« Idiots » serions-nous d’enrichir les fakers de notre précieux temps.

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Par Georges COCKS

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La contrefaçon de l’information, un enjeu mondial.

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Cela pourrait être invraisemblable mais c’est ce qui ce passe quand vous passez votre temps à facebooker, à twitter, à partager à l’infini des infos, des vidéos et des images truquées, modifiées, manipulées, sorties de leur contexte, qu’on appelle des fake ou des fake news (informations fallacieuses, infox ou fausses nouvelles) . Vous faites gagner facilement de l’argent à des gens qui vous traitent ouvertement d’abrutis car il n’y a aucune valeur à vous nourrir de ces inepties, ni à les transférer. Cela ne sert à rien intellectuellement parlant, c’est même nuisible. Certains peuvent se faire entre 10 et 30000 dollars par mois aux USA en monétisant leur site de fakes news avec de la publicité. Ces informations sont délibérément fausses, délivrées dans le seul but de tromper.

Pourquoi aimons-nous ça ?

Nous pouvons au moins identifier deux raisons à cela. Premièrement nous n’aimons plus lire beaucoup et nous avons un goût prononcé pour les images. Notre capacité d’attention étant limitée lorsqu’on fait face à un flot important d’informations, on préfère les lectures courtes. Nous sommes de ce fait moins regardants sur la qualité et la véracité de ce que nous allons partager. Deuxièmement, nous préférons nous informer de plus en plus via les réseaux sociaux. Ce sont les meilleurs outils pour véhiculer ce genre de mensonges, car l’info échappe à tout contrôle. Des articles sans sources, sans noms de rédacteurs, des adresses web de magazines et d’informations notoires mal orthographiées. On lit vite et mal, on pense avoir compris avant même d’avoir lu, et souvent on ne lit pas du tout.

C’est ainsi que beaucoup de photos sur le mouvement des gilets jaunes n étaient en fait qu’une photo décontextualisée d’une autre grève, d’un autre mouvement où des employés avaient pris d’assaut une route à deux voies. Il en va de même de photos de catastrophes naturelles et bien d’autres images à sensation. La xénophobie envers certaines races ou certains peuples fait qu’on enlève de leur contexte une image à coup de logiciel photo, on fait un copier-coller d’une bannière d’un journal et hop le tour est joué. Le vieux journal papier se meurt, on ne s’assoit plus sur le banc public dans le parc, ou dans le train, le smartphone est toujours vissé à la main. C’est un fidèle ami, on a toujours confiance en son ami, n’est-ce pas ? La défiance vis-à-vis des medias alimente ce vaste processus d’abrutissement. C’est ainsi que les fake gagnent du terrain.

Peut-on identifier un fake ?

Avec un peu de raison et de logique, oui, cela est possible.

Vérifier l’adresse web (URL) et la comparer à celle du site officiel d’info, par exemple. Cette information est censée se trouver sur le site officiel. Certains contenus ne sont pas signés par des rédacteurs et s’ils le sont, ils sont bidons. Quand il s’agit d’une photo, procédez à une recherche par image via votre moteur de recherche. En rétrécissant le cadre d’une photo on peut lui faire montrer tout autre chose qui n’a rien à voir avec la réalité du photographe.

Avec un peu de bon sens, une info importante est relayée par les chaînes TV, passe au JT et à la radio ! Les chaînes d’information ne rateraient pas une telle occasion pour faire monter leur audimat.

Peut-être avez-vous partagé ces photos de canulars qui ont fait le buzz.

N’oublions pas que le hameçonnage est aussi une forme de fake, est apparu depuis très longtemps et continue encore de faire beaucoup de victimes. Profitant de la naïveté, de la peur des gens, et exploitant l’envie, des petit malins postent dans votre boîte mail des courriels de gains faramineux à des loteries auxquelles vous n’avez pas joué. Soyons sérieux ; il n’est pas facile de trouver un billet de 5 euros à même le sol et là un inconnu vous propose des millions d’euros en échange de quelques frais de dossier à régler. Mieux encore, le prélèvement de votre facture est rejeté et on vous enjoint de repayer. C’est un courrier émanant de votre service clients sauf qu’il est bourré de fautes d’orthographes et de syntaxe, nuisibles pour l’image d’une entreprise. Votre banquier est le premier à réagir pour vous avertir que votre compte est dans le rouge. Tromper n’a jamais été aussi facile qu’à notre époque. Peut-être parce que nous vivons dans un tissus de mensonges quotidiens. Ceux qui nous dirigent et qui ne tiennent pas leur promesse ne sont pas exemplaires en la matière. À cause de la confiance que nous donnons aux scientifiques , à la machine, nous sommes devenus moins rationnels. La pensée unique nous a-t-elle tous lobotomisés au point de ne plus accepter la divergence d’opinion et notre possibilité d’être dans le faux ? Quoi qu’il en soit, mass- média et mensonges profitent à bien des égards sur le plan économique politique et social. Nous sommes entrés dans l’ère de post-vérité.

Vous le savez maintenant : ne croyez pas tout ce que vous entendez ou tout ce que vous voyez !

Partager cet article n’enrichira pas Pluton Magazine, par des algorithmes et des bots, mais vous enrichira vous, alors n’hésitez pas à le faire, ce n’est pas un fake. Partagez-le avec ceux qui vous sont chers et que vous aimez. Partagez-le avec ceux qui vous pourrissent la vie et vous saturent avec des vidéos toute la sainte journée. C’est sur cette relation individuelle que se joue la mécanique de partage des fake news. Il est urgent de distinguer le faux du vrai et le vrai du faux. Les jeunes esprits courent le risque de remplir leur copie d’erreurs grossières, si tant est que bon nombre d’entre eux utilisent le net pour faire leurs devoirs. Il sera plus facile de leur faire avaler des boas car les couleuvres ne sont rien à côté des « pitons » de mensonges que nous, adultes, nous partageons.

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Rédacteur Cocks Georges (correspondant permanent Guadeloupe)

Secrétariat de rédaction Colette Fournier (Lyon)

© Pluton-Magazine/2018/Paris 16e

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