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Par Taïdes LOMON
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Humanité
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Rencontre avec Gilles VAQUIER DE LABAUME, fondateur et gérant du premier atelier de préparation à la parentalité pour futurs pères, créé depuis 2014, concept désormais en franchise à Lille, Amiens, Caen, Rouen, Lyon, La Réunion, Bordeaux, en partenariat avec la Fondation pour l’enfance et avec le soutien d’Isabelle Filliozat, psychothérapeute réputée, maman de la parentalité positive.
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Pourquoi ce brusque changement de carrière ?
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Un accident, un drame heureux m’a fait entrer par effraction dans la parentalité. Ma fille de 9 mois a chuté un jour dans les escalier dans un moment d’inadvertance et ce fut le pire jour de ma vie, alors je me suis senti coupable évidement, d’autant que d’aucuns ne tarissaient pas d’éloges quant à mon aptitude de super papa, mais je n’avais pas conscience de ce qui pouvait arriver, je n’avais pas, en tant que jeune papa, en tête qu’il fallait être parfait dans la surveillance de son enfant, car l’erreur peut être fatale et aussi peut-être que de manière consciente ou inconsciente je me disais que l’accident, c’est pour les autres… Bref, passé l’horreur de l’ultra violence inouïe du choc, ma fille sort par miracle sans séquelle de cette chute et la réflexion trotte alors dans ma tête au sujet de la prévention. Certes, il existe des gestes de premiers secours, mais j’avais compris, de par mon histoire trop réelle, que le succès de la sécurité tient dans l’anticipation et l’action sans faille. J’ai alors créé, avec la volonté que mon exemple devienne une recommandation, l’Atelier du futur papa, un atelier réservé aux futurs et nouveaux pères. La formation portait alors sur la santé et la sécurité. Puis, au fil de temps, après deux diplômes et de nombreux soutiens, j’ai construit une formation complète autour des 3 grandes thématiques que sont l’éducation positive, la prévention des risques et les gestes du quotidien.
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Comment prend-on cette décision ? si je ne me trompe, vous aviez un poste plutôt confortable ?
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Le confort de mon poste en tant que formateur en pharmacie ne faisant pas de moi un homme heureux pour autant, cette mésaventure de ma fille Margot, ce “drame heureux”, m’a bousculé sur la scène de la parentalité et depuis, sessions après sessions, les futurs papas affluent.
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Qu’en tirez-vous avec du recul ?
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J’en retiens que je travaille 3 fois plus qu’auparavant et que je suis 10 fois plus heureux, car j’ai la chance de m’inscrire dans une démarche plutôt magnifique à mes yeux, qui est la transmission.
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Pourquoi les enfants de moins de 3 ans ? pourquoi les papas ?
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Rien de complet et exclusivement masculin n’était proposé à ce jour, l’Atelier du futur papa est le précurseur, le pionnier dans ce domaine.Pourquoi es-tu une référence aujourd’hui ? comment as-tu fait ?
Travail, travail, travail, passion, passion, passion.
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Quel regard portez-vous sur ce secteur d’activité ?
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Ce secteur est encore en gestation, les habitudes ne sont pas là, il ne s’agit pas encore d’un réflexe que de participer à un atelier pour futurs papas, mais les hommes en prennent conscience, de plus en plus nombreux, et ils viennent, conscients qu’une des clés de la réussite de la parentalité est dans l’anticipation. Isabelle Filliozat dit même dans la préface de mon livre que mon atelier devrait être obligatoire et remboursé par la Sécurité sociale.
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Quels sont les prochains objectifs, étapes ?
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Ce que l’avenir voudra bien m’offrir, je le prendrai. Je ne projette rien, j’ai bien quelques idées mais je vis avant tout cette formidable aventure à la seconde, ici et maintenant, comme un enfant, comme ma relation avec ma famille, je profite de chaque instant, je connais trop la chance d’être en vie et en bonne santé.
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Que peut-on vous souhaiter personnellement et professionnellement ?
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Du bonheur, de la sérénité, pour ma famille et pour tous ceux que je connais, comme tous ceux que je ne connais pas et qui en ont besoin.
Merci de m’avoir accordé cette interview.
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Pluton-Magazine 2019