Par Jean-louis LORENZO
La saison de Musique au Cœur du Médoc est lancée.
C’est toujours un plaisir, outre celui de savourer une interprétation musicale, d’entendre au préalable de la bouche même de l’un ou l’autre des virtuoses présents un pan d’histoire, qu’il s’agisse de la naissance d’une œuvre, de son auteur ou de l’instrument. Eh bien, ce premier concert de la saison 2018-2019 n’a pas dérogé à la tradition et cette fois nous sommes remontés à l’Antiquité, allant au devant de ces premiers instruments nés de coquillages, de cornes qui en appellent toujours au (bon) souffle de l’humain, de sa capacité ensuite à agencer les notes, mélancoliques, joyeuses, espiègles… l’instrument peut chavirer les cœurs ou bien les booster dans l’allégresse. Quel chemin parcouru en effet depuis tout ce temps ! depuis ces instruments nés de la terre, du vent et des océans, présents dans les mondes égyptiens, chinois, indiens ou encore romains qui ont évolué au fil des siècles, bientôt en métal, comme leur forme, à l’exemple du Serpent français au XVIIe siècle, des clés (1777) jusqu’au piston apparu dès le XIXe siècle.
Le thème choisi d’ailleurs pour cette rentrée était justement « La trompette, de la Renaissance à nos jours », le Quatuor de Trompettes a donc tout naturellement choisi dans cet esprit un répertoire éclectique, allant des danses de la Renaissance aux musiques de films de notre temps. Sur les gazons du Château Malescasse, sous un ciel chargé mais qui finalement a épargné les spectateurs, Anouchka Marot, Élie Toledano, Orphée Rebeyrol et Michel Jacquot nous ont ainsi permis ces incursions musicales entre les époques. Ainsi, par exemple, avec cinq Marches « héroïques » jouées jadis dans les cours royales européennes. Ce Quatuor est une formation issue du Grand Ensemble de Cuivres du Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique et de la Danse de Bordeaux, sous la direction du Quatuor EPSILON.
Après le concert, et pour ne pas déroger à une sympathique tradition, l’assemblée s’est retrouvée autour d’un verre non loin des chais odorants et prometteurs, pour une amicale collation.
L’entretien
Franck Pulcini est professeur de trompette au Pôle d’Enseignement Supérieur de Bordeaux Aquitaine et professeur au Conservatoire de Bordeaux. Il a été pendant vingt-cinq ans aussi trompette solo de l’Orchestre symphonique de la radio, la SWR à Baden Baden, et Fribourg en Allemagne. Il a joué et joue dans les orchestres les plus prestigieux.
JLL : Alors, ces élèves !
FP : Ah des élèves magnifiques ! Ils arrivent de toute la France, parfois de l’international. Ce sont des jeunes gens, jeunes filles qui rentrent sur concours pour intégrer donc ce Pôle, ils y viennent pour une durée de trois ans, et ils vont y passer ce qu’on appelle une licence, le DNSPM (diplôme national supérieur professionnel de musicien – NDLR-) qui leur permettra ensuite de s’orienter vers l’enseignement, ce diplôme étant délivré au sein du Pôle, ou alors après, de préparer les concours d’orchestre ou internationaux. C’est vrai qu’ils sont triés sur le volet mais ce sont de beaux solistes en devenir. On dispose, on a à Bordeaux en termes de cuivres, vraiment, une très bonne cote et particulièrement aussi avec l’ensemble UPSILON, dont je fais également partie et où on les initie vraiment à la section d’orchestre, à la section musique de chambre. Et justement, en faisant des ensembles, comme celui que vous avez pu entendre aujourd’hui, le Quatuor de Trompettes.
JLL : Des tournées ?
FP : Oui, bien sûr, à l’exemple de ce que nous vivons aujourd’hui en Médoc, mais oui, nous mettons en place des tournées et c’est chaque fois l’occasion de jouer devant un public qui n’est jamais indifférent. En tout cas, vous l’avez bien ressenti sans doute, pour eux, c’est super motivant, ils « sortent » de l’espace de formation, ils sont dans la réalité de leur vie ou future vie professionnelle et ça, c’est stimulant au possible, oui.
JLL : Avec le répertoire de cet après-midi, on l’a bien compris, nous avons navigué un peu dans le temps. Qui l’a choisi, vous ?
FP : Non non, je leur ai laissé complètement le choix, ils vous ont fait la surprise, ils ont balayé en effet le temps et l’espace, une grosse palette de couleurs différentes… souvent des arrangements mais bien sûr des pièces originales.
Carte de Visite : Château Malescasse
Il trône sur un terroir de belles graves médocaines, composé de 42 hectares, sur un point culminant de Lamarque, comme l’atteste un joli et emblématique moulin à vent qui a été restauré cette année. Après plusieurs propriétaires dont la trace remonte au XIXe siècle, le domaine, racheté en 2012 par Philippe Austruy, a fait l’objet d’une « restructuration de fond afin d’adapter au mieux chaque cépage à la trentaine de parcelles identifiées » (Cf. Château). Aux côtés du merlot et du petit verdot, la proportion de cabernet-sauvignon a été portée à presque 50 % de l’encépagement. On signe là un retour à l’identité typiquement médocaine.
Les vignobles Philippe Austruy comptent aussi d’autres crus prestigieux, en Côtes de Provence, en Toscane et au Portugal.
(www.CHATEAU-MALESCASSE.COM) Chemin du Moulin Rose – 33460 Lamarque)
Prochain rendez-vous musical de MACM : dimanche 14 octobre, en l’abbaye de Vertheuil, Salle des Augustins, à 16 heures, pour « Mozartement vôtre » violons, alto et violoncelle.
Rédacteur Jean-louis Lorenzo
Secrétaire de rédaction Colette Fournier
Pluton-Magazine/2018