Dans le cadre des élections présidentielles 2017, nous publions les plus belles lettres des internautes qui appellent à prendre ses responsabilités.
Je voterai dimanche 7 mai.
Je ne voterai pas par conviction, ni par provocation. Je voterai car le risque est trop grand. L’enjeu est trop grave. Les conséquences plus dangereuses encore que tout ce qui peut me porter à me détester en votant.
Je ne vais pas énumérer ce que nous risquons en prenant le risque de ne pas voter ou de voter blanc, ce qui revient au même dans une conjoncture aussi périlleuse.
Je voterai dimanche 7 mai sans compter sur les législatives à venir et qui pour le moment ne sont pas encore là.
Je voterai dimanche 7 mai bien qu’étant née après la guerre, bien que n’ayant pas connu les rafles terribles de l’Histoire, bien que n’ayant jamais été refoulée à une frontière quelconque, bien que n’ayant pas connu la souffrance et les risques des homosexuels. Bien que, bien que…
Je voterai dimanche 7 mai parce que je suis de ce temps où la parole libérée me fait très peur. Parce-que je suis de cette France magnifique qui pourtant aujourd’hui encore construit des murs, refoule aux frontières, ose défiler et faire défiler ses enfants aux cris de « pas de mariage pour tous ».
De cette France où dans certaines mairies on interdit aux enfants de chômeurs de manger à la cantine. De cette France qui crie « à bas l’étranger ». De cette France qui se veut « Blanche neige » mais sans les petits nains. De cette France qui brûle des foyers de migrants, c’est-à-dire de personnes qui parfois ont été obligés de quitter leur pays pour fuir des guerres que nous n’avons pas su empêcher. Pour fuir des guerres où parfois, les yeux baissés, nous avons laissé faire.
Je voterai dimanche 7 mai parce que tout cela et tant encore, ce n’était pas hier, ce n’était pas avant, ce n’était pas seulement ce qui se passait « il y a longtemps »…
Je voterai dimanche 7 mai, parce que tous ce qui me fait peur EST AUJOURD’HUI. Aujourd’hui même.Ce qui me fait peur, ce n’est pas un parti. Ce qui me fait peur ce sont mes amis, mes voisins, peut être mes cousins…ce sont ces milliers de personnes qui ne m’ont jamais rien fait à moi directement mais qui « font » aux autres et qui pourraient peut-être plus faire encore si plus rien ne les empêchait.
Voilà pourquoi, je ne prends pas le risque de l’abstention et du vote blanc malgré ma profonde colère. Malgré ma profonde déception. Malgré le terrible de mon acte d’aller voter. Mais je voterai dimanche 7 mai.
Je voulais dire aussi combien je remercie mes amis ici qui ne sont pas de mon avis, qui sont même totalement contre mon premier vote et ma décision de voter, combien je les remercie pour les mots difficiles qu’ils ne m’ont jamais dits.
Combien je les remercie de s’être abstenus de toute remarque « laide » sur ma page. Je remercie mes amis ici pour l’extrême tolérance dont ils font preuve en m’épargnant. J’ai de la chance…
Et je voterai dimanche 7 mai pour continuer à avoir la chance d’oser ici vous dire que je vais voter dimanche 7 mai 2017.
Jeanne Orient ©
Née en 1952, Jeanne Orient a fait carrière dans la communication d’entreprise Elle a également participé aux « légendes » d’albums photos. Le cancer expliqué aux nuls reste son cheval de bataille. Elle a publié « L’accident de soi » aux Editions L’Harmattan.
L’accident de soi, ISBN : 978-2-296-54194-8 • mars 2011 • 120 pages.Editions l’Harmattan.
EAN PDF : 9782296455832
EAN ePUB : 9782296801219
Parmenidês/20117
©Pluton-Magazine