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Par Taïdes LOMON
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Bien-être
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Depuis l’enfance, Maïma se laisse guider par une vie ponctuée d’intuition, de connexions et forgée par des liens ancestraux.
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Petite fille pas comme les autres, femme noire “connecte-née”, héritière du savoir des femmes de sa lignée, vendeuses de feuillages et d’épices en Guadeloupe. Elle avance sur son chemin avec la lumière dans le cœur et les sens stimulés par une vision des choses bien différente de celles de beaucoup.
Aujourd’hui, Maïma accompagne, avec toutes ses particularités, ceux qui ont besoin de mieux s’axer sur leur cheminement, elle transmet ce qu’elle a appris, ce qu’elle a fait émerger depuis cette force que lui apporte sa nature afro-antillaise.
Depuis plus de 6 ans, elle propose ses services à ceux qui viennent à elle. Allant des séances individuelles qui se font dans le monde entier (mais qui deviennent de plus en plus rares) à différents événements (conférences-séminaires) organisés en Europe et aux Antilles.
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Peux-tu nous dire qui est Maïma, raconte-nous d’où tu viens et parle-nous de l’environnement dans lequel tu as grandi ?
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Je suis née sur l’île de la Guadeloupe aux Antilles, depuis 8 ans j’habite dans l’Hexagone. J’ai grandi sur mon île avec ma famille. J’ai connu très tôt l’ambiance des marchés d’épices et de « feuillages ». J’ai grandi avec une grand-mère, une mère, des tantes qui étaient toutes des vendeuses ; certaines le sont toujours, d’ailleurs.
Petite fille joyeuse avec un caractère assez rebelle, j’ai aussi connu à mes côtés la présence de femmes frotteuses d’antan. Ces vieilles femmes m’ont permis d’accepter avec plus de sagesse qui je suis. J’ai toujours été une personne audacieuse, avec des capacités extra sensorielles assez présentes dans mon existence. J’ai beaucoup souffert aux Antilles de ce côté de ma vie, d’ailleurs je n’en parlais jamais.
J’ai toujours (et c’est toujours le cas) eu une foi profonde en cette énergie suprême qui nous anime, nous guide et nous fortifie. Petite, je me croyais dotée de supers pouvoirs (rires), maintenant je sais que tout a une explication. Ce que je fais rentre plus dans le domaine de la physique quantique, que du mystique.
Pour être plus précise, j’arrive à lire certaines grilles énergétiques de ce qui est autour et en moi, depuis l’enfance j’ai appris à communiquer avec la nature, avec différents plans métaphysiques. Ma mère en a fait les frais (rire) d’avoir une enfant “aussi” (pas de mot).
Aujourd’hui, du moins, depuis que je suis ici, dans l’Hexagone, je m’autorise à être pleinement cette femme qui devait faire semblant pour ne pas effrayer ou pour être normale. Je me sens libre d’exister et ressens le soutien de ma famille et de mes ami (e)s proches. D’ailleurs, j’ai même aidé une de mes amies dans l’écriture de son livre sur un sujet subtil.
Depuis mon arrivée en métropole, j’ai vécu de nombreuses périodes difficiles.
C’est pourquoi j’ai dû fortifier mes racines et puiser au plus profond de moi, dans mes traditions, avec mes ancêtres, Dieu (pas le barbu dont tout le monde parle mais la force primordiale qui coule en soi et que j’expérimente dans les bons et mauvais moments) .J’ai fait émerger ma nature profonde et elle m’est apparue pleinement afro-antillaise..
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Qu’est-ce que ma nature profonde ?
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Je n’ai jamais vraiment intellectualisé tout cela. J’ai une vision “particulière” sur certaines choses. Lorsque je suis arrivée ici, j’ai laissé derrière moi, mes traditions qui rythmaient ma vie (notamment avec ma mère, la tisane, le bain de feuilles, les légumes, les fruits étaient comme respirer) j’ai laissé l’énergie de ma terre, ici, la vibration que je ressens n’est pas du tout la même J’ai dû me reconstruire et quand j’ai regardé autour de moi, je n’ai rien vu qui me ressemblait vraiment.
La base de la reconstruction était là et n’attendait que ma personne. J’ai donc décidé de reconnecter Dieu à ma croix d’existence (l’ankh comme le disent les égyptiens, d’ailleurs j’en parle dans ma conférence, Communication subtile, car c’est ici que j’ai expérimenté vraiment ce principe de vie) et de me retrouver.
J’en ai bavé avant (rire),
J’ai perdu plus de 12 dents à cause d’une infection dentaire, je ne connaissais personne (je suis arrivée seule ici) je me sentais perdue, seule, désaxée.
Durant la même année, j’ai souffert d’une tendinite sévère de la cheville, j’ai eu des béquilles durant un an. Un jour, à la sortie d’un métro (Charles de Gaulle – Étoile), j’ai glissé et je me suis retrouvée par terre dans la neige. J’ai pleuré une heure sans que personne ne se soucie de moi.
Cerise sur le gâteau, un libraire dans le 16e a refusé de me servir parce que j’étais noire (ce sont ses dires) et cela m’a profondément touchée.
Un jour, assise sur un banc en pleine gare, j’ai regardé les rames du RER pendant des heures. Je n’en pouvais plus, j’ai entendu saute ! saute ! vas-y ! La force de mes racines devait m’illuminer depuis l’intérieur, j’ai fait de mes connaissances un levier. J’étais venue dans l’Hexagone pour être diplômée en communication. J’ai tellement connecté de force en moi que j’ai décidé de passer un master en plus et j’ai eu les deux examens !
J’ai retrouvé ma force, ma vitalité et mon courage avec les plantes afro*-antillaises que je connais, j’ai mis en place mes bains d’herbes, une routine naturelle et complète.
Le 1er déclic m’est venu quand j’ai été voir une sophrologue qui m’a dit tu es déracinée !
C’est précisément à cet instant que j’ai vu mes ancêtres, qui me disaient « lève-toi, nous sommes avec toi, nous allons t’enseigner puis tu vas diffuser aux autres ce dont toi-même tu auras conscience. »
Je n’y comprenais rien, mais je me suis levée avec un cœur rempli de paix, je suis rentrée, j’ai prié et là j’ai reconnecté ce que je nomme ma nature profonde. J’ai décidé d’avoir confiance en ce qui pour certains était une faiblesse, mais qui pour moi est une force intérieure.
Depuis ma montagne de femme noire connectée j’ai décidé de m’enraciner de nouveau à mon essence ciel.
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Explique-nous, pourquoi parles-tu d’un retour à sa nature profonde ? cela veut-il dire que nous l’avons perdue, oubliée, ou tout simplement que nous ne la connaissons pas ?
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Je mets un point d’honneur à ne pas parler pour les autres, donc je ne sais pas qui a perdu quoi
Cependant, j’accomplis ce que j’ai entendu et je le fais avec foi et authenticité.
Foi en qui ? en moi ! En quoi, en Dieu !
Je sais que je dois être courageuse et emprunte d’amour, car le bois qui m’a forgée l’est tout autant ! C’est cela qui m’a permis de viser les étoiles et d’atterrir sur la lune (rires) Une claire vision et une claire information de mon potentiel.
J’ai activé ma re-née-sens et j’invite tous ceux qui le peuvent à retourner à leur source pour goûter de son nectar. Son bonheur on le façonne, c’est vrai, mais l’outil qui a ce rôle doit savoir conjuguer avec une force plus grande que le bonheur lui-même.
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Explique-nous-en quoi consiste le métier de vendeuse de feuillage et d’épices en Guadeloupe et comment le devient-on ?
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Drôle de question mais que j’aime bien (rires).
On est ce que l’on est, ma mère a vu sa mère faire. À mon tour, j’ai vu ma mère faire et cela se perpétue dans l’amour et avec une volonté de moderniser les choses.
C’est une tradition vivante qui évolue avec le mouvement de la vie, et je la fais circuler.
J’ai décidé de ce que je devais hériter de ma lignée et j’ai pris le meilleur.
Je peux être ce que je veux, si je sais d’ou je viens. Être vendeuse de feuillage est, selon moi, une
vocation qui scintille en soi. Il faut de l’amour pour être dans la nature, quel que soit le temps, pour collaborer avec ses esprits et pour accepter le regard des autres sur soi. Bien qu’aujourd’hui c’est “tendance” d’être dans ce domaine.
Planter, récolter, conserver, consommer une plante, par exemple, demande une conscience attentive, car la nature est peut être aussi belle que cruelle. Les vieilles femmes disaient « la plante ne te soigne pas, elle libère ce qu’elle doit libérer si elle sent que tu le mérites ».
J’aime l’idée de respect que cela demande et puis à force de faire un retour au naturel,
l’humain doit comprendre que tout ne se marchande pas. Surtout pas l’intelligence du cœur.
Faire un métier, c’est aussi rester conscient que cela demande un minimum de savoir avant de faire.
Je parle de savoir intuitif, celui qui est inné et qui sait utiliser cette intelligence du cœur que nous possédons tous.
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Pourquoi veux-tu perpétuer cette tradition familiale ? Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?
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Comme je te le disais, c’est transmettre à ceux que cela intéresse une face de la tradition afro-antillaise vivante. Une face, car je sais que nous portons tous en nous un morceau de cette tradition, j’ai encore à apprendre tout au long de ma vie mais j’ai aussi à transmettre.
Pour moi la nature ce n’est pas faire une tisane ou utiliser les plantes pour guérir. La nature est sacrée, il est bon d’y mettre en cohésion tous les règnes “minéral, végétal, animal, humain”.
Dans mes conférences, je parle par exemple de la méditation que j’ai découverte petite, la marche pié à té (pieds nus) que j’ai toujours connue en Guadeloupe, les bienfaits de l’eau, car chez nous l’eau, c’est la vie, l’importance de ne pas croire que la nature est à nos ordres et qu’on doit en faire une consommation abusive. Attention à la déforestation, au non-respect de la qualité et de la quantité utilisée.
J’espère faire comprendre que nous ne devons pas nous éloigner de notre nature profonde, car c’est elle qui fait de nous ce que nous sommes ici-bas et au-delà. L’esprit de la nature est merveille et exigence, cette nature à un cycle, elle enseigne, fortifie, est source d’inspiration (merci le biomimétisme) et se respecte !
Les vieilles femmes d’avant me disaient combien il est important de ne pas cueillir les plantes après 18 h ,que je devais toujours cueillir ce dont j’avais besoin de la plante, car le présent forge l’avenir, que certaines plantes tuent la force énergétique d’autres (la synergie entre elles s’apprend), qu’on ne conserve pas une plante n’importe comment. Ma mère m’a toujours éduquée sur les « fluides subtils que possède un arbre, une plante », elle m’a appris à faire un bain en conscience et surtout à ne pas le “couper” en gardant toute sa qualité naturelle. Lorsque je parle avec certaines personnes afro-antillaises qui ont grandi ici, dans l’Hexagone je constate la rupture avec tout cela alors que depuis toujours nous sommes des éléments de la nature et que, dès lors, nous rentrons en lien avec elle, retrouvons notre vitalité et notre mieux-être tout naturellement.
Ici, dans l’Hexagone, je vais à des rencontres de chamanes, de guérisseurs, d’herboristes qui viennent du monde entier, je participe à certains événements et il m’est très difficile de l’admettre mais ma communauté n’est pratiquement jamais représentée. Et pourtant, beaucoup de nos plantes afro-antillaises intéressent, sauf nous-mêmes. La tradition de tous est mise en lumière, mais la nôtre n’existe guère à nos yeux. Pourquoi ? c’est comme si une partie de moi ne devait pas exister. C’est illogique.
Car selon moi, c’est par l’observation consciente de notre nature profonde que nous arrivons à rentrer en résonance avec cette nature extérieure. Comment savoir vivre, si on n’expérimente pas tous les composants de sa propre existence ?
Il y a aussi une chose qui me tient vraiment à cœur à travers ce que je fais, c’est d’honorer aussi ma lignée maternelle. Considérées comme des pauvresses faisant un travail peu valorisant. Aujourd’hui, quand je vois ce monde qui prend enfin conscience de l’importance d’être en harmonie avec le tout, je me dis qu’elles avaient en elles ce trésor, je me sens un peu plus riche grâce a ce qu’elles m’ont apporté. J’honore la féminité, mes ancêtres et de ce fait, qui je suis.
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Comment expliques-tu cette relation spéciale que tu as avec la nature ? Peut-on parler de connexion ?
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La nature ne représente pas pour moi une voie de guérison mais fait partie de ma nature profonde. Chaque fois que je suis en lien avec une personne, je ne manque pas de rester moi et de lui donner de ce moi. Mais cela est possible parce que j’ai pris en compte mes particularités, mes spécificités et ce qui m’a été enseigné par ceux qui m’ont précédée.
Je reste donc connecté à mes racines sans jamais oublier que je fais partie de ce tout.
C’est parce que je suis moi que j’ai pu déjà accompagner plus de 7000 personnes dans le monde (toutes communautés confondues). Pas parce qu’ils sont noirs, blancs, jaunes ou violets, mais grâce simplement à la femme que je suis dans ma globalité. (êtreté) et que je peaufine chaque jour.
Je reste convaincue que je ne suis pas une intellectuelle mais j’ai appris à m’observer ainsi que ce qu’il y a autour de moi et je tiens cela aussi de la nature. En l’observant, on apprend beaucoup de la vie, je trouve. (rire)
Je ne peux pas dire que je suis une experte en matière de tout ce qui a trait aux Afro-Antillais.
En revanche, je sais simplement ce que je sais, je ne reste pas sur mes lauriers et ce que je sais semble pouvoir permettre à d’autres, eux aussi, d’avoir des données plus qualitatives que quantitatives.
Qualitative? Parce que je l’expérimente depuis l’enfance et fais au quotidien ce que je partage. J’utilise mes supers sens, l’alimentation consciente, je sais scanner mon corps, je m’occupe de moi avec des éléments naturels.
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Pourquoi fais-tu une différence entre la nature et ma nature ? Quelle est la subtilité entre les deux ?
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La nature extérieure est pour moi la nature de D.I.E.U ! On retrouve D.I.E.U dans tout et partout, alors il est important que je sache faire vibrer ce qui est en moi pour rentrer en correspondance avec des fréquences qui me conduisent vers le haut. La nature propose cela, l’énergie du soleil, l’électricité de la Terre, la qualité de l’air, etc.
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Tu organises régulièrement des conférences mais aussi des stages en pleine nature en Guadeloupe, quel est programme de chacun, pourquoi et comment y participer ?
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Il faut aller sur mon site Maïma.wix (je suis en train d’acheter un nom de domaine donc je pense que bientôt se sera Maïma.fr ou .com, j’ai refait le site).Ces stages, cela fait 3 ans que je les fais en Guadeloupe et à chaque fois, ce fut top ! Faire découvrir une Guadeloupe qui est bien plus que ce que l’on croit …
Cette année, je vais proposer une journée nature profonde (le 30 juin, à Petit-Bourg, en Guadeloupe) pour ceux qui auront participé à la conférence Nature profonde la veille (le 29 juin, à Jarry).
D’autres événements arriveront bientôt, mon site permettra de le savoir.
Sur le site, tu verras que je propose davantage de venir à ma rencontre que des recettes de tisanes ou de bains. C’est volontaire ! mes événements sont riches en informations et je préfère vraiment faire comme une initiation au lieu de donner des choses comme cela.
J’ai actuellement deux conférences que je propose dans l’Hexagone et aux Antilles. Une, sur la communication subtile pour démystifier un peu tout cela (elle est ouverte à tous) et qui a aussi son séminaire.
Et l’autre, que je réserve à notre communauté, qui invite à se connecter plus en conscience à cette nature profonde afro-antillaise.
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Quel est le message que tu veux communiquer ? ou si tu avais un message à passer aux Ultra- marins (Afro-caribéens), quels seraient-ils? Pourquoi ?
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Sache qui tu es, d’où tu viens pour pouvoir l’utiliser là ou tu es et dans ce que tu fais.
Je comprends que nous n’avons pas été éduqués en tenant compte de notre nature profonde, mais toujours avec cette obligation de nous calquer sur celles des autres. Nous ne sommes pas des descendants seulement d’esclaves mais d’hommes et de femmes braves et forts. Nous sommes des branches d’un seul arbre qui se multiplie à l’infini, cela coule de source que nous devons nous reconnecter à nos racines pour fortifier le collectif.
Aujourd’hui, faire un bain aux herbes semble résonner avec de fausses croyances, mais pourtant dans d’autres communautés cela est thérapeutique. L’enfumage d’une maison n’est pas forcément pour la purifier de choses dites “mauvaises”, c’est aussi créer une ambiance harmonieuse avec des plantes comme le romarin (séché). Se fortifier l’organisme avec des produits naturels chez d’autres est une normalité, chez nous ce sont des peurs qui peuvent résonner en premier, or nous avons par exemple et cela parmi tant d’autres “le moringa” qui est non pas un arbre miraculeux mais un atout naturel indéniable pour l’équilibre du corps et de l’esprit. Tu sais, il y a une graine afro-antillaise extraordinaire que m’a fait découvrir un chamane africain, c’est une pure merveille. Mais bon, rendez-vous à mes conférences pour plus de partage (rire).
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J’imagine que tu dois être très sollicitée
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Assez, je dois l’avouer (rire), je fais de moins en moins de séance individuelle et les RDV sont assez loin parfois. Je préfère sillonner les routes et faire mes conférences à travers l’Hexagone afin de faire découvrir qu’au fond tout à un sens et qu’être une femme noire connectée, ce n’est pas une honte mais une très grande fierté.
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Que peut-on te souhaiter ?
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De retrouver ma terre un jour (rires) mais surtout que la pensée, l’acte et la parole justes me guident avec la force de l’énergie suprême en moi sur le chemin de ma destinée.
Je rêve d’être une chercheuse dans le domaine de la physique profonde (quantique d’un genre différent) (rire) j’espère un jour atteindre cet objectif. Peut-être le suis-je déjà un peu, qui sait ?
Merci pour cet entretien.
Gratitude à toi et à nos ancêtres.
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Par Taïdes LOMON
Pluton-Magazine/2019