Invité au salon du livre de la Brède (château de Montesquieu) , Henri Djombo ministre d’ Etat, ministre de l’Agriculture , de l’Elevage et de la Pêche de la République du Congo répond aux questions de Pluton-Magazine
Les années en Russie
Henri Djombo : Pourquoi la Russie ? Parce que cette année-là, en 1970, le président de la République avait décidé que tous les bacheliers devaient aller poursuivre leurs études supérieures dans les pays de l’Est. Alors que j’avais une bourse pour aller étudier en France, j’ai fini par aller à Moscou et j’ai fait mes études en économie forestière à Leningrad.
C’étaient des années de jeunesse, on était très gais, très joyeux, heureux d’apprendre et de savoir que nous préparions des carrières et que le pays avait besoin de ses cadres et devait se développer ; chacun dans sa spécialité était forcé d’être parmi les meilleurs. On a travaillé dans ce contexte-là et en même temps, il y avait une sécurité assurée pour les étrangers.
La situation a changé depuis en Russie pour les étudiants africains
Dans le temps, il faut dire que le parti communiste soviétique veillait aux bonnes relations avec les pays amis, les partis alliés, les pays en développement et assurait aussi la sécurité pour l’ensemble de la société. Malgré cela, il y avait toujours des particularités dans certaines villes. L’agression était courante. Je n’ai pas connu cela personnellement. Mais, vous savez, quand vous évoluez dans un milieu, il faut l’étudier, étudier la sociologie locale et éviter d’aller dans des endroits où l’on vous ne désire pas. Il ne faut pas devenir une provocation ; donc, le mieux, c’est de se tenir à carreau, d’être là où il n’y a pas de risque et c’est ce que je faisais, je n’allais pas dans n’importe quel milieu, dans n’importe quel endroit. Je n’allais pas dans les boîtes de nuit, dans les bars, j’allais au restaurant à la limite, mais je n’allais pas ailleurs. Je n’avais pas de fréquentation avec les jeunes locaux ou des russes ou autres. Aujourd’hui, je déplore la montée de la violence, surtout envers les étrangers et les africains, les noirs en général. Il y a beaucoup d’années que les crânes rasés prenaient pour cible les africains. Je pense que beaucoup de choses ont changé (La traque continue et les exactions continuent).
Pourquoi l’environnement ?
Aujourd’hui, je suis ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, mais j’ai été ministre de l’Environnement à deux reprises. Pourquoi ? à cause de mes convictions. Je voudrais que nous protégions l’environnement mondial et particulièrement nos écosystèmes, et exploitions notre biodiversité au service du développement et des intérêts de nos populations. Ce combat, je l’ai mené avec beaucoup d’ardeur et j’ai dû conduire des processus dans le bassin du Congo, par exemple, au niveau de l’Afrique, lorsque nous avions préparé Rio + 20. Nous avons travaillé cet engagement parce que le Congo était le coordinateur de la position commune africaine, donc il fallait la concevoir, la coordonner et être le porte-parole de l’Afrique Rio + 20. C’est ce que nous avons fait, je crois, avec efficacité, car le président de la République nous a félicités pour cela.
Sur le réchauffement climatique et l’Afrique
Il y a des engagements globaux qui ont été faits au cours des conférences sur le changement climatique et je pense que les pays du monde doivent suivre les orientations qui ont été données pour que nous allions vers un monde, un environnement bio, que nous puissions être victorieux dans la lutte contre le réchauffement climatique, et aussi que nous puissions lutter efficacement contre la pauvreté et pour un développement durable. Donc, ces États ont l’obligation de mettre en pratique, de mettre en œuvre, tous ces engagements qui ont été pris à différents niveaux.
Henri Djombo, le romancier et défenseur de la langue française.
L’écriture est un excellent outil pour communiquer avec les autres, faire connaître ses pensées, mais aussi faire passer des messages. Partager un discours simple pour lequel on n’attendait pas tant de gens. Donc, il vaut mieux que nous continuions à nous servir de l’écriture pour faire passer les messages et contribuer à l’éducation civique des populations, de la jeunesse, et puis, pour moi qui ai fait des études en Russie, écrire des pièces de théâtre en français. D’abord, vous savez que la langue, on l’apprend en primaire, au collège, au lycée et après, vous n’avez pas plus d’obligation de continuer tous les exercices qui se font sur la langue. La langue, c’est la pratique, ce que vous allez faire à l’université ne dérive que des classes antérieures. Je peux dire que j’ai appris une langue classique à l’école avant d’aller à l’université et puis j’ai fait des études spéciales en Russie. Mais, là-bas, le français a demeuré, le français chez nous demeure une langue officielle. La France reste la source de cette langue, le moteur de cette langue, mais si le moteur fatigue, après, la langue mourra. Il faut la pratiquer partout et à toutes les tribunes.
3 Questions pour finir.
Un roman préféré parmi ceux que vous avez écrits
Le livre, c’est comme un enfant. Si vous avez plusieurs enfants, vous ne pouvez pas dire que vous préférez celui-ci ou celui-là. Vous les aimez tous.
Un personnage de roman préféré ?
Joseph Niamo car il incarne la vertu, le courage. Il incarne la vertu tout court et à cela, il faut inciter notre jeunesse.
Le mot de la fin
Quand on aime quelque chose, on trouve toujours du temps. Dans les dossiers que je suis amené à traiter pendant mes voyages, je pense aux lettres. Je dois écrire. J’ai été heureux d’avoir été invité à ce salon avec 40 autres auteurs. Un univers littéraire plus vaste. À d’autres salons, on ne retrouverait pas les mêmes.
Retrouvez l’intégralité de l’interview audio ici
Interview Dominique Lancastre
CEO Pluton-Magazine
Secrétaire de rédaction Colette Fournier
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C’est encourageant pour notre génération de suivre l’exemple et de ne pas se laisser abattre par les événements mais plutôt de partager en écrivant car par l’écriture nous communiquons.
Bonjour,
J’ai eu le plaisir de croiser votre route à La Brède et je découvre avec intérêt votre interview qui me fait vous connaître mieux. J’apprécie beaucoup vos réponses et particulièrement votre parcours la défense de vos valeurs et la réponse à propos de la préférence de vos livres. Je crois que ce que ce que j’apprécie surtout c’est votre modestie, votre humilité.
Amicalement,
Claire Courtial