Vous l’avez vue, vous l’avez entendue, vous l’avez croisée et elle vous a conquis. On parle d’elle plus qu’une rumeur, cette femme impétueuse, si pleine de vitalité qu’elle semble avoir prêté au tigre toutes ses qualités, mais son sourire ne mord pas.
Le stress induit le stockage, voilà pourquoi le poids du mental est très important dans un régime minceur. Celui qui ne stabilise pas son état émotionnel aura du mal à voir le résultat de sa quête de perte de poids, le stress étant le premier acteur du poids. Née d’un métissage historique riche et varié, l’assiette créole a malheureusement tendance à se ressembler sur toutes les cartes des restaurants et aussi dans la cuisine de la ménagère. L’héritage de la cuisine européenne dans la tradition créole permet de la réguler et donne de nombreuses possibilités de transformation et d’harmonie au goût de la cuisine créole.
Du fait de leurs voyages au loin, le sel est devenu l’agent conservateur sur les grands bateaux qui partaient à la conquête des îles et il est devenu difficile de se défaire de ce bon goût salé qui va favoriser aujourd’hui l’hypertension, la rétention d’eau et des graisses chez certains individus. Nous mangeons trop de sel partout dans le monde mais surtout sous nos latitudes. Le sel attise la soif et la faim, les industriels nous poussent aussi vers la porte sucrée de la gourmandise qui va multiplier et favoriser la prise rapide de poids.
Malheureusement, quand une canette de soda contient 14 g de sucres ajoutés aux Antilles, ils sont de 10 g en Métropole.
Le taux élevé de diabète oblige à prendre des mesures sanitaires pour infléchir la tendance. C’est ainsi qu’une loi visant à garantir la qualité de l’offre alimentaire en outre-mer, dite aussi loi Lurel sur le sucre, voit le jour le 4 juin 2013. Elle a pour objectif de réduire les taux de sucre des produits manufacturés et vendus dans les régions d’outre-mer.
« Le sucre du matin donne faim »
À chacun son opinion, à chacun sa faim, à chacun son sandwich, mais il est très important que le petit déjeuner ne dévie pas vers un excédent de sucre au lieu des bonnes protéines indispensable dont nous avons besoin et que nous apportent les œufs, le jambon, le poisson ou la viande ou encore les laitages ou les fruits oléagineux…
Il vaut mieux manger une orange que presser quatre oranges pour un jus de fruit. Le sucre est ainsi absorbé plus vite à l’état liquide qu’à l’état solide et vous aurez faim bien plus vite, ce qui vous obligera à encore grignoter quelque chose avant le prochain repas.
« L’équilibre des 4 bols »
Tout bon docteur a toujours une recette magique. Chez le Dr Séjean, il y a bien de la magie car ses bols (vos futurs bols) sont vides et c’est vous qui les remplissez avec ce que vous voulez dans le respect de la quantité et la nature de ce que vous y mettez. Ils ont fait le succès de ces dames qui ne se lassent pas d’empiler des bols neufs comme on empile des tasses ou des mugs.
Pour bien équilibrer son repas, dit-elle, il faut :
1 BOL de PROTEINES : viandes, poissons, œufs…
1 BOL de FECULENTS : riz, pois, légumes pays, pain…
2 BOLS de VERDURE : légumes verts et fruits (qui manquent souvent dans l’assiette créole).
L’idéal alimentaire est le même sur toute la planète. Une assiette équilibrée doit être harmonieuse et apporter les aliments dans les bonnes proportions. En mangeant plus de légumes verts et de fruits, nous rééquilibrons l’assiette créole souvent trop pauvre en fibres. En variant les assiettes, les extras gras et sucrés sont effacés. Il est légitime de manger un bon dessert après des crudités, un court-bouillon de poisson et des bananes jaunes à la vapeur !
Les protéines et les légumes verts diminuent fortement la rétention d’eau et stimulent la perte de poids et la perte de volume. Le bouillon, bu toute la journée, a un effet coupe-faim et drainant.
« Humm c’est trop bon ! »
Toute bonne chose consommée avec excès est nuisible. Le médecin déconseille les mains trop lourdes en sel, en sucre et les verres d’alcool qui se succèdent. Des extra, pour le grand bonheur de la bouche, qui peuvent être néfastes pour la santé en provoquant triglycérides, diabète, graisse sur le ventre et partout dans le corps, cholestérol, dépôts dans les artères, maladies cardiovasculaires…). Elle conseille aussi de soigner toute anémie avant d’entamer tout processus de perte de poids. Car la carence en fer, donc en oxygène au cœur de la cellule, provoque une résistance à la perte de poids.
Tout professionnel de la santé vous le dira, il faut bouger !
« Ba kò-aw balan », vous dira-t-elle. Il faut faire de l’exercice physique pour rompre avec la sédentarité sans pour autant devenir un sportif de haut niveau. Notre quotidien nous agresse trop, il faut relâcher la pression et le sport nous le rend bien physiquement et mentalement. La pratique de la marche suffit amplement (35 min, après le repas si possible).
Mieux manger, mieux bouger, mieux aborder sa santé avec une assiette qui est nôtre et aussi celle de notre mère : la Terre !
Les maladies en Outre-mer sont en majorité des maladies de la nutrition, et elles touchent aussi la majorité des populations, c’est pourquoi Nutricréole élargit aujourd’hui ses objectifs de communication à la « Santé des Outre-mer, Santé de la Terre ». Ce schéma est valable pour n’importe quel peuple.
Le Dr Séjean organise des conférences autour de l’alimentation partout en France et à l’occasion d’un énième retour à son pays natal et dans l’île sœur, la Guadeloupe, récemment, Pluton Magazine l’a suivie pour vous et vous livre quelques réponses :
PM : Dr Séjean, Nutricréole, pourquoi une spécialisation ultramarine ?
Dr : L’association Nutricréole a été créée en 2000 à la suite de la parution de mon tout premier livre, Mince ! Un régime créole, qui a suscité beaucoup d’enthousiasme. Sa vocation première était « La diététique en pays créole ». Aujourd’hui, Nutricréole s’est ouverte à la Santé et l’Alimentation de la Terre car la plupart des maladies des Outre-mer sont des pathologies de la nutrition et sont universelles. À savoir le surpoids et l’obésité, le diabète, les troubles cardio-vasculaires ou même le cancer.
PM : Puisque manger est un besoin physiologique, expliquez-nous pourquoi on se ferait du mal en mangeant ?
Dr : Tout est question de qualité et de quantité comme je le préconise dans mon dernier livre pratique, La Diététique Créole. La malbouffe et l’américanisation des assiettes se sont généralisées sur toute la planète. Trop de sucre, trop de graisses, trop de sel sont délétères pour la santé. Avec mon « principe des 4 bols », l’équilibre est rétabli très vite. 1 bol de protéines (poissons, œufs ou viande), 1 bol de féculents et 2 bols de précieux légumes verts et fruits. Bien sûr, des préparations saines faisant la part belle aux épices et aromates et limitant les excès néfastes.
PM : Quels sont vos rapports avec la nourriture en tant que nutritionniste, aimez-vous manger ?
Dr : J’adore cuisiner et manger ce que je prépare moi-même. Je suis un être gourmet. Comme tout un chacun, je craque pour des aliments caloriques. Ma tentation, c’est le petit accra à la morue bien pimenté avec un bon rhum vieux… mais pas tous les jours !
PM : Lorsqu’on parle de manger sain, même créole, n’y à t-il pas un peu d’ayurvéda dans tout cela ?
Dr : Nous sommes la somme de nos gènes, de notre environnement et aussi et surtout de ce que nous en faisons. La nourriture peut être source de vie ou de mort. Nous avons le choix de nous tourner vers celle qui nous apportera les éléments de l’équilibre. L’oxygène est notre premier aliment. En s’ancrant dans une respiration en conscience, comme je le développe dans mes ateliers nutrition, nous nous ancrons aussi dans une bonne alimentation.
PM : Pourquoi une diététique créole, on mange de tout aujourd’hui ?
Dr : Créole parce que l’on y fait référence aux aliments propres au terroir créole, qui est pour moi un territoire géographique. Il comprend Grandes et Petites Antilles, côtes caraïbes de la Colombie et du Venezuela et aussi de l’autre côté dans l’Océan indien : La Réunion, l’île Maurice, Rodrigues…
L’esclavage et la colonisation y ont imprimé une grande mixité culturelle et culinaire.
Le riz, céréale de base et les légumes secs et les épices sont universels. La patate douce, les fruits exotiques se démocratisent. L’igname et la banane plantain, la cristophine ou chaillotte ou des préparations comme le court-bouillon de poisson ou le blaff ont encore à conquérir le monde.PM : Parlons de votre dernier ouvrage, Les Délices coquins, recettes d’amour, vous mettez en appétit tous nos sens, pourquoi cette excitation et quel est le lien avec la diététique ?
Dr : C’est ma pause gourmande, mon petit plaisir après de nombreux livres pratiques sur la diététique des latitudes tropicales. Il flirte entre l’érotisme sensuel, la cuisine épicée et la joie.
C’est mon clin d’œil culinaire qui sublime l’effervescente des sens. J’aime rire et l’humour prodigue un soin reconnu par mes pairs. Hypnothérapeute, j’utilise l’art de la métaphore pour apporter à ma façon un soin riche en saveurs et images succulentes.
Je reste médecin avant tout !
Dr Marie-Antoinette Séjean, médecin nutritionniste, originaire de la Martinique.
Georges Cocks – Rédacteur rubrique santé
www.pluton-magazine.com
Secrétaire de rédaction Colette Fournier
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