La presse, que nous apporte-t-elle vraiment ?

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Par Georges Cocks

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Des journaux, des magazines… il y en a de tous les genres, pour tous les goûts et sur tous les supports. Ils se multiplient de jour en jour et n’ont aucun mal à trouver leurs lecteurs. L’information circule à une vitesse vertigineuse. Une course dans laquelle le témoin du relais se passe par les différentes plateformes des réseaux sociaux sans disqualification par un faux départ. Journal local, régional, national, international ou du monde… pourquoi autant de variantes, à qui cela  profite, tous ces contenus enrichissent-ils le lecteur ?

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Aux origines

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Le journal papier paraît en France entre 1777 et 1840 : le Journal de Paris.

En décembre 1921, la radio émet pour la première fois. Le premier journal d’information régulier se fera quatre années plus tard. Plus de 20 ans plus tard, le premier journal télévisé est diffusé le 29 juin 1949 par Pierre Sabbagh. Depuis, la presse française compte plus d’une demi-centaine de journaux en dehors des magazines.

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Une fenêtre sur le monde

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Nous sommes heureux de connaître instantanément ce qu’il se passe d’important et de grave dans le monde. Le 11 septembre 2001, nous suivions avec tristesse ce qu’il se passait à Manhattan. Nous avons encore ces images de l’Amazonie brûlant il y a quelque temps, ou encore ces tremblements de terre et ses tsunamis ravageurs qui ont fait des millions de victimes. Mais on aura du mal à effacer les stigmates de la crise COVID-19, où confinés, nous voyions la calculette de la mort faire défiler ses victimes partout dans le monde.

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Le quatrième pouvoir

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Censée servir de contre-pouvoir face aux 3 pouvoirs incarnés par l’État en recourant au principe de protection des sources d’information des journalistes, aujourd’hui, la presse est souvent contrôlée par le pouvoir politique et se met à son service. Les journalistes publient des demi-vérités voire des mensonges pour éviter d’être inquiétés. Ceux qui ont l’audace d’oser sont menacés, disparaissent, ou finissent en prison. La liberté de la presse est menacée. On pourrait se demander si la liberté d’opinion et d’expression existe encore vraiment. L’article 10 de la Convention  européenne des droits de l’homme protège les dérives de l’État au profit du journaliste.

« 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n’empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations.

2. L‘exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. »

Il est où ce contre-pouvoir du 4e pouvoir ? Certains membres du gouvernement sont intouchables alors qu’ils ne sont pas exemplaires.

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Un service gratuit d’asservissement

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Dans certains foyers, il n’est pas rare de voir certains regarder les infos à toutes les heures de la journée. Ils ressassent inlassablement les mêmes choses de chaînes en chaînes. Cette boulimie de l’information n’est pas sans conséquence sur la santé mentale. Des informations négatives angoissantes, qui font peur, finissent par isoler. Cette pollution mentale contamine des millions de personnes au quotidien. Tara Haelle, journaliste spécialisée en médecine et santé, déclarait dans le magazine Forbes : “Le stress dû aux informations sur des catastrophes peut avoir un impact négatif très important sur la santé mentale et émotionnelle, et les effets peuvent durer plus longtemps que les gens ne l’imaginent”, explique-t-elle. (Courrier international)

La dernière crise sanitaire mondiale a chamboulé la perception de millions de personnes de façon irréversible. Notre niveau de stress psychologique  augmente lorsque nous faisons des similitudes entre nous et les victimes. On ne prend plus le temps de réfléchir, on devient vulnérable, par exemple lorsque nous transposons une situation tragique à la nôtre.

Ce bombardement perpétuel de nos cerveaux finit par nous blaser et nous faire ne plus nous préoccuper des choses importantes qui menacent même notre survie. Certains sujets sont tus parce qu’une nouvelle stratégie politique et économique voit le jour alors qu’elle est à l’encontre de tout sens éthique et moral. Celui qui manipule l’information peut manipuler le peuple. La façon de traiter l’information entraîne des prises de position influencées. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a vu une certaine misandrie à l’égard de citoyens russes qui n’ont rien demandé, allant jusqu’à sanctionner des sportifs qui vivent de leur pratique. Le patriotisme excessif n’arrange pas les choses. Sournoisement exploité dans les discours des politiciens, l’être humain issu de l’immigration est vu comme un envahisseur. Le problème réel est occulté, laissant place à un déferlement de violence. Au lieu de fédérer une cause humanitaire, c’est ainsi que les grands problèmes de l’humanité persistent, parce que certains partis ont appris à récupérer l’information et à surfer dessus pour faire du tapage médiatique. Des coups de communication sans aucune intention de solutionner un quelconque problème.

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Des rubriques médiocres

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Malheureusement, les médias dans leur format numérique sont saturés de sujets sans importance qui n’apportent rien au lecteur, sont stériles et souvent jonchés d’imbécillités intellectuelles. Des médias qui attirent beaucoup de curieux avides de scoops sur la vie des personnalités. On a tellement baissé le niveau d’intelligence des gens qu’on pourrait croire que si ce genre d’information a encore du succès, c’est que les gens adorent ça. Cela n’apporte rien sinon de perdre son temps à scroller des faits divers. Ça marche, et cela quand bien même certains commentaires montrent l’ineptie du sujet, il est effarant de voir le nombre de partage de ces articles, c’est juste incompréhensible.

Le désintéressement aggravé pour les sujets instructifs nous fait accepter la culpabilisation gratuite vis-à-vis du déclin de notre société. Tous les efforts à consentir sont à la charge du consommateur, qui perd en même temps de plus en plus sa liberté.

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Des magazines enrichissants

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Heureusement, il existe encore quelques magazines qui publient des articles de qualité, bien documentés, rédigés par des personnes compétentes et qualifiées. Ils ne traitent pas d’actualité sensationnelle ni de faits divers. Ce sont des rubriques soignées dont les rédacteurs sont souvent spécialisés dans une ligne éditoriale. Des sujets qui ne sont pas dépassés par le temps  et qui peuvent servir de source à des étudiants ou combler notre lacune intellectuelle.

Il faut faire très attention avec ce avec quoi nous nourrissons notre esprit. Nombreux sont ceux qui profitent de notre vulnérabilité intellectuelle pour nous arnaquer avec de la  désinformation et de la propagande. Les fake-news sont de plus en plus fréquentes. Elles exploitent le manque de connaissance sur les sujets, et le fait de circuler très rapidement via les réseaux les rend crédibles.

La course à l’information peut générer chez les médias importants la diffusion de fausses informations. La maladresse de certains journalistes sur des sujets sensibles décrédibilise certains journaux qui finissent par perdre en audience. Par ailleurs, on remarque une tendance à la hausse chez des médias indépendants qui donnent la parole à tous, permettant de se faire une opinion, avec deux sons de cloche.

La prochaine fois que vous vous intéresserez à l’information, apprenez à être critique avec des connaissances sur le sujet. Une partie de l’information peut être manipulée pour vous orienter sur une tout autre voie à votre insu. Il n’est pas difficile de trouver des informations fiables. Ne croyez pas à tout sans faire votre part d’analyse. On a besoin de s’intéresser à des sujets dont le niveau nous tire vers le haut. Ce sont ces choses qui amènent des sujets de conversation enrichissantes. Un con qui fait du rodéo avec sa voiture et termine sa course dans un mur n’est d’aucun intérêt pour vous. Et surtout, n’oubliez pas que la presse reste un pouvoir. Un pouvoir est fait pour s’exercer, soit en bien soit en mal. Gardez le contrôle, sans  quoi on vous contrôlera. Il y a très peu de bonnes nouvelles dans les journaux aujourd’hui et beaucoup trop d’informations sensationnelles qui nous polluent et nous plongent dans un conformisme léthargique.

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Rédacteur Georges Cocks

©Pluton-Magazine/2023/Paris 16e

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