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Traduit dans plusieurs langues dont le japonais « Agir et penser comme un chat » sort aux Etats-Unis ce mois-ci. Pluton-Magazine a posé 5 questions à Stéphane Garnier.
1/À la lecture de votre ouvrage, la première chose qu’on a envie de vous demander c’est combien de temps il vous a fallu pour observer votre chat sur toutes ses coutures.
Ce n’est pas d’un seul chat, mais de plusieurs chats dont je me suis inspiré pour rédiger cet ouvrage en réalité. Ziggy a été le chat déclencheur, et je me suis mis à l’observer plus spécifiquement pendant des semaines, dès l’instant où j’ai senti que j’avais mis le doigt sur quelque chose d’important, quelque chose que tous les autres chats ne cessaient de me ronronner depuis bien longtemps.
J’ai toujours vécu avec des chats, depuis mon enfance, il y eut Sami, Papouf, Vanille, Whisky (mon premier vrai chat personnel !), et puis Shan et Ziggy, frères et sœurs que j’ai adoptés tout bébés. Shan est malheureusement décédée à cause d’une voiture à la fleur de l’âge, et Ziggy m’accompagne toujours pour faire le tour de France, de maison en appartement, jusqu’à vivre aujourd’hui avec moi à Lyon, sur un bateau.
Ayant eu plus jeune également un chien, Kouros, j’ai toujours eu une plus grande attirance pour les chats, avec qui la compréhension était immédiate. Indépendance comme besoin de contact se faisaient naturellement avec les chats, et surtout au même moment. Une complicité développée à l’extrême avec Ziggy, avec qui je vis depuis 14 ans.
On peut être attaché, attachant, tout en préservant sa liberté, son indépendance et ses envies, tout en cultivant ses besoins naturels, son art de vivre respectif. C’est avec les chats que je me suis retrouvé en adéquation sur ce mode de fonctionnement.
2/ Je sais que vous l’expliquez en début d’ouvrage, mais pour nos amis anglophones. Pourquoi avoir écrit cet ouvrage et dans quel but ?
Je n’ai pas compris moi-même pourquoi j’avais mis si longtemps à penser à écrire cet ouvrage, tout était là, devant moi, je profitais de l’expérience et de la compagnie de Ziggy, sans pour autant penser un jour à la partager avec d’autres. Dès l’instant où j’en ai eu l’idée, tout est allé vite, peut-être n’avais-je pas fini de mûrir ces enseignements auparavant, peut-être d’ailleurs n’ai-je pas encore fini, mais suffisamment aujourd’hui pour vous amener ce premier volume d’observation et d’expérience des qualités et facultés du chat, adaptables à l’homme.
3/ Croyez-vous sincèrement que dans la société à toute vitesse dans laquelle nous vivons, nous serions capable d’appliquer tous les conseils prodigués dans cet ouvrage?
Il est vrai que nous sommes tous pris dans le tourbillon de nos vies. Rapides, il nous faut aller vite, toujours plus vite ! Nous avons tout à apprendre du chat en ce domaine pour apprendre à ralentir notre rythme, réapprendre à prendre le temps de vivre.
Il s’agit là, par exemple, de prendre le temps de se lever, de bâiller et de s’étirer longuement comme lui, ce qu’on appelle la « pandiculation ». Ce mouvement tranquille, simple, permet de libérer des hormones de bien-être dans le cerveau et ainsi de se lever détendu et de bonne humeur. Ce qui est bien plus sain que de sauter de son lit en courant, en avalant un café debout dans la cuisine, avant de courir sous la douche parce qu’on va être en retard ! Que de stress ! Que d’angoisse ! Mieux vaut se lever un peu plus tôt et prendre le temps de chaque geste, et faire comme lui, paisiblement, sa toilette.
Mais prendre le temps de vivre, de manière plus générale, c’est prendre le temps de faire chaque chose au moment où on les fait, sans penser à autre chose, prendre même du plaisir à ce que l’on fait, car on est alors en pleine conscience de l’instant présent, de ce que l’on est en train de faire.
À quoi sert, par exemple, de déjeuner avec des amis pour échanger et passer un bon moment, si on passe tout le repas à répondre à ses mails et ses sms ou à naviguer sur les réseaux sociaux ? C’est ce que j’observe chaque jour.
On ne peut compresser le temps à l’infini sans finir par tout zapper, ne profiter de rien, ne se rendre compte de rien, en allant jusqu’à même ne plus vivre dans le présent, à tel point nous faisons toujours autre chose en même temps, en étant sans cesse en projection sur demain.
