LA RENAISSANCE : LA RÉVOLUTION DES ARTS, DES SCIENCES ET DE LA PENSÉE A IMPOSÉ L’HUMANISME

Par Philippe Estrade auteur-conférencier

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Elle a bouleversé le modèle médiéval et préparé un nouveau monde. En France, après que la guerre de Cent Ans se fut achevée, une longue période de consolidation et d’assainissement de l’économie du royaume vit le jour sous l’impulsion du roi Louis XI, un souverain discret mais redoutablement efficace. Charles VIII puis Louis XII, surnommé « père du peuple » puisqu’il parvint à imposer la baisse des impôts et une réforme de la justice, ont poursuivi à leur tour les efforts de redressement du pays dans le début d’une période de transition entre le Moyen Âge et les Temps Modernes. C’est alors qu’une révolution des arts, de la littérature et des sciences qui naquit en Italie, bouleversa à son tour la société française, appuyée par un courant naissant qui plaçait les valeurs humaines au cœur d’une nouvelle réflexion, inspirant un changement radical dans les modèles d’écriture et de pensée. Le mouvement humaniste était né.

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LA CHUTE DE L’EMPIRE BYZANTIN A PROPULSÉ LA RENAISSANCE ITALIENNE

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En s’imposant à Constantinople au tout début du 13e siècle, les chevaliers latins ruinèrent la ville avant qu’elle eût à nouveau à souffrir du siège des mongols conduits par Tamerlan, puis en 1453 de l’armée ottomane du sultan Mehmet II, un souverain énergique et brillant qui imposa la civilisation turque dans la région. Le puissant Mehmet II fit aussi la guerre à la république de Venise puis occupa la Hongrie et les plaines du Danube. Abandonnés par les armées européennes peu enthousiastes à livrer de nouvelles batailles dans la région, artistes, prélats, hommes de lettres et de sciences byzantins se résignèrent à se réfugier en Occident.

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L’Italie, premier foyer de la Renaissance dans une Europe encore agitée

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En s’implantant pour l’essentiel en Italie, ils apportèrent leur savoir-faire, leurs connaissances et ramenèrent même de vieux manuscrits antiques et de nombreux ouvrages issus de leurs bibliothèques. C’est ainsi que le savoir et l’intelligence introduits d’Orient profitèrent prioritairement aux artistes italiens qui s’en inspirèrent pour ouvrir de nouvelles brèches dans l’architecture et la peinture. L’imprimerie qui va accélérer le savoir fut alors mise au point par Gutenberg pendant qu’en Angleterre une guerre de succession au trône opposa les Lancastre et les York, deux branches des Plantagenêt, et que l’unité de l’Espagne put enfin se réaliser à la chute du dernier bastion musulman à Grenade, en 1492.

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Giotto, le tout premier a inspiré la Renaissance à venir

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Qualifié de premier artiste à juste titre, Giotto a révolutionné la peinture. « Giotto changea l’art de la peinture. De la forme grecque il la conduisit à la forme latine moderne. Il posséda l’art le plus complet ». C’est le peintre toscan Cennini qui a rédigé ce remarquable hommage. Il traduit bien l’importance de l’art de Giotto auprès des artistes florentins et de la Renaissance de manière générale. D’ailleurs, c’est Dante en personne qui a inventé le mot « artiste » pour qualifier l’art de Giotto, un terme qui s’imposera à la Renaissance. Giotto devait avoir tout juste seize ans vers 1280 quand il commença à peindre les célèbres fresques de la basilique inférieure de Saint-François d’Assise, bien avant le plein épanouissement de la Renaissance italienne. Les scènes les plus expressives, comme notamment la fresque consacrée à Isaac ou encore celle des docteurs de l’Église qui revêtent la voûte lui sont attribuées plutôt qu’à son maître Cimabue alors qu’il n’était encore que son élève. Giotto a créé l’espace, la profondeur, et ses personnages s’animent  et s’humanisent comme par magie. Avant, il y avait les mosaïques de style byzantin qui dominaient l’art. Depuis, Cimabue et Giotto s’en sont éloignés pour offrir des fresques et des grands espaces.

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ISSUS DE FLORENCE, ROME OU VENISE, LES GRANDS ARTISTES ILLUMINENT LA RENAISSANCE

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Le Duomo de Santa Maria del Fiore perce le ciel florentin

Au 15e siècle, les peintres et sculpteurs rejetèrent donc l’art répandu du Moyen Âge pour revenir vers certains fondamentaux, les modèles de la pratique antique, grecque et romaine qu’ils firent renaître, d’où l’expression Renaissance. Dans un premier temps, ce grand mouvement du renouveau des arts et de la pensée se fixa en Italie, à Florence, Rome et Venise, avant de se développer en Flandre, en Allemagne ou en Espagne. C’est plus tard, sous le règne de Louis XII et surtout François 1er, que la Renaissance apparut en France, à la fin du 15e siècle. Outre les scènes inspirées par la mythologie gréco-romaine, la dimension spirituelle prit une ampleur considérable parallèlement à la construction des grandes cathédrales et offrit d’abondantes scènes bibliques comme les très nombreuses Vierge à l’Enfant. L’invention de la perspective a fixé l’illusion du champ et de la profondeur servant les fresques majestueuses qui illuminèrent les coupoles des grands vaisseaux de prières. Mais déjà au 14e siècle, Nicola Pisano façonna la chaire de la cathédrale de Pise dans un style très éloigné des standards du Moyen Âge. En reprenant l’esthétique de l’Antiquité grecque, il offrit une révolution dans la sculpture italienne.

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Florence et la Toscane, le berceau des génies italiens

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Le rôle des mécènes fut prépondérant et accéléra les productions sur commande destinées aux palais et grandes demeures. Raphaël, Léonard de Vinci ou encore Michel Ange ont travaillé au service des puissants, comme de Vinci à l’invitation de François 1er ou Michel Ange au service du pape Jules II qui l’engagea pour peindre la célébrissime fresque des scènes de la Genèse sur les plafonds de la chapelle Sixtine à Saint-Pierre de Rome. Mais Florence, au cœur de la douce Toscane, demeure bien le berceau de la Renaissance. Les plus grands artistes ont vécu et travaillé dans ce phare de la culture et de la Renaissance pour marquer de leur empreinte la peinture et la sculpