Julian Trevelyan se produit le 18 mars 2018 au château Branaire-Ducru dans le cadre des 30 ans de MACM (Musique au Cœur du Médoc). Il a bien voulu répondre à nos questions lors de son passage à Paris pour un autre concert.
En 2015, à l’âge de 16 ans, il remporte le concours Long Thibaud contre toute attente, comme il le dit lui-même. La première chose qui frappe pourtant quand on rencontre Julian, c’est sa maturité. Le jeune pianiste sait certainement ce qu’il veut, d’où il vient et où il va. Posé et faisant des efforts pour se concentrer sur son interview en français, il est britannique et s’en sort à merveille.
J’ai commencé le piano et d’autres instruments un peu tard, me dit-il, à l’âge de 7 ans.
Il se rappelle avoir commencé à y penser à l’âge de 4/5ans. Mais ses parents ont toujours pensé que commencer le piano à 5 ans n’était pas nécessaire et ils le laissèrent faire jusqu’à ce qu’il s’y intéresse de lui-même et débute son apprentissage à l’âge de 7 ans.
Il y a beaucoup de musiciens qui jouent techniquement parfaitement bien mais qui n’ont pas la sensibilité musicale, et absolument rien.ne transpire d’eux .C’est sans doute pour cette raison que ses parents ont laissé Julian se développer à son rythme et non selon une structure imposée ou un schéma traditionnel
Le chant l’accompagne dans son développement et développe son imagination. Mais Julian ne joue pas que du piano, il joue aussi du violon et de l’alto. Il pratique les 3 instruments car, quand on pratique plusieurs instruments, on sent les choses et on mélange. Néanmoins, il est plus attiré par la musique de chambre et aime accompagner les airs joués au piano avec des paroles. En Angleterre, il existe beaucoup de quatuors à corde ou de trios avec piano et il s’est exercé à ces formations.
La pratique
Je répète 4 h chaque jour mais je ne vais jamais au-delà. Si on travaille plus, cela devient mécanique.
Il fait beaucoup de pratique sans instrument. En neuroscience, il est prouvé d’ailleurs que, si on a tout dans la tête, on arrive au même résultat en pratiquant sans instrument.
Une journée typique.
Réveil à 8 h, 20 mn de course à pied, s’occupe à plusieurs choses, pas plus de 30mn d’activité : après 30 mn, c’est difficile de se concentrer…
Une heure de marche l’après-midi. Il adore la poésie, la philosophie et lit beaucoup. Il vient de terminer une licence de géologie avec comme sujet les volcans de Costa Rica.
Il dit s’être intéressé à la géologie car, enfant, il adorait les dinosaures comme tous les gamins.
J’aime apprendre tout le temps. Avec l’école à la maison, j’ai pu faire ce que je voulais sans contrainte de programme.
La musique
En concert, je regarde le public, je regarde le plafond, je regarde les musiciens et le chef. Je vis la musique.
Le Long Thibaud
Nous y voilà, à ce fameux concours. Pour nos lecteurs, le Long Thibaud est un concours prestigieux pour piano, violon et chant, organisé par la Fondation Long Thibaud Crespin. Lorsqu’il s’est présenté, en 2015, Julian n’espérait pas remporter ce concours qui se passe en plusieurs étapes. À chaque étape correspond une salle un peu plus grande et un plus grand niveau d’exigence.
Ce fut donc pour lui une grande surprise, car le concours Thibaud a cette particularité d’attribuer directement un deuxième prix tout court et n’avait pas accordé un premier prix depuis des années. Bien sûr, remporter un tel concours ouvre des portes et le nombre de concert augmente dès qu’on en est lauréat.
Concernant les compositeurs
J’ai une pensée radicale, ce n’est pas nécessaire de connaître la vie du compositeur pour bien jouer son œuvre. Cela peut être utile pour ses besoins personnels, mais n’est pas vraiment nécessaire.
Un compositeur préféré ?
Beethoven, j’ai beaucoup écouté, enfant, la sonate de Beethoven, l’enregistrement de Brenden. J’adore aussi les opéras. Mes trois compositeurs préférés sont Berg, Britten et Janacek.
Pour finir, un petit questionnaire
Une boisson préférée : jus d’ananas.
Nourriture : je mange beaucoup, j’aime tout.
Les personnes : j’adore rencontrer des gens qui partagent des points de vue différents. À Paris, je parle souvent aux gens dans le bus et j’échange avec eux.
Un rêve : je veux me consacrer à la musique toute ma vie, que ce soit en grande ou en petite salle. Le compositeur n’a pas de voix, je deviens en quelque sorte sa voix.
Dominique Lancastre
Secrétariat rédaction Colette Fournier
©Pluton-Magazine
Liens: Juliantrevelyanpiano.info