Les meilleures galeries se trouvent à Londres et les meilleurs collectionneurs y sont également, car plus ouverts et plus intéressés par un éventuel changement du modèle de galerie.
Nicolas Hugo est très fier d’être français. Mais en tant que jeune entrepreneur, cela n’a pas toujours été facile. D’après lui, il y a des avantages considérables à vivre en France, mais si le progrès y existe, il s’accompagne d’une certaine peur. Par une volonté de rester authentique à tout prix, l’évolution s’est appauvrie en France et le besoin de progresser grandissant de Nicolas, tout comme celui de faire évoluer le concept de galerie, l’a poussé à sortir du cocon.
Il présente alors sa première exposition pop-up à Londres, réalisée en collaboration avec la jeune entrepreneure Rosie Osborne. Un group show de 5 artistes internationaux : Margaux Valengin, Jonathan Lux, Kimia Ferdowsi Kline, Theo Haggai et Sandra Blow sous la bannière The World’s Mine Oyster. Référence explicite à Shakespeare, mais également à cette expression communément utilisée par les anglais de nos jours.
The World’s Mine Oyster
Espace, opportunité et découverte. Voilà ce qu’évoque la phrase « le monde est ton huître ». Elle fait penser à une liberté enfantine, au concept du pionnier sans complexe et audacieux dont la prise de risques est récompensée. « Le monde est mon huître » est tirée de la pièce Les Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare, dans laquelle Pistolet brandit cette menace après que Falstaff a refusé de lui prêter de l’argent. Fou de rage, Pistolet affirme qu’il prendra ce qu’il désire par la force si on ne le lui donne pas. Nous avons hérité de cette phrase et sans sa connotation violente originale, nous l’utilisons aujourd’hui pour dire qu’il ne tient qu’à nous de profiter du monde, que des possibilités infinies s’offrent à nous. Pour trouver une perle, il faut ouvrir des milliers d’ huîtres, mais ce qui compte le plus, c’est le résultat, magnifique, naturel, brut.
Le monde permet de faire fortune, mais cela dépend des efforts de tout un chacun. L’artiste français Théo Haggai dessine des personnages, qu’il appelle ses « Rêveurs », sur toile, sur des rochers ou sur des murs en ville. Ces petits personnages qui tentent d’atteindre la lune ou se balancent sous les étoiles, semblent chercher cette perle. Haggai, qui travaille à la caisse d’un supermarché pour payer son matériel de peinture, parle de cette lutte dont il est le témoin au quotidien. Ce désir est également présent dans les peintures joyeuses, nostalgiques et sans complexe de Kimia Ferdowsi Kline. Sa volonté de retrouver le paradis perdu et cueillir le fruit défendu de son Iran natal est omniprésente dans son travail. Les peintures fantastiques et élégantes de Jonathan Lux sont un peu une énigme et sa palette de couleurs est complaisante, acide et brute. Des souvenirs et des éléments subconscients et récurrents coexistent dans ce langage pictural surréaliste. Les couleurs vives caractéristiques, les lignes fluides indomptables et les gestes picturaux insouciants de l’artiste évoquent une joie de vivre infinie, doublée d’une envie d’évasion sans limites.
Les sujets (personnes, lieux et relations) se relâchent, se dissolvent et s’épanouissent dans un monde où les règles restent audacieusement malléables. Le carnet à croquis de Lux fourmille de dessins rapides de silhouettes et de rencontres aux allures de bandes dessinées qu’il dessine lorsqu’il prend le métro londonien. La débauche et les relations humaines sont dépeintes avec talent et sont à la fois perturbantes et libératrices. Valengin et Kline explorent et jouent avec le sexe et la nudité dans leurs tableaux. Au fil de l’histoire, auteurs et artistes se sont révélés dans des associations érotiques impliquant l’huitre, un aphrodisiaque naturel. À l’époque d’Élisabeth Ier, l’huitre était censée représenter les organes génitaux féminins, ainsi que la pureté et la magie de la perle.
Kline peint de sensuelles silhouettes de femmes dans des jardins persans et des groupes de femmes nues assises au bord de la piscine. Valengin explore souvent les formes féminines dans ses peintures, ainsi que des groupes d’adolescents pratiquant le sexe oral, qu’elle contraste avec une touche picturale et réaliste qui donne envie au public de fouiller au-delà de la toile. Ses œuvres nostalgiques révèlent une profondeur cachée, explorent la nature afin de décrire une certaine « étrangeté », comme l’explique Valengin. Dans ses toiles, tout n’est pas aussi calme que ça en a l’air. Audacieuses, expansives et assurées, les œuvres de Sandra Blow rassemblent l’énergie visuelle de ses compositions avec des points et des accents, des couleurs plus vives. L’explosion d’une liberté infinie est omniprésente sur ses grands tableaux, avec des éclaboussures de couleurs audacieuses, de grands morceaux de papier déchiré et des découpages dans la toile.
The World’s Mine Oyster
Expanse, opportunity and discovery. These are the feelings evoked by the phrase, ‘the world’s your oyster’. It implies unapologetic trailblazing, risk being rewarded and daring, childlike freedom. ‘The world’s mine oyster’ originates from Shakespeare’s The Merry Wives of Windsor, where Pistol makes this threat after Falstaff refuses to lend him money. Flying into a rage, Pistol asserts that he will take what he wants by force if it is not given, making it his. We inherit the phrase today, absent of its original violent connotation, to mean that the world is ours to savour, that limitless opportunities await us. To find a pearl, one must open thousands of oysters, but it’s the prize that counts the most – something precious, organic and raw.
The world may hold the possibility of making a fortune, but it depends how hard one looks for it. French artist Théo Haggai draws fictional characters that he calls his ‘Dreamers’, on canvas, rocks and and city walls. These little characters, who reach for the moon, or sit on swings under the stars, seem to be searching and striving to find that pearl. Haggai, who works as a cashier in a supermarket to pay for his painting supplies, talks of this striving that he witnesses on a daily basis. This sense of yearning is also present in Kimia Ferdowsi Kline’s unapologetically joyful and nostalgic paintings. Her quest to re-find a paradise lost, to capture the forbidden fruit of her homeland Iran, pervades her work.Jonathan Lux’s fantastical and seductive paintings appear to be something of a puzzle, and his choice of colour palette is indulgent, acidic and raw. Memories, subconscious and reoccurring fantasy elements exist together as part of a surreal pictorial language. The artist’s characteristic vivid colours, untamed flowing lines and carefree painterly gestures evoke limitless joie de vivre and escapism.
The subject matter – people, places, and relationships – loosen, dissolve and flourish, in a world where the rules remain daringly malleable. Lux’s sketchbooks are full of quick, comic-like drawings of figures and encounters that he draws whilst travelling on the London tube. Debauchery and human relationships are depicted with flair, and they are at once perturbing and liberating.Valengin and Kline explore and play with sex and nudity in their paintings. Authors and artists throughout history have revelled in the erotic associations of the oyster, nature’s aphrodisiac. In Elizabethan times, the oyster was perceived to signify female genitalia, as well as the purity and magic of the pearl.
Kline paints sensual outlines of females in Persian gardens and groups of women sitting together naked by swimming pools. Valengin often explores the female form in her paintings, or groups of teenagers performing oral sex, contrasted with a painterly, realistic touch that stirs in the audience a desire to delve behind the painting. Her nostalgic paintings reveal a hidden depth, exploring nature, with the aim to depict a certain ‘oddness’, as Valengin explains. In her paintings, things are not quite as they seem. Her nostalgic paintings reveal a hidden depth, exploring nature, with the aim to depict a certain ‘oddness’, as Valengin explains. In her paintings, things are not quite as they seem. Bold, expansive and assured, Sandra Blow’s paintings hold together the visual energy of her compositions with points and accents of sharper colour. The explosion of limitless freedom is everywhere in her large-scale paintings, with splashes of unapologetic colour, large pieces of ripped paper and slits in the canvas.
Propos recueillis par Dominique Lancastre
Secrétariat de rédaction Colette Fournier/Lyon
Copyrights Pluton-Magazine/2016/Paris
Traduction Gotranslate/Belgique
Crédit photos Nicolas Hugo/Londres