Âgé de 45ans, Michel est martiniquais, originaire précisément du quartier de la Dillon « Lieu dit difficile de par la violence et la drogue qui y règnent ». Rien ne présageait l’avenir qui allait être le sien, mais surtout le caractère bien trempé qui allait se révéler. Malgré ce contexte peu évident, Michel fait alors preuve d’abnégation. Un départ en métropole suite à la validation d’un BTS, puis l’intégration et l’obtention de son diplôme de l’école de commerce à l’international. Un diplôme et une ouverture d’esprit qui le conduisent à démarrer son aventure professionnelle dans l’informatique durant 5 ans dans la Silicon Valley.
Las de tous ces déplacements internationaux. 2014 marque un tournant dans sa carrière professionnelle. Ses première aventures américaines lui reviennent à l’esprit avec le désir de retravailler dans un environnement de startup.
Atos fera découvrir à cet homme de challenge la réalité augmentée. Interpellé par cette nouvelle technologie, Michel voit en elle une opportunité de découvrir un nouvel environnement. Il intègre une société qui conçoit et propose de la réalité augmentée et y devient responsable commercial Europe durant un an et demi. Cet homme de défi, convaincu de la mine d’or que représente la réalité augmentée, décide alors de se lancer dans le grand bain. C’est dans ces circonstances qu’il crée sa société « MAREBIZ ».
Aujourd’hui, cette nouvelle aventure lui offre beaucoup plus de flexibilité, la possibilité de faire les projets qui lui font envie, de travailler avec les clients dont il a envie également.
Depuis maintenant 1 an, il propose un accélérateur de ventes qui permet aux commerciaux de terrains de pouvoir vendre les produits volumineux difficilement transposables, en se projetant virtuellement dans le monde réel de leurs clients pour permettre à ces derniers de se faire une idée du rendu du produit.
C’est le début d’une « sacrée expérience » : actuellement, la société emploie trois collaborateurs dont les objectifs sont bien précis : faire avancer l’entreprise et cibler de nouveau l’international. Homme très mesuré et ambitieux, Michel veut d’abord surmonter quelques challenges en France, trouver de nouveaux clients, ce qui facilitera cette ouverture à l’international.
Pluton Magazine : En quoi aujourd’hui ce que tu fais peut-il intéresser une société, quel type de secteur d’activité, quel type de groupe ? Que peux-tu apporter de plus qu’une autre société ? Quelle est la stratégie de ton entreprise ?
La solution proposée par la société est un accélérateur de terrain dédié aux commerciaux terrains devant vendre des produits tangibles difficilement transportables. Pour les premières cibles, l’outil privilégie les entreprises de grande consommation type Unilever, Colgate, les sociétés de boissons qui vendent des machines réfrigérées, des produits non transportables pour faire des démonstrations (comme les machines à café dans les gares). En général, ce sont des machines-outils volumineuses et lourdes impossibles à transporter avec soi afin de s’assurer que la volumétrie de la pièce correspondra à l’encombrement du produit.
L’objectif est de s’ouvrir sur d’autres secteurs, tels que : l’industrie lourde qui use de machines outils volumineuses, le domaine pharmaceutique pour les laboratoires, pour équiper un hôpital « laboratoire d’analyse » où le besoin de connaître la dimension et le rendu des équipements est impératif. Aménagement dans un hôpital pour l’installation d’appareils de radiographie, de scanners. L’objectif de notre outil est d’enlever tout ces doutes.
En termes d’industrie, il n’y a pas de restriction, les commerciaux s’attaquent à tout dès l’instant où le produit demandé rentre dans cette catégorie (vente de produits volumineux difficilement transportables).
Si je comprends ce que tu me dis, avec la réalité augmentée, tu es capable de visualiser une pièce avec les objets que tu veux ? Mais comment le fais-tu ?
Technologiquement, il est impératif que les produits soient modélisés en 3 D. Il y a plein de solutions existantes, la plupart des clients ont déjà ces modèles en 3D. Notre objectif est de développer une plateforme d’administration dédiée aux clients. Elle leur permettra d’y mettre leurs propres modèles qui seront synthétisés sur les tablettes et Smartphones des commerciaux sur le terrain, ce qui offre une autonomie complète. La plateforme de services leur donnera la liberté d’y réaliser ce qu’ils veulent, rajouter, enlever des modèles de façon automatique en toute synchronicité avec les commerciaux qui auront l’accès immédiat actualisé à ces informations.
En gros, tu peux toucher plein de secteurs d’actualité, mais il y a déjà beaucoup d’entreprises dans ce domaine, n’est-ce pas un risque ?
La réalité augmentée est présente dans plein de cas, notre différence est qu’on s’attaque à un vrai cas d’usage, la solution est là pour augmenter les ventes. Notre crédo, la réalité augmentée pour accélérer les ventes, permet de faciliter la décision, et s’utilise dans plein de domaines. Par exemple, montrer un moteur thermique installé dans un bateau, dans un avion, sur une moto, une voiture…
Comment t’est venue l’idée de lâcher une carrière confortable pour faire un saut dans le vide ?
Dans la vie on a des étapes, dans la carrière professionnelle on a plein d’idées, quand on démarre, c’est à cet instant qu’on fourmille d’idées et c’est le moment le plus propice pour se lancer en tant qu’entrepreneur, cependant on manque d’expérience. Quand on atteint la trentaine, on construit une famille, il y a les enfants, l’achat d’une maison. À la quarantaine, j’arrive à la moitié de ma vie, pour tout ce qui n’a pas été fait avant, c’est le bon moment, beaucoup de reconversion professionnelle se font là. C’est l’âge de la maturité professionnelle, on a encore l’énergie, la clairvoyance, le dynamisme.
