Par Georges Cocks
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Pour sa 15e année consécutive, le Salon International du Livre d’Abidjan s’est tenu au parc d’exposition sur le thème : Livres Racines. Ce salon devient de plus en plus populaire. Pour cette édition, une délégation d’auteurs de Guadeloupe, Martinique et Saint-Martin, en plus des musiciens accompagnants, vont rendre la fête du livre encore plus magique.
Pour cette édition, l’autrice Marguerite Abouet était mise à l’honneur. Elle a traîné ses souvenirs d’enfance avec son héroïne Aya dans une bande dessinée aussi réelle qu’imaginaire. Toutes les deux rejouent les scènes d’antan de leur quartier. Elles ne veulent pas sortir de Yopougon. Elle a dû rompre son serment afin que nous ayons une collection de sept tomes, puisque les récits de Yopougon diffèrent des autres.
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Grâce à la maison d’édition de livres audio Une Voix Une Histoire, fondée par Manick Siar Titéca, cette délégation était le fruit de son rêve qu’elle a mûri ces dernières années depuis qu’elle a rejoint le SILA. Elle a jeté les piliers d’un pont, posé le tablier et ajuste maintenant les haubans. Désormais nous sommes de nouveau réunis à la terre mère avec un cordon ombilical qui n’a pas vocation à être coupée. Bien au contraire, l’heure est venue d’établir la connexion intellectuelle et les Ivoiriens en sont friands, tout comme cette friandise appelée le Sik à koko qui a fait le bonheur des palais ivoiriens.
Mr Anges-Felix Ne Dakpri est le commissaire général du SILA depuis quelques années. Il s’engage à améliorer continuellement chaque version, en faisant en sorte qu’elle soit supérieure à la précédente.
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La ministre de la Culture et de la francophonie, Mme Françoise Remarck, une femme discrète qui remplit son engagement vis-à-vis de la filière du livre. Fortement appréciée, elle a le temps pour prendre dans ses bras ces enfants qui viennent l’entourer en l’appelant « Maman ».
Lire en Côte d’Ivoire n’est pas un jeu de hasard. Les Ivoiriens sont de ce peuple qui sait que l’émancipation et la décolonisation de la pensée passent d’abord par l’intellectualisation. Tout le monde l’a compris. Rien n’a été négligé dans cette organisation bien huilée, car des bus ont été mis gracieusement à disposition pour faciliter l’accès au parc des expositions. Les écoles, des plus jeunes aux étudiants de niveau universitaire, foulent le sol du SILA avec une discipline remarquable. Ils y reviennent comme si c’était toujours la première fois avec le même engouement.
125000 visiteurs vous dites ! On comprend aisément que la délégation caraïbe en invitée d’honneur se devait d’être à la hauteur.
Un stand qui ne se désemplit pas, une queue interminable, car Rikokoko a réveillé tout le monde pour écouter des histoires audios, le chant des plumes des auteurs et le ka du groupe Swing et Lokans. Il s’en est suivi naturellement une joute de tambours avec nos amis ivoiriens. Le cercle étant fait, la danse était sublime. Raymonde Pater-Torin, autrice, mais aussi professionnelle de danse, nous a livré un spectacle à ravir.
Une grande fresque participative a été peinte par l’autrice Cynthia Gokoul. Des centaines d’enfants et adultes ont mis une touche à ce travail réalisé uniquement pendant l’ouverture du salon et qui sera offert à la ville de Bouaké qui va inaugurer une nouvelle bibliothèque Jacob Desvarieux en mémoire à l’un des piliers de la musique antillaise.
La Côte d’Ivoire veut ajuster avec nous les haubans de ce pont. La Librairie de France a achalandé ses rayons de quelques dizaines de titres, dont les œuvres des auteurs Raymonde Pater-Torin, Cynthia Gokoul, Malik Duranty, Sébastien Mathouraparsad et Georges Cocks. Des ouvrages pour certains étaient déjà à la racine de l’événement.
Il était surprenant de voir dans des visages ivoiriens des gens que nous avons laissés au pays, une projection trait pour trait.
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L’auteur Georges Cocks s’interroge profondément sur la thématique « Livres racines », et il estime que le livre est le résultat de l’esprit et peut prendre la forme d’une expression orale.
Chaque individu sur cette terre a le devoir d’écrire son propre livre Racine. C’est un livre en perpétuellement mutation. C’est un ouvrage sans fin, façonné par l’environnement immédiat en tout premier lieu, et certains chapitres s’écrivent aux frontières effervescentes qui rapprochent les hommes, aussi lointains soient-ils. (…)
Notre livre racine ou livre de vie se doit de trouver son équilibre, car il peut, soit nous détruire, soit nous offrir une liberté conditionnelle. Une prison de verre qui permet tout de même de voir au-delà des murs érigés par une classe qui souhaite asseoir sa domination de plus en plus. Le livre racine est un garde-fou, le balancier qui nous maintient sur la corde tendue au-dessus du vide. L’exploit n’est pas impossible, la volonté et le courage nous permettront de réaliser l’inimaginable.
Si vous aimez le livre et que vous prévoyez un voyage vers la Côte d’Ivoire, cochez le mois de mai du 5-9 2026 et voyez par vous-même ce que sera la 16e édition de ce rendez-vous incontournable.
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Rédacteur Georges Cocks
©Pluton-Magazine/2025/Paris 16e
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Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier