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Par Cocks Georges
Il n’est pas question de remuer le couteau dans la plaie sur une quelconque reconnaissance de crime contre l’humanité, d’esclavage, ni de joutes de couleurs d’homme à homme, mais bien d’un crime universel qui consiste à asservir la pensée en la privant de réfléchir et décider par elle-même.
« Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! » disait La Marquise de Sévigné.
Nous pensons que nos choix sont faits en âme et conscience et très souvent nous les revendiquons haut et fort, mais ce n’est que le résultat d’un lent et long processus qui se met en place dès le berceau.
La pensée unique
Le concept de pensée unique est majoritairement adopté à l’unanimité, parce que oui, une pensée unique devrait aboutir à une société meilleure. Des individus ayant des objectifs communs du bien, du bon sens en toute impartialité, répudiant le mal, prônant l’altruisme, seraient la finalité de la pensée unique. Or, ce n’est pas le cas au regard de la société mondiale. Les idées majoritaires dans la plupart des pays gravitent autour d’axes à forte influence comme l’économie, la politique et la science… Ce conformisme tend à offrir le plat sans se poser trop de questions concernant l’origine de ce que l’on mange. La faim et l’assouvissement du besoin de manger font que même le choix de ce qu’on voudrait manger se trouve occulté. Certains voient en cela une manipulation de masse et ceux qui cherchent à s’en affranchir sont considérés comme des « terroristes » car ils troublent soi-disant l’ordre public qui en fait n’est qu’un désordre logique que personne ne voit, trop aveuglé, aliéné par le travail dont on a ôté l’opus au salarié par le loisir pour soigner le mal-être du quotidien, par la prison de verre qui maintient sous hypnose, dans des draps soyeux, la masse mondiale.
La propagande
Les médias de masse dont la plupart se trouvent sous contrôle de l’État directement, reçoivent des subventions de celui-ci ainsi que des grands groupes privés qui contrôlent l’information et conduisent auditeurs et téléspectateurs dans la direction voulue. Il y a peu de débat neutre, de prise de parole franche, on ne peut pas tout dire même respectueusement ; on ne peut pas rire même ironiquement, la censure est là, partout, pour rappeler qui tient la bride. Les médias ont les même sources, copient les informations et souvent mènent une bataille acharnée pour la primauté de l’info qui est fréquemment erronée. Le système scolaire public et universitaire procède à son formatage en vue de préparer une future génération à accepter des mœurs que leurs parents répudiaient jadis. La télévision que l’on regarde passivement aujourd’hui, rend en définitive les gens aussi passifs dans tous les aspects de leur vie. Au JT du soir, elle montre les résistants comme des sauvages, des casseurs qu’il faut emprisonner pour montrer qu’on a raison. Qu’on a raison de les interner, et la prise de parole médiatique est si habile que peu de gens voient en ce militantisme acharné, jusqu’à en mourir, le chemin pour un meilleur avenir, pour un futur plus propre sur le plan alimentaire, environnemental et sociétal. La publicité joue aussi un rôle essentiel. Elle manipule les jeunes esprits pour inciter les parents à l’achat, et torture l’esprit des plus grands. Elle présente sous un beau jour les sujets qui fâchent, comme l’alimentation, la santé, les conflits…
Le marketing étudie les envies, crée des besoins, contrôle le sujet pour l’inciter à l’achat impulsif et effréné. Tout est agencé dans un hypermarché pour vous faire ressortir avec ce dont vous n’avez pas besoin. Les journalistes parlent des mêmes sujets sans cesse au détriment d’autres sujets de sociétés plus importants. Il faut parler de la crise dans tel pays, montrer et exagérer l’information pour justifier l’envoi de troupes qu’on accepte sans se poser plus de question car comme tous les médias en parlent, c’est forcément vrai.
Le danger, c’est de ne plus se poser de question.
Les réseaux sociaux sont venus en force accélérer ce mimétisme aux quatre coins du globe comme une vraie épidémie.
Courants et philosophies
Ils n’ont pas toujours été bénéfiques tout au long de l’histoire de l’homme. On retient trop peu ceux qui avaient le pouvoir de changer les choses. Manifestement ces courants ont créé des disparités dans tous les milieux, qu’ils soient artistiques, culturels, politiques, religieux… et tous ceux qui ne sont pas dans la ligne de conduite sont écartés sur la base d’un jugement fondamentaliste universel. La différence, la diversité ne sont pas tolérées quoiqu’on fasse semblant de l’accepter. Tout se fait entre amis de même classe, de même rang, de même religion et tout ce système vit en parasite au détriment du bas peuple qui est le consommateur final, le pourvoyeur de la reconnaissance.
Le démasquage est fait. Politologues, artistes, écrivains, poètes, économistes, scientifiques, théologiens… osent la délation en tout en sachant qu’ils n’ont rien à gagner car ils seront forcément haïs. Mais la pensée est tellement bien implantée que l’effort de la décolonisation semble inhumain et hors de portée, car le conformisme est par essence le gardien d’une façade qui finira par tomber un jour. On le sait tous, nous critiquons, mais l’inaction est à son paroxysme. Le zapping, les loisirs sont faits pour l’oublier.
L’intelligence artificielle
Nous avons fini par abdiquer face à la machine. Elle serait plus intelligente que nous. Sans doute car le quotient intellectuel diminue d’année en année. On en parle peu, mais la crétinisation gagne du terrain. Les innombrables objets connectés qui nous entourent en seraient responsables. Il n y a plus d’effort pour mémoriser, nos data sont stockées partout sur des clouds, des disques durs, des cartes mémoires, et le cerveau s’abreuve au puit d’eau déminéralisée. Ces gadgets sont plébiscités pour améliorer notre vie, mais en fait, ils nous rendent fainéants, nous empêchant de réfléchir par nous-mêmes, nous en sommes devenus les parasites. On les achète, on les améliore, on les rachète avidement car ils sont devenus indispensables. L’intelligence artificielle est créée par l’intelligence humaine, mais une élite de scientifiques se perfectionne pour nous rendre crétins et bien sûr, l’IA nous supplantera car déjà aujourd’hui, un conducteur automobile qui a passé son code tourne à gauche dans un rond-point sans le contourner, provoque un accident, accuse et trouve pour excuse que le GPS avait dit de : « tourner immédiatement à gauche »
Gare à la critique
La liberté d’expression, comme nous l’avons dit, est bâillonnée. Les commentaires sur des forums sont supprimés par les modérateurs car ils vont à l’encontre de l’idéologie commune. Certains posts, blogs ou pages peuvent être tout simplement supprimés et la chasse à l’homme peut être lancée quand vraiment la fuite devient béante comme pour Julien Assange de Wikileaks. Ces hommes à qui les voix sont données par le vote populaire en toute confiance agissent souvent à l’encontre de l’éthique et veulent cacher ces méfaits qui mettent souvent la vie même de millions de personnes en danger sur le plan sanitaire. Certaines organisations gardiennes de la santé reçoivent des financements de groupes dont l’image et la notoriété sont entachées partout dans le monde. Les résultats d’analyse de produits induisant à la mortalité et la parution de nouvelles maladies sont passés sous silence jusqu’au jour où une famille ruinée dans les procédures judiciaires fait éclater l’affaire et que voyons-nous ? Tous les média en hypocrites courent relayer l’information. Souvent ils la savaient à l’avance mais ils ne pouvaient pas soi-disant en parler.
Les libertés conférées par la pensée unique ne sont en fait qu’une prison. Ces libertés divisent les deux classes : les riches et les pauvres. Chacune d’elle pense avoir fait ou réussi quelque chose d’extraordinaire par son propre pourvoir décisionnel, mais en fait, elle accomplit la volonté prévisionnelle d’une pensée qui n’est pas la sienne.
Grosse maison, voiture, bateau et piscine sont la preuve de la réussite et du bonheur. Qui a défini ce modèle comme étant un gage ? Qui est-ce qui le cultive et le vend ? La télé, les panneaux publicitaires, le véhiculent depuis des années et la proposition n’a pas changé. Une pensée consommatrice pour asservir les humains et détruire son environnement, et détruire aussi l’homme en même temps comme un nuisible. Mais en fait les consommateurs ne sont pas les nuisibles. On leur fait croire cela si habilement qu’ils adhèrent à cette pensée et se culpabilisent. On leur demande des efforts considérables. Il leur faut gérer leurs ordures, gérer les ressources énergétiques, mais ce sont les fournisseurs qui sont la cause directe de ce chaos planétaire et les victimes se pansent entre elles, entre vulnérabilité et culpabilité. Il faut pouvoir faire son propre choix et ne pas faire un choix parmi des choix multiples proposés à l’avance : c’est un contentement et non une satisfaction de son choix. Où est le choix quand vous avez envie d’un bonbon à la menthe et qu’on vous propose un bol de bonbons ou il n’y a pas de bonbon à la menthe ? Il faut pouvoir dire « voilà ce que je veux pour me sentir mieux » et non se contenter d’un asservissement aiguisé. Le droit à la liberté, le droit à l’expression sont des droits naturels qui ont été aujourd’hui légiférés. Même la liberté conférée par la pensée unique peut se terminer au tribunal si vous en abusez trop. La ramification est insidieuse, on y participe tous dans une certaine mesure, mais voulons-nous vraiment nous en passer ? Des jours oui, puis le jour d’après non. Qui a le droit de penser unique pour nous tous ? Ne sommes-nous pas en train de promouvoir automatiquement le concept de la pensée unique ? La fabrique de l’aliénation est omniprésente. La pensée unique n’est en fait qu’une monopolisation du pouvoir intellectuel par une élite qui ne cherche pas à découvrir la vérité absolue mais à étendre un contrôle universel sur des individus inconscients du pouvoir incommensurable qui se cache dans leur cerveau.
Cocks Georges (Auteur)
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