Voici quelques conseils pour vous expliquer ce qu’il faut faire, à titre préventif, pour repérer les arnaques en ligne et ce qu’il faut mettre en œuvre à titre curatif si vous avez eu la malchance de « tomber dans le piège ».
A titre préventif, sachez repérer les arnaques les plus courantes
Les arnaques sur Internet sont variées et si vous êtes attentif vous pourrez déjà en déjouer quelques-unes. Voici quelques profils d’arnaqueurs qui sévissent en ligne :
– Les « brouteurs » : ce sont des personnes qui rentrent en contact avec vous le plus souvent par mail ou via les réseaux sociaux après une demande de mise en contact et qui jouent la carte sensible, tentant par tous les moyens de vous apitoyer « J’ai besoin de 300 € pour me faire opérer sans cette opération je vais mourir. » « J’ai besoin de 600 € pour payer les frais de notaire et recevoir mon héritage. Bien sûr je vous rembourserai et vous donnerai même de l’argent en plus pour vous remercier de ce service. » Bien sûr ils ne sont ni malades, ni mourants, ni en attente de quelque héritage que ce soit et, ce qui est certain, c’est que vous ne reverrez plus jamais votre argent.
– Les « donateurs qui tombent du ciel » : ils vous envoient des propositions de dons de leur fortune suite à une grave maladie « auquelle (la faute d’orthographe est souvent de mise) le docteur m’a informer (faute d’orthographe bis) que je ne pourrais pas m’en sortir ». Bien sûr pour recevoir la somme de cet oncle d’Amérique (ou d’ailleurs) très providentiel il vous faudra payer quelques frais. Après tout que représentent 1000 euros quand on va en toucher 200 ou 300 000 ? Et bien ; beaucoup d’argent surtout quand, au final, on ne va rien percevoir.
– Les « arnaqueurs au mandat cash » : ils vous proposent un bien à vendre ou un appartement à louer à un prix défiant toute concurrence vous expliquant qu’ils ne veulent pas le laisser vide et que c’est ce qui justifie le petit prix ou le loyer modéré. Ils se présentent souvent comme des personnes handicapées ou résidentes à l’étranger et n’ayant donc pas la possibilité de se déplacer. Ils vous demandent pour s’assurer de « votre sérieux » que vous payez par avance en mandat cash avec photo pour preuve du mandat. Ils vous demandent de cacher le code et vous vous pensez protégés alors que le numéro du mandat resté visible suffit à ce qu’ils puissent aller retirer l’argent que vous ne reverrez plus jamais.
– Les « escrocs qui comptent sur votre honnêteté » : ils vous achètent un bien sur un site du type Ebay ou Le bon coin mais « se trompent » en effectuant le virement. Ils vous payent plus que ce qui était prévu. Loyal, après leur avoir signalé votre erreur, vous n’hésitez pas une seconde à procéder au remboursement de ce que vous pensez être un « trop perçu ». En réalité, les arnaqueurs ont déjà procédé à l’annulation de leur virement en s’appuyant sur le fait que les délais de rétractation des virements internationaux sont plus longs que ceux effectués au sein d’un même pays et vous vous retrouvez à avoir payé la différence sans avoir été crédité au final de la somme totale virée initialement.
– Les « adeptes du Phishing (hameçonnage) » : ils vous envoient un mail en se faisant passer pour l’un de vos contacts ou de vos fournisseurs habituels (boutiques en ligne, banques …) et vous mettent en alerte en vous demandant de changer vos mots de passe et vos identifiants. Ils vous invitent, pour se faire, à rentrer dans les champs prévus à cet effet, vos anciens identifiants et mots de passe ou les coordonnées de votre carte bancaire et le tour est joué. Vous venez de leur offrir sur un plateau les sésames pour effectuer des achats ou des retraits à votre place.
– Les « Usurpateurs qui agissent par petites annonces interposées » : ils publient en ligne des offres d’emplois aux salaires et aux conditions alléchantes (primes, conditions de travail au top etc.) et vous demandent pour que vous postuliez que vous leur fassiez parvenir des photocopies couleur de votre carte d’identité, de votre carte vitale, de votre permis de conduire et d’un justificatif de domicile et à réception de ces documents, ils peuvent, tranquillement, munis de ces éléments à forte valeur ajoutée ouvrir un compte en banque, souscrire à des prêts et ne jamais les rembourser ou encore réaliser des fraudes à l’assurance maladie. Ils évoluent en toute impunité car officiellement c’est vous le responsable.
En toute situation, soyez prudent et lorsque le mal est fait signalez-le
Soyez prudents et n’accordez pas votre confiance à n’importe qui sur Internet, à distance. Sur les réseaux sociaux soyez particulièrement vigilant et renseignez-vous avant d’accepter un nouveau « contact » ou un nouvel « ami » dans votre réseau. Ayez le réflexe « moteur de recherche ». Si vous avez un doute n’hésitez pas à « copier-coller » le nom de votre contact ou son numéro de téléphone ou adresse mail en y ajoutant les termes « escroc », escroquerie » ou « arnaque ». Il arrive que d’autres victimes potentielles ou avérées aient déjà fait la démarche de signaler le délit et vous serez ainsi confortés s’il y a une escroquerie.
Dans tous les cas, en cas de doute, abstenez-vous. C’est encore et toujours la meilleure option pour éviter de devenir la victime des escrocs de l’Internet. Malheureusement, il est parfois trop tard et l’on ne sait pas toujours comment réagir lorsque l’on vient de subir un tel préjudice. La première des choses à faire est de signaler et d’informer votre entourage et les membres de votre réseau (correspondants mails ou contacts via les réseaux sociaux) de ce qui vous est arrivé surtout lorsqu’il y a eu usurpation de votre compte ou de votre identité. L’idéal est de les prévenir aussi par un autre moyen que celui qui a fait l’objet d’un piratage et d’utiliser par exemple la bonne vieille méthode du téléphone.
Pensez aussi à signaler les comportements illicites via la plateforme d’état www.internet-signalement.gouv.fr et pensez à porter plainte car ce que vous avez subi est un délit.
Ne vous dites pas que cela « ne sert à rien », pensez à porter plainte auprès des services concernés car, à défaut de voir celui ou celle qui vous a porté préjudice poursuivi ou condamné par la justice, cela permettra de participer à la mise en œuvre d’autres signalements.
Pour rappel, conformément à l’article L313-1 du Code Pénal « l’escroquerie est le fait, […] de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. » et face à l’escroquerie les peines encourues sont les suivantes « de 5 ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amendes ».
Mais que cela ne vous décourage pas de surfer et de profiter des bons côtés de l’Internet. Ayez simplement à l’esprit qu’il faut aussi rouler prudemment sur les autoroutes de l’information.
Michelle Jean-Baptiste : Avocate spécialisée en droit des affaires et en droit des médias, conférencière et écrivaine
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