Pourquoi avoir choisi cette technologie ?
Il y a 3ans, j’ai été interpellé par le rachat d’une société de réalité augmentée par Apple : s’il l’achetait, c’est qu’il y avait une bonne raison. J’ai commencé à pleinement explorer cette technologie, pendant un an et demi, je l’ai découverte sur le terrain. Excellent créneau, car Google et les grosses entreprises ont investi près d’un milliard dans ces technologies en 2017. Sans prétention aucune, s’ils réalisent ces opérations, c’est que c’est vraiment un bon créneau, s’ils investissent autant, on est sur un marché porteur. Notre cap est donc de poursuivre l’aventure, car nous sommes au début de cette technologie en étant présents, nous avons de vraies cartes à jouer.
Quelle est la projection de MAREBIZ dans les 5-10 ans à venir ?
C’est un marché qui va exploser, beaucoup d’entreprisse ont fait le virage digital. Ce marché est en vogue, beaucoup d’entreprises se lancent. L’objectif est comme de gagner un marathon : c’est ceux qui tiendront sur la longueur qui y arriveront. Le business, ça prend du temps, c’est dur : la force de l’entreprise, c’est sa résilience. Il va donc falloir faire preuve d’accompagnement, de proximité et de patience sur la conduite du changement pour montrer aux clients la valeur et la vraie utilité de cette solution. Aujourd’hui, je fais un parallèle, la réalité augmentée est au même stade que le téléphone portable quand il est apparu : qui aurait pensé à son développement et à son utilité il y a 20-25ans ? La réalité fera partie de notre quotidien.
Je suis orienté B TO B, aujourd’hui, on ne pourra pas faire sans, quelle que soit l’action qu’on fera et qui demandera de la réflexion, de l’imagination, la réponse sera apportée par la réalité augmentée. On vit dans un monde à trois dimensions, cependant tous nos éléments sont basés en deux dimensions : on fait travailler notre cerveau pour projeter cette image de 2D en 3D, ce qui demande un effort énorme. Étant habitué, on ne s’en rend pas compte, mais la solution apportée permet de réduire ces efforts. On peut voir le rendu de l’objet dans le monde réel : en transposant un objet réel, je vois l’encombrement qu’il aura dans la pièce.
J’ai deux interrogations sur le nom de ta société, « qui est MAREBIZ », si je ne me trompe :
Je me suis d’abord dit « est-ce une manière subtile de dire que la manière de faire du business aujourd’hui ne me convient pas », ou tout simplement Mare en hommage à la Martinique et Biz diminutif de bisous donc bisous Martiniquais ?
Du coup sur le 1er point : trouver le nom d’une société n’est pas facile, j’ai voulu trouver le nom en rapport avec ce que l’on fait : Mix and Augmented Réality for Business. Marre du business ou car avant on achetait des choses, c’est une fois arrivé à la maison qu’on constatait que le produit était trop volumineux.
De ce que je ressens au vu de notre échange, ta vision d’entrepreneur, c’est d’avoir une approche différente
Jeune entrepreneur, j’ai travaillé dans de grands groupes, donc j’ai vu comment faire du business quand on est gros. De ce fait, la crédibilité est déjà établie, ce qui n’est pas le cas pour nous, petite entreprise qui va devoir tout prouver.
Nous, on va jouer sur le fait que c’est une solution nouvelle, je ne peux pas dire à un client prenez cette technologie, ça va changer votre vie. Il doit le constater par lui-même, ce qui fera la différence, c’est de prendre le temps, de prendre les clients par la main pour leur montrer ce que la technologie apporte à leur business. Pour cela, ils doivent m’expliquer clairement leur business, et je dois rapprocher leurs besoins en business avec la technologie.
En second point, c’est une bonne approche si on les accompagne dans la conduite de leur changement, notre présence est primordiale au début afin d’entamer ce nouveau fonctionnement avec eux.
En troisième lieu, on a mis beaucoup de temps et d’énergie pour que la solution soit très intuitive, l’objectif est que notre solution soit accessible sans aucune formation, qu’un utilisateur soit capable de l’utiliser. Exemple : Iphone
Que peut-on souhaiter à Marebiz ?
Nous avons une vision et un objectif clairs aujourd’hui : que nous soyons capables de développer l’aspect tactique :
Nous devons être au taquet, c’est-à-dire aller chercher des clients , puis être en capacité de délivrer un service de qualité, qui est au-delà des espérances et des attentes de nos clients, et surtout de mettre en place l’infrastructure nécessaire . Mettre en place les process, une technologie qui nous permette de gérer tout cela, mais aussi d’être accompagné par l’équipe.
Aujourd’hui, nous sommes dans l’obligation de recruter pour être prêts à proposer ce service de qualité en recrutant des développeurs. Tout le monde le sait, il est difficile de nos jours d’obtenir une aide. Il nous faut trouver ces ressources financières qui nous permettraient de franchir un cap, et de restructurer l’entreprise pour répondre aux besoins de nos futurs clients.
Mot de la fin : que peut-on souhaiter à Michel SAINTE-ROSE ?
Que je puisse avoir la santé, l’énergie, continuer à avoir la clairvoyance que j’ai aujourd’hui et surtout garder la tête sur les épaules pour affronter les difficultés inattendues, avoir « la résilience », toujours y croire, ce qui permet tous les jours de se lever, d’aller au combat, d’être de vrais soldats et de partir à la guerre et de ne pas avoir peur ni froid aux yeux.
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Lomon Taïdes (contributeur)
Secretaire de rédaction Colette Fournier
Pluton-Magazine/2018/Paris16eme