Aimer à mourir : Le syndrome du cœur brisé

Par Georges COCKS

.

Santé

.

En 1973, Michel Sardou chantait la maladie d’amour : elle court dans le cœur des enfants de sept à soixante-dix-sept ans. Avoir le cœur brisé ou un chagrin d’amour est bien plus grave qu’il ne paraît. Diagnostiqué pour la première fois par des médecins japonais en 1990, le syndrome du cœur brisé désigne une pathologie liée à un stress émotionnel ou physique pouvant provoquer une défaillance cardiaque aigüe et tuerait presque autant que la crise cardiaque.

Face à ce constat, la Fédération Française de Cardiologie alerte sur les effets du stress émotionnel, qui peuvent déclencher ce syndrome appelé aussi le Tako-Tsubo (piège à pieuvre en japonais, en raison de la forme du ventricule gauche atteint par la maladie) et provoquer  des symptômes grave proches de l’infarctus. Ce trouble est caractérisé par un spasme dans la poitrine et un affaiblissement général. Aimer donne la vie mais peut aussi la reprendre.

.

Aimer peut tuer

.

Qu’il s’agisse d’une rupture amoureuse ou de la perte d’un être cher… les facteurs déclencheurs peuvent être nombreux mais gravitent autour d’une profonde déception liée à toutes les choses auxquelles le cœur symbolique attachait un grand prix, pour ensuite atteindre le cœur physique. Sous l’effet d’un très grand stress le cerveau envoie un signal aux glandes surrénales dont l’une des fonctions est de sécréter de l’adrénaline pour répondre aux agressions. Elles libèrent alors l’adrénaline qui contracte involontairement les petits vaisseaux et accélère le cœur. Mais parfois, sous l’effet d’un stress relativement important, le cœur est paralysé et arrête de battre.

Le taux de mortalité corrélé à la maladie du cœur brisé s’élève à 3.7 %, une incidence presque aussi élevée que celle de la crise cardiaque, qui atteint 5,3 %. Il est donc possible que ce trouble soit sous-diagnostiqué.

La cardiomyopathie toucherait principalement les femmes, notamment celles ménopausées. Elles réagissent différemment des hommes au stress. Cette sensibilité féminine pourrait s’expliquer par les hormones et les liaisons nerveuses du cerveau et du cœur féminins. Mais on ne sait laquelle de ces hypothèses est la bonne. Il est difficile d’expliquer pourquoi les femmes sont plus touchées.

.

Les victimes indirectes

.

Quand le décès n’est pas lié à la défaillance cardiaque, c’est la violence conjugale qui en est la cause. Hommes, femmes et enfants sont malheureusement tués. Jalousies, adultères, suspicions… quand le cœur s’emballe, le geste fatal n’est souvent pas retenu. Le ministère de l’Intérieur a publié en 2016 des chiffres sur les violences conjugales, qui ne devraient jamais exister en aucune proportion. Donc, leur nombre sera toujours de trop.  En France et dans les DOM, on dénombrait 891 faits, dont 729 homicides volontaires non crapuleux. 162 faits de violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Les faits divers nous laissent toujours abasourdis, le cœur déchiré quand ces drames familiaux font la une des journaux.

Les suicides font parties des décès pour 34.06 % des cas  et 7,25 % de tentatives.

.

.

.Le syndrome du cœur brisé peut être provoqué aussi pour des  raisons professionnelles liées au travail. Souvent, des interactions sont malheureusement établies au sein de l’environnement familial

Il n’existe pas encore de traitement pour soigner le syndrome du cœur brisé. Le plus souvent, les médecins prescrivent aux victimes des bêtabloquants qui ont pour effet d’inhiber l’angiotensine II (hormone qui augmente la pression artérielle). Cette solution ne se révèle pas très efficace, puisque 20 % des personnes souffrant de cardiomyopathie s’en étaient déjà vu prescrire. On ne joue pas avec le cœur. Pourtant les adolescents sont nombreux à vouloir s’essayer à la vie d’adulte. Immatures et éloignés d’une réalité de l’engagement, ils multiplient les déceptions pour des béguins d’un jour, ou des unions qui durent le temps d’une scolarité, et qui finissent quelquefois par un suicide. Il appartient à tout un chacun de dompter ses émotions et son cœur, car de plus en plus le syndrome du cœur brisé tend à se répandre, d’autant que l’environnement mondial est propice au regain sans frein de la maladie.

.
©Pluton-Magazine/2019/Paris 16eme

Sources :

– Ministère de l’Intérieur

– Fédération  Française de Cardiologie

– APCLD

Laisser un commentaire

*