Yasuke de Serge Bilé: tour d’horizon de la presse.

 

Si vous n’avez pas encore choisi d’ouvrages cet été, Pluton-Magazine vous conseille Yasuke.

 Yasuke, le samouraï noir de Serge Bilé

 

 

Publié aux Editions Owen Publishing en janvier 2018 et présenté en dédicace au Salon du livre, Livre Paris, en mars, Yasuke, le Samouraï noir, de Serge Bilé, continue sa route en attirant l’attention de nombreux journaux  et/ou magazines en France et à l’étranger. Serge Bilé, dont nous connaissons l’intérêt pour toutes les histoires afférentes à la communauté noire, signe avec cet essai une histoire particulièrement intéressante et peu connue. Si l’ouvrage met en évidence la vie de ce jeune africain devenu  samouraï après avoir quitté de force son Mozambique natal,  l’ouvrage trouve son originalité dans de nombreuses références historiques.

En effet, c’est à travers la vie de Yasuké que nous découvrons les contacts entre l’Asie et l’Afrique, qui existaient déjà bien avant l’arrivée des européens. C’est surtout dans ce contexte d’échanges entre ces deux continents, jusqu’à l arrivée au Japon du jeune Yasuke, que l’ouvrage prend toute son importance. Serge Bilé nous fait palper l’ambiance de la vie à cette époque mais aussi la violence de la mise en esclavage. Pas étonnant qu’il attire l’attention sur une histoire peu singulière qui a déjà été abordée, lorsqu’on y regarde de plus prêt,  mais pas de cette façon-là.

 

 « L’un des deux marins s’empare de lui et l’entraîne brutalement sous les ponts où s’amassent un tas d’hommes noirs, enchaînés les uns aux autres, prostrés, accablés, découragés », peut-on lire dans la biographie. « Yasuke est effrayé par ce tableau et saisi par l’odeur nauséabonde qui se dégage du lieu. C’est un mélange répugnant d’urine, de selles et de sueur. L’air est irrespirable. » La traversée jusqu’à Goa, en Inde, un port portugais à l’époque, va durer  un mois et quelques jours.
Yasuke est conduit sous bonne escorte à un endroit baptisé Leilao, ce qui signifie « enchères ». « Il enrage de se voir dévisagé comme une bête curieuse », écrit Serge Bilé. « Il maudit tous ces gens pour leur indépendance. Ils l’ont palpé de haut en bas. Ils ont également tâté le sexe et les seins de la femme à côté de lui. Quoi de plus normal à leurs yeux ? Les esclaves sont leur “chose” et ils s’accordent le droit, avant d’enchérir, de vérifier la marchandise. »
Le jeune Africain est acheté par un gentilhomme et conduit jusqu’à une bâtisse appartenant à des jésuites. Son travail consiste alors à aller chercher toute la journée de l’eau à une source et à la ramener dans de grandes cruches. La tâche n’est pas épuisante, mais elle est répétitive et dévolue aux femmes chez les Makua, ce que Yasuke ressent comme une humiliation. Les mois s’enchaînent, il souffre de l’exil et du déracinement. « Il songe au suicide mais ne veut pas s’y résoudre. Pour sa maman, pour la revoir, il est prêt à vivre et il est prêt à tout. » (Extrait Le Monde Afrique 24.06.2018)

 

Au delà du fait qu’il s’agit d’un essai très attrayant, il  faut savoir lire entre les lignes et souligner les recherches de l’auteur, car, comme pour tout travail de recherche, il n’est pas facile de travailler ce genre de sujet sans baigner dans la poussière des bibliothèques et des archives et  contacter différentes personnes.  Nous retrouvons de nombreuses références tout au long  de l’ouvrage. Ce qui n’est pas passé inaperçu chez certains journalistes. L’auteur le fait remarquer  dans l’interview qu’il a donné à Jeune Afrique, dont voici un extrait.

 

 

Dans votre nouvel ouvrage, Yasuke, le samouraï noir, vous êtes très prudent. Vous citez vos sources à longueur de pages. 
Je citais déjà beaucoup mes sources dans mes premiers ouvrages. Vous savez, tous les historiens, qu’ils soient français, ivoiriens ou antillais, voient d’un mauvais œil le fait qu’un journaliste mette son nez dans ce qu’ils considèrent être leur pré carré. En vérité, je ne fais pas le même travail qu’eux, je suis un vulgarisateur. Je n’écrirai jamais dans le style d’un pédant du XVIIIe siècle ; mon objectif, c’est de toucher le plus grand nombre.
Comment vous est venu le sujet singulier de votre dernier ouvrage ?
D’une discussion avec un lecteur martiniquais passionné par le Japon et qui m’a parlé de cet esclave africain, Yasuke, devenu samouraï au XVIe siècle. J’ai affiné par la suite en travaillant avec des spécialistes du Japon comme l’Ivoirienne Nathalie Kouamé, qui enseigne l’histoire de l’Asie orientale à l’université Paris-Diderot.
Quels sont les documents historiques sur lesquels vous vous êtes appuyé ?
On a notamment le témoignage d’un jésuite, le père Luís Fróis, qui raconte en détail le séjour de Yasuke sur l’archipel, comment les Japonais brisent des portes pour le voir alors qu’il s’est réfugié dans une auberge, comment on lui fait prendre un bain et on le frotte vigoureusement pour s’assurer que sa peau est bien noire, qu’il ne s’agit pas d’un Blanc maquillé…  ( Jeune Afrique : Littérature : Serge Bilé retrace l’histoire du premier samouraï noir de l’histoire. 18 mars 2018)

Le travail de ce présentateur télévisé, journaliste, reporter et écrivain, est avant tout un travail de mémoire. Il n’en est pas à son premier essai et c’est un engagement que l’on retrouve à chacune de ses publications. Il le répète très souvent dans les interviews et il n’a pas hésité à le faire dans son interview accordé au Point. 

 

L’écrivain entend « restituer leur place à tous ces gens, quels qu’ils soient » – « je ne suis pas le seul, d’autres aussi y travaillent », souligne-t-il.
Car « cette mémoire est importante pour nos enfants, qui auront le sentiment que quels que soient les évènements de la vie et du monde, ils ont aussi participé », explique M. Bilé.
Un lecteur féru d’arts martiaux
« Yasuké, le samouraï noir » est dans cette veine. Il raconte la vie de Yasuké, un Makua (principale ethnie de l’actuel Mozambique) capturé par des marchands d’esclaves, vendu à Goa à des Jésuites qui l’emmènent ensuite au Japon, où il entre au service du seigneur Oda Nobunaga. Celui-ci, surpris par la couleur de Yasuké, le fait même se déshabiller et se laver pour s’assurer que la couleur de sa peau n’est pas un artifice… (Le Point)

 

Peu après la sortie du livre, l’auteur est interrogé par le journaliste Philippe Triay, de France TV, le premier à Paris qui lui ait fait remarquer qu’il traite  souvent de ces personnages noirs très peu connus. On sent une certaine fascination  dans sa réponse.

Dans ce livre, vous ne vous contentez pas de raconter l’accession de Yasuke au rang de Samouraï, mais c’est un itinéraire complexe et hors du commun que vous explorez, qui a été celui de nombreux Africains dispersés au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Japon, et ceci dès le XIIIe siècle et même avant, selon certaines sources…

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Quand on parle de l’esclavage, on pense le plus souvent aux Antilles et aux
États-Unis. On oublie le sort réservé aux Africains qui ont été déportés en Asie. Tout en restant esclaves, certains d’entre eux sont devenus marins à Macao ou soldats en Inde. L’un d’eux a même fondé une dynastie qui a régné pendant plus de trois siècles sur un État indépendant. Yasuke a connu, lui aussi, un parcours exceptionnel, entre son petit village africain, où il a été capturé, et le palais de Kyōto où il a servi le daimyō Oda Nobunaga, l’homme fort du pays, en 1581. Élevé au rang de samouraï, il deviendra le premier étranger à intégrer l’élite guerrière nippone et obtiendra le privilège de porter les deux sabres, signe de la confiance placée en lui.  (« Yasuke, le Samouraï noir » : le nouvel essai historique de Serge Bilé )  

 

Le quotidien allemand Die Presse (26 juin 2018) titre, lui : « Er war Japan erster Schwarzzer Samurai »   et s’intéresse à l’histoire de ce jeune Samouraï en citant l’ouvrage de Serge Bilé. Publié en France mais l’ouvrage a traversé le Rhin. Une traduction, peut-être, se fait pressentir.

 

Le Mozambique, ancienne colonie portugaise.  C’est au Brésil que l’essai fait son apparition avec l’article du journaliste José Eduardo Agualusa, dans O Globo (https://oglobo.globo.com/cultura/o-samurai-negro-22427250). Avec de plus en plus d’échanges entre le Brésil et le Mozambique, il n’est pas étonnant que cette histoire ait eu quelques retentissements dans la presse brésilienne.

 

France 24  s’empare aussi de Yasuké en accordant une interview à l’auteur, que nous vous invitons à découvrir ici :

 

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=–9OynNdYWE

 

Cette revue de presse assez riche montre l’intérêt pour cet ouvrage qui n’existe que depuis 6 mois mais compte déjà un nombre considérable d’articles de presse. Le livre est disponible sur divers sites internet dont  la Fnac et Amazon. 

Il est aussi disponible dans les librairies spécialisées ou en commande et également  à la librairie du Musée du Quai Branly, à Paris.

 

Rédacteur Dominique Lancastre

Secrétaire de rédaction Colette Fournier

Pluton-Magazine/2018

https://owen-publishing.com/yasuke-samourai-noir/

 

 

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