Nos maux bénins peuvent avoir une origine insoupçonnée : la glande thyroïde

 

Par Georges COCKS

 

Vous avez du mal à dormir, vous êtes constamment fatigué, vos mains sont moites, vous êtes toujours irrité ou alors vos cheveux et vos ongles deviennent fragiles, votre peau squameuse, vous prenez du poids … toutes ces situations ont l’air bénin et nous pensons à tort qu’une simple halte à la pharmacie pourrait résoudre ces problèmes, mais après plusieurs mois, ces petits soucis continuent à s’accrocher dur comme fer.

Dans ce cas, une consultation médicale s’impose, associée à un bilan sanguin pour vérifier si notre glande thyroïde n’est pas en cause, et qu’elle ne dysfonctionne pas. Cette petite glande, fragile, peut occasionner des modifications de notre vie, auxquelles nous n’accordons pas assez d’importance.

 

 

Qu’est-ce que cette glande thyroïde ?

C’est une glande endocrine, c’est-à-dire qui produit des hormones : substances libérées dans notre sang. Elle se situe à la base du cou et a la forme d’un papillon (chaque aile droite ou gauche est appelée lobe droit ou gauche).

Elle produit des hormones dans des organes comme les ovaires, les testicules, le pancréas…. Ce sont les hormones thyroïdiennes qui sont transportées dans le sang et dans tout l’organisme pour garantir son bon fonctionnement et nous assurer une meilleure santé et un bien-être au quotidien. Ces hormones contrôlent l’ensemble de notre métabolisme en assurant notre survie et notre capacité d’adaptation à toutes les situations : régulation de la chaleur, fonctionnement de nos organes…

Chez l’homme, on retrouve deux types de dysfonctionnements de la glande thyroïde : l’hypothyroïdie (la glande ne produit plus assez d’hormones) et l’hyperthyroïdie (la glande produit trop d’hormones).

Comme nous l’avons dit, les symptômes d’un dérèglement de la thyroïde sont des signes habituellement trompeurs. Trop souvent, nous pensons que ces symptômes sont le résultat de notre mode de vie, devenu effréné et oppressant.

La fatigue est l’un des premiers symptômes d’un problème de thyroïde.

Dans l’hypothyroïdie, il y a une asthénie (épuisement général sans avoir fourni d’effort, physique et psychique) dans 99 % des cas. L’apparence physique peut aussi être révélatrice de ce dysfonctionnement : prise de poids, cheveux secs et cassants. On retrouve une frilosité anormale, une constipation, une baisse de la libido.

Dans l’hyperthyroïdie, on retrouve aussi une asthénie liée aux troubles du sommeil (insomnie), une transpiration excessive, une accélération du rythme cardiaque avec palpitations, un transit intestinal augmenté (selles fréquentes ou molles), des troubles du cycle mensuel et une baisse de la libido. Parfois, une atteinte oculaire est possible avec sécheresse et picotement oculaire voire des yeux qui sortent des orbites (exophtalmie).

Bien qu’elle est plutôt fréquente chez la femme, le nourrisson et l’enfant ne sont pas pour autant épargnés.

 

Le Dr VELAYOUDOM-CEPHISE Fritz Line, Chef du service d’Endocrinologie-Diabétologie-Nutrition du CHU de Pointe à Pitre, en Guadeloupe, répond aux questions de Pluton Magazine.

 

 

PM : Quelles différences y-a-t-il entre l’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie ?

 

L’hypothyroïdie est une pathologie causée par une thyroïde qui ne produit pas suffisamment d’hormones thyroïdiennes. Elle peut avoir plusieurs causes, notamment une origine auto-immune, une atteinte de la glande, un apport d’iode trop faible ou trop élevé.

L’hyperthyroïdie se produit quand la thyroïde libère trop d’hormones thyroïdiennes dans le sang, ce qui accélère le métabolisme du corps. Dans la majorité des cas, elle est due à une maladie appelée la maladie de Basedow. Dans ce cas, les anticorps présents dans le sang activent la thyroïde, entraînant une augmentation de sa taille avec une sécrétion excessive d’hormones thyroïdiennes.

Il est important que les symptômes d’hyperthyroïdie ne restent pas sans traitement, car ils peuvent entraîner de graves complications.

 

PM : Les perturbateurs endocriniens sont-ils responsables du dérèglement de la glande thyroïde ?

 Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques capables d’interagir avec le système hormonal. Ils sont nombreux et présents dans notre environnement : dans les cosmétiques, dans l’alimentation, les pesticides…  Des études chez l’animal avec certains de ces perturbateurs ont mis en évidence des anomalies de fonctionnement de la glande thyroïde. Chez l’homme, plusieurs observations de troubles neurologiques ont été rapportées et seraient en lien avec certains de ces perturbateurs, mais il manque des études méthodologiquement bien menées pour confirmer le lien de cause à effet de ces molécules sur la thyroïde, et surtout identifier la nature des perturbateurs possiblement impliqués dans les anomalies (fonctionnelles ou morphologiques) de la thyroïde.

De toute façon, pour rester en bonne santé, il faut savoir lire les étiquettes des produits que nous utilisons ou consommons.

