se relève sans dire de gros mots.
Et si l’hémione est un cheval,
Si les hémiones sont des chevaux,
Il a, comme tous les animaux,
Ils ont, comme tous les animaux,
Leur place dans notre carnaval,
Comme dans tous les carnavaux!

Au carnaval, une fois l’an,
Les tortues dansent le cancan
Et sous leur monture d’écailles
Elles transpirent. Elles travaillent.
Elles se hâtent avec lenteur.
Mais… quand vous verrez,
Spectateurs,
Danser ce galop d’Offenbach
Au rythme de Sébastien Bach
Vous comprendrez qu’il ne faut
Point jouer avec son embonpoint
Et qu’il vaut mieux courir
Que de partir à point !

Les éléphants sont des enfants
Qui font tout ce qu’on leur défend.
Car pour l’éléphant les défenses,
Depuis le fin fond de l’enfance,
Ça se confond avec les dents.
Tous légers, malgré leurs dix tonnes.
Comme des collégiens de Cambridge ou d’Eton,
Les éléphants sont des enfants
Et qui se trompent énormément.

Athlètes universels
Comme en vain on en cherche,
Voici le Kangourou !
Redoutable boxeur,
Recordman du saut en longueur
Et champion du saut à la perche.
Oui, quand de l’Australie
Tu quitteras la brousse,
Nos sportifs, près de toi,
Deviendront des fantoches !
Kangourou, tu les mettras
Tous dans ta poche !

De la baleine à la sardine
Et du poisson rouge à l’anchois,
Dans le fond de l’eau,
Chacun dîne d’un plus petit que soi.
Oui, la coutume singulière
De cette lutte à mort
Dans les algues légères
Fait frémir en surface
Notre âme hospitalière.
Mais, au fond, c’est la vie
Quand on veut bien chercher
Et que celui qui n’a jamais pêché
Jette aux poissons la première pierre!

Las d’être une bête de somme
Dont on se moque à demi-mot
Au Carnaval des Animaux
L’âne s’est mis un bonnet d’homme!

Jouant à cache-cache
Avec on ne sait qui,
Le coucou, vieil apache,
Vient de voler un nid.
Usurpant une place,
Détruisant un bonheur,
C’est le coucou vorace
Dont les maris ont peur.
Et chacun soupire à part soi
Que le son du coucou
Est triste au fond des bois.

Étourneaux, martinets,
Merles et rossignols,
Serins et canaris,
Alouettes et arondes,
Volez ! Gentils oiseaux ! Chantez !
Personne au monde ne vous condamnera
Pour chantage ou pour vol !

Quel drôle d’animal !
On dirait un artiste.
Mais dans les récitals
On l’appelle pianiste.
Ce mammifère concertivore digitigrade
Vit le plus souvent au haut d’une estrade.
Il a des yeux de lynx
Et une queue de pie.
Il se nourrit de gammes
Et ce qui est bien pis
Dans les vieux salons
Il se reproduit mieux que les souris !
Près de son clavier, il vit en soliste.
Cependant, sa chair est peu appréciée.
Amateurs de gibiers
Chasseurs sachez chasser !
Ne tirez pas sur le pianiste !

Sortis spécialement de leur muséum
Messieurs les fossiles :
Les iguanodons, les mégathériums
Les ptérodactyles, ichtyosaures,
Nabuchodonosor!
Et autres trésors
Des temps révolus,
Sont venus simplement.
Pour prendre l’air,
L’ère quaternaire, bien entendu !
Et sous les candélabres
Ces corps qui se délabrent
Éparpillent leurs vertèbres
Dans tous les sens
Les fossiles ont tourné
Sur la danse macabre de Saint-Saëns!

Comme un point d’interrogation
Tout blanc sur le fond
De l’eau verte.
Le cygne, c’est la porte ouverte
À toutes les visions.

Et maintenant ça y est !
La fête se déchaîne
Les animaux oublient
Les grilles et les chaînes.
On danse, on fraternise.
Le loup avec l’agneau
Le renard avec le corbeau
Le tigre avec le chevreau
Et le pou avec l’araignée
Et le manche avec la cognée!
Comme c’est joyeux ! Comme c’est beau !
Le Carnaval des Animaux !

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