Il faut donner du temps au temps, il faut se réapproprier l’instant présent comme une petite richesse, prendre le temps et du plaisir à préparer un bon repas le soir, prendre le temps de se faire couler un bain. Prendre du temps pour prendre soin de soi, savoir être à l’écoute de ce qui peut nous rendre heureux. Prendre le temps de vivre, c’est découvrir un art de vivre, apaisé de beaucoup de stress et de tensions du quotidien.
4/ À la lecture de nombreux articles sur la sortie du livre, on peut dire que c’est un franc succès. En êtes-vous surpris et quel retour en avez-vous?
Lors de sa sortie, j’ai été très surpris par l’engouement immédiat que le livre a connu en France, mais aussi rapidement dans les pays limitrophes francophones, comme la Belgique, la Suisse…
Nous avons compris dans un premier temps avec l’éditeur que l’engouement pour ce livre était lié au fait qu’il se trouvait à la croisée de deux thématiques très en vogue : les chats et le développement personnel.
Mais en réalité, suite aux premiers retours et traductions, le succès de ce livre ne s’arrêtait pas à ce simple constat. À ma plus grande surprise, je me suis rendu compte que beaucoup de personnes, de journalistes, ayant des centres d’intérêt bien différents, trouvaient quelque chose qui les concernait dans cet ouvrage. Ainsi, de la comportementaliste des chats au coach d’entreprise désirant en faire une méthode de coaching des salariés en entreprise, en passant par les amoureux des chats, les vétérinaires, les fans de yoga et d’autres méthodes de relaxation, de jour en jour, je voyais le cercle d’influence de ce livre s’étendre.
Mais ce n’était pas fini, et chaque jour révèle une nouvelle surprise dans les premières traductions qui commencent à sortir. Ainsi, parmi les 23 langues dans lesquelles il est prévu d’être traduit pour l’instant, j’ai eu la chance de rencontrer et de partager avec la traductrice japonaise. Et, pour ma plus grande surprise, le sens global du livre, vis-à-vis de sa culture, a été de mettre l’accent sur « le chat sait dire non ». Pour elle – et les personnes à qui elle avait fait lire le début de sa traduction partagent cette idée –, elle était sincèrement convaincue que ce livre avait été écrit pour les femmes japonaises désireuses de s’affranchir du joug et du patriarcat de leur société. Pour elle, dans ce livre, le chat correspond au Français : libre, et les humains aux Japonais, et notamment aux Japonaises. Elle était d’ailleurs persuadée que j’étais une femme écrivain avant de voir ma photo ! Un angle d‘approche différent et une perception étonnante du livre !
Cette semaine, l’histoire qui m’a le plus touché est celle de la jeune iranienne qui m’a écrit suite à la lecture du livre. Elle est traductrice en France, et elle a une peur phobique des chats, à tel point qu’elle est incapable d’en regarder un, même sur une couverture de magazine ! Comme elle me le disait, il lui était même arrivé de ne pas sortir de son appartement pendant plusieurs jours, quand le chat de son voisin se promenait dans le couloir. Une phobie incontrôlable pour elle, qui l’empêchait de vivre. Elle est tombée par hasard sur mon livre chez un libraire, et, après avoir longuement hésité, elle est repartie avec. Suite à sa lecture, elle m’a renvoyé une photo d’elle dans un bar à chats, en train d’observer les chats, d’apprivoiser son angoisse. Elle avait réussi à les comprendre et à ne plus en avoir peur. Ce livre est-il magique, comme elle me le dit ? je ne sais pas, mais quelle joie d’avoir, même involontairement, pu apporter autant de soulagement ! Pour me remercier, elle veut absolument en faire la traduction en persan et la promotion en Iran… Le début d’une belle histoire !
5/ Avez-vous l’intention d ‘écrire un nouvel ouvrage sur le chat ou vous considérez avoir fait le tour?
Dans les semaines qui suivirent sa parution, j’ai eu quelques regrets en me disant : « Ah! C’est dommage ! J’aurais pu parler de ça ! »
J’ai d’autres projets en cours autour des chats, peut-être pas seulement sous l’angle du développement personnel, mais leur univers est si riche, qu’il y a encore beaucoup à faire et beaucoup à dire !
Dominique LANCASTRE
Secrétaire de rédaction: Colette FOURNIER
Pluton-Magazine/2018
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