Tanagra, une promenade en poésie

« Comme un ventre de femme rond,

Une courbure de pétale,

Froissé, froissant, doux à mourir,

Tissu de satin végétal.

J’y ai promené ma bouche,

À peine frôlant, à peine éclose

Et la pulpe de mes doigts,

Tremblant d’en déchirer la soie.

Comme la joue d’un enfant nu,

Offrant au soleil sa joie,

Et le plissé de son sourire

Quand tu le cherches à cœur.

Comme une herbe tendre mouillant,

De ses pointes taquines et drues,

Le creux d’un dos tout frissonnant,

Sous un immense ciel éperdu.

Je cherche cette soie de l’âme,

Ce muet froissement des songes,

Cette beauté qui n’a pas d’âge,

Cette fine couleur du monde,

Je suis fragile comme un pétale,

Qu’un cri dévoile, déchire et noue… »

Colette Fournier, Pétale, extrait de Tanagra, recueil de poésies Éditions Le Manuscrit

Tanagra Pluton

Quelle affinité, quelle connexion relie un Tanagra à une fleur ? Le mystère et le ravissement devant la matière et la lumière qui se joue des formes et des volumes. L’ineffable et simple empreinte du vivant sur les sens, et grâce à eux. Cette capture douce, subjective et éphémère du beau ou de l’effroyable, de tout ce qui, en touchant nos yeux, bouscule nos émotions, sous-tend nos sentiments, résonne et guide de façon souvent automatique mon écriture poétique.

142 bis

« Donnez-moi du sens à dévorer tout cru ! » :

telle est l’injonction qui a conduit mon vagabondage en 50 poèmes à l’écriture libre. Le monde que je perçois devient le miroir d’un autre où la raison se perd facilement, mais c’est une perte agréable : heureux celui qui ne comprend pas mais sait recevoir et passe le relai sans hésiter. Il existe donc un lien étroit entre mes vers et mes photographies, mon autre passion. Tous tentent d’ouvrir une des innombrables portes qui aident le passant à enjamber (joyeusement ou non) le réel. Aucun ne prétend dire le vrai ni rien de définitif.

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« J’ai dans ma main des enfants fous, qui courent sur des fils de vent, ils savent vivre et rire de tout, ouvrir leur cœur à tous les temps ». 

 

C’est l’invite que je tends au lecteur sans le vouloir captif. Tout au long du recueil se répondent sans ordre apparent poèmes intimes et instantanés d’un monde que je traduis en vers aux rimes volontairement inégales. J’aime cette souplesse qui permet au lecteur de picorer, de choisir par où il veut commencer. J’aime l’idée qu’il pose le livre, y revienne, et qu’il n’aime pas tout. J’ai dans l’idée que tout se rejoint et peut se fondre dans le verbe, dans l’art, comme dans les choses les plus quotidiennes ; ce sont les vecteurs qui nous unissent les uns aux autres et ils sont tous très précieux.

Sans démonstration ni leçon, la poésie, par sa fulgurance et sa vivacité, sa musicalité, touche et surprend. Son apparente simplicité agit comme l’eau et c’est l’ambition simple et folle que je poursuis : apporter de la fraîcheur et laisser le lecteur écrire ensuite sa propre histoire…

 

Colette Fournier

Née en Seine-Saint Denis, Colette Fournier partage ses passions entre écriture poétique et photographie. Elle est aussi auteur de romans et de nouvelles et exerce parallèlement l’activité de rédactrice et de correctrice. Villeurbannaise d’adoption depuis 2007, elle aime conjuguer ses pratiques avec le talent d’autres créatifs et participe volontiers à des projets interdisciplinaires. Sa philosophie : parler en images, imager en paroles !

Colettefournier.com

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