PAR ALAIN ALFRED MOUTAPAM
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Le continent africain est en proie à de nombreux défis dans un monde où les États les plus forts (politiquement, économiquement, culturellement et militairement) dictent leurs lois aux plus faibles
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La maîtrise totale des outils informatiques comme l’utilisation du nucléaire sont devenus un enjeu majeur dans les échanges entre les nations, dans la production de richesses, mais aussi, dans la sécurité (dissuasion) et la défense des États. Tous les secteurs de la vie d’un État dit moderne aujourd’hui sont dépendants de l’utilisation des programmes informatiques et ont besoin des experts dans le domaine. C’est le cas des aéroports, des avions, des bateaux, des hôpitaux, des feux de circulation dans les grandes villes, de la fourniture d’énergie par les centrales électriques ou nucléaires, du réseau internet, du lancement des fusées, etc. En somme, les pays disposant des informaticiens les plus aguerris, capables de créer des logiciels informatiques novateurs mais aussi de protéger leurs propres systèmes informatiques de toute attaque cybernétique extérieure, avec des possibilités de contre-attaque, auront donc une capacité de dissuasion cybernétique digne des plus grandes armées du monde.
Dans ce contexte, les États africains doivent se donner véritablement les moyens financiers, économiques, stratégiques de créer des écoles qui, dès le primaire, formeront des ingénieurs informatiques mais aussi des ingénieurs dans le secteur nucléaire, les plus aguerris qui soient.
Il faudrait que chaque pays africain fasse des investissements massifs semblables à ceux réalisés ces dernières années dans la construction des stades de football dans les pays comme le Cameroun, le Gabon, la Côte d’ivoire, etc.
Des milliers de milliards de francs CFA doivent et devront être orientés dans la création, l’équipement et la formation de la jeunesse africaine dans la maîtrise totale des sciences informatiques mais aussi celle du nucléaire. En effet, c’est précisément sur ces terrains que se joueront les futures déstabilisations et équilibres du monde. Il sera facile de neutraliser un pays ennemi ou une puissance aux appétits miniers voraces ou prédateurs à des milliers de kilomètres, sans tirer un seul coup de feu, en paralysant simplement le fonctionnement de ses aéroports, trains et routes.
Qui veut la paix, prépare la guerre, disait Végèce.
Origine. L’origine de cet adage est inconnue. La croyance populaire l’attribue à l’auteur romain Végèce, dont la phrase Igitur qui desiderat pacem, praeparet bellum, tirée de Epitoma Rei Militaris, s’en rapproche beaucoup.
Les États africains n’ont que trop pâti de leur vulnérabilité politique, économique, militaire, culturelle et spirituelle. Il est temps que par la formation de sa jeunesse face aux grands enjeux du monde, l’Afrique ait désormais son mot à dire, en tout cas, qu’elle puisse non seulement exploiter elle-même ses innombrables richesses, mais aussi, se protéger face aux appétits des grandes puissances économiques et militaires. Dans cet ordre d’idées, une totale maîtrise de l’utilisation de l’uranium pour garantir sa dissuasion nucléaire s’avère in fine incontournable.
En attendant la mise sur pied des centres de formations spécialisées dans ce domaine, comme dans tous les autres domaines de souveraineté, il importe de systématiser l’attribution de bourses vers les pays disposant de ces écoles, pour que les jeunes Africains y aillent pour acquérir ces connaissances, notamment en matière de maîtrise de l’énergie nucléaire dont l’Afrique a urgemment besoin.
Au total, chaque État africain doit mettre sur pied hic et nunc un système éducatif qui intègre comme priorité l’apprentissage des métiers qui répondent aux besoins de souveraineté dans tous les domaines. L’Afrique a un besoin urgent de souveraineté alimentaire, médicale, énergétique, spirituelle, culturelle, vestimentaire, politique, industrielle et militaire. Elle a un besoin impératif d’être totalement reconstruite avec des villes, des villages qui obéissent à des normes et à l’esthétique africaines.
En conséquence, l’école africaine d’aujourd’hui et de demain doit former les techniciens et ingénieurs capables de construire à partir des matériaux locaux, des ponts, de bâtir des routes, des autoroutes, en toute autonomie, sans quelque aide et expertise extérieure.
L’apprentissage d’une langue africaine commune (je propose que ce soient les Medu Netjer) et quelques langues étrangères (l’anglais et le français) ; dès la première année de maternelle jusqu’à la fin des études doit être considéré comme un objectif essentiel dans le cadre de la promotion du dialogue entre les peuples et de l’affirmation de l’Afrique dans le monde. Dans ce sens, les langues héritées de la colonisation sont un extraordinaire acquis.
Au demeurant, elles constituent et constitueront davantage une clé pour tous ceux des Africains qui souhaiteraient laisser leurs marques dans un monde qui ne cesse de se rapetisser, de se miniaturiser, du fait de la mondialisation et des avancées extraordinaires des technologies de l’information et de la communication.
Dans ce contexte, maîtriser plusieurs langues étrangères vaut mieux qu’apprendre la géographie des pays étrangers. C’est ici que la Francophonie, entendue comme espace de promotion et de valorisation de la langue française, joue un rôle capital dans les échanges non seulement entre les Africains, mais surtout tous les locuteurs français de l’espace francophone.
En attendant l’adoption d’une langue transnationale parlée par tous les Africains à travers le monde, force est de constater que les langues héritées de la colonisation, le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais, l’arabe, sont aujourd’hui des outils de communication et de dialogue de 1er ordre pour les Africains dans leurs échanges intra-africains et extra-africains. Elles font désormais partie intégrante de la nouvelle identité africaine tant il est vrai que l’identité n’est jamais figée : elle s’enrichit ou s’appauvrit en fonction des événements plus ou moins contingents. Ceci étant dit, l’unité culturelle et linguistique africaine ne peut réellement prospérer avec les outils et acquis venus de l’extérieur, il est donc urgent pour les Africains d’adopter une langue faisant partie de leur héritage millénaire commun.
Voilà donc sus-indiquées, quelques pistes de réflexion sur le chemin que devraient emprunter les nouvelles politiques éducationnelles en Afrique. Refuser d’y consacrer des études, d’y allouer des budgets, et continuer dans les voies prises depuis les indépendances fragiliserait encore et davantage les micro-États africains qui in fine seraient condamnés à disparaître.
L’Afrique dispose des ressources intellectuelles et matérielles nécessaires pour mener cette impérieuse réforme. Il y va de l’avenir de sa jeunesse en pleine croissance exponentielle. Mieux, de l’avenir du continent noir et du Monde.
Une Afrique creuset de chômage, de faim, de crises multiformes et de réfugiés éparpillés dans le monde constituerait encore et toujours une atteinte grave à son image, à son attractivité et son influence.
Aux différents gouvernements africains en place et futurs, il importe dorénavant d’anticiper, d’innover, car c’est bien la mission à eux dévolue par les peuples : gouverner, c’est prévoir.
Prévoir, c’est être capable d’agir dans les temps impartis, mieux, c’est solutionner la crise avant son avènement.
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Si l’Afrique est véritablement l’avenir du monde, elle se doit de relever avec maestria le défi de la refonte totale de son système éducatif mais aussi et surtout de relever le défi de son unité en ce siècle commençant.
PAR ALAIN ALFRED MOUTAPAM
PLUTON-MAGAZINE/2023
ALAIN ALFRED MOUTAPAM
Poète – Écrivain Enseignant – Éducation Nationale Française
Doctorant en diplomatie culturelle