 

PM : L’alimentation est aussi un facteur aggravant pour les anomalies thyroïdiennes, que pouvez-vous nous en dire, et quels conseils nous donner en termes de prévention ?

Certains des aliments que nous mangeons sont riches en substances qui modifient le fonctionnement de la thyroïde et peuvent conduire à un goitre (thyroïde augmentée de volume).

Par exemple, le chou, les navets, le millet, le manioc sont riches en thiocyanates qui bloquent l’action des enzymes permettant de fabriquer les hormones thyroïdiennes. Les flavonoïdes contenus dans les épinards, l’ail, le brocoli, l’arachide conduisent à l’apparition d’un goitre. Pour fonctionner, la glande thyroïde a besoin d’iodure (l’iode). Un déficit en iode peut entraîner l’apparition d’un goitre, mais l’excès d’iode est possible aussi et accélère la production des hormones qui génèrent une hyperthyroïdie.

 

PM : Avez-vous noté des conséquences sur la population des Antilles ?

Les Antilles ne font pas partie des zones carencées en iode. Pour l’instant, nous n’avons pas d’études nous permettant d’analyser les relations entre notre alimentation ou notre mode de vie de façon plus globale, et la survenue des pathologies thyroïdiennes. Des études vont être mises en place au CHU de Pointe-à-Pitre, Guadeloupe.

 

PM : Pourquoi les dysfonctionnements thyroïdiens sont-ils plus graves chez l’homme que la femme ?

D’abord, ils sont plus fréquents chez la femme qui connaît plus de variations hormonales que l’homme et a sans doute plus de sollicitations du système immunitaire, qui doit s’adapter en permanence : grossesse, accouchement, allaitement, cycle menstruel …

Par contre, il est effectivement décrit des formes plus sévères d’atteinte thyroïdienne chez les hommes. Les études ne permettent de faire que des hypothèses : rôle de l’exposition à des facteurs environnementaux différents ? Rôle du système immunitaire moins sollicité chez l’homme tout au long de sa vie ?

 

PM : Faut-il s’inquiéter outre mesure si nous sommes diagnostiqués positifs à l’un des dysfonctionnements thyroïdiens et existe-t-il des solutions médicinales ?

Non, il ne faut pas s’inquiéter. L’hypothyroïdie liée au manque d’hormones thyroïdiennes se soigne : il faut alors prendre à vie le plus souvent des hormones thyroïdiennes que votre médecin vous prescrira. La prise de sang permet de vérifier que vous avez le bon dosage. L’hyperthyroïdie se soigne aussi, mais le traitement dépendra de la cause : médicaments, chirurgie ou iode radioactif.

En dehors des traitements achetés à la pharmacie ou faits maison, avec leurs effets secondaires parfois bien connus, la persistance de symptômes qui semblent mineurs nécessite une consultation auprès d’un médecin.

Prenez garde aux publicités pharmaceutiques qui peuvent vous faire minimiser et retarder une prise en charge correcte d’un dérèglement thyroïdien, et veillez à ce qu’il ne soit pas trop tard pour un avis spécialisé.

Un mode de vie sain associant une variation des produits alimentaires et des produits d’utilisation courante pourrait vous aider à protéger votre glande thyroïde de tout dysfonctionnement.

 

 

Mesdames et messieurs, vos produits de beauté ou d’entretien en sont chargés, alors n’hésitez pas à vous référer à cette longue liste de produits « perturbateurs endocriniens » par un simple clic sur internet. Vous pourrez ainsi mieux les identifier s’ils figurent sur les étiquettes de ce que vous achetez.

 

 

 Georges Cocks, auteur, romancier, poète…

 © PLUTON MAGAZINE 2017

Secrétaire de rédaction Colette FOURNIER

 

 

 

Conférence santé du 14 septembre 2017 du Dr Docteur VELAYOUDOM-CEPHISE Fritz Line, Chef du service Endocrinologie-Diabète-Nutrition du CHU de Pointe à Pitre,

 

Le Dr Fritz-Line VELAYOUDOM CEPHISE est aussi présidente de l’association de professionnels de santé (AKaDE SIK E SIK : Association Karukéra Diabète et Endocrinologie SIk é Sik).

Cette association regroupe plusieurs professionnels de santé (médecins, chirurgiens, infirmières, diététicienne, podologues…), tous bénévoles et impliqués dans la prise en charge du diabète et des maladies hormonales.

Elle a pour but de favoriser la prévention des maladies chroniques en allant au contact de la population par des actions de sensibilisation et de dépistage, seule ou en partenariat avec d’autres associations.

Elle a aussi pour but d’assurer la formation d’autres professionnels de santé, mais aussi de la population selon ses attentes pour que chacun soit acteur dans le maintien de sa bonne santé. Quand on comprend pourquoi et comment arrive une maladie que l’on peut éviter et que l’on connaît aussi ses complications, on fait plus volontiers ce qu’il faut pour rester en bonne santé. 

 

 Georges Cocks, auteur, romancier, poète…

 

 © PLUTON MAGAZINE 2017

 

 

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=N49je3KMCq8

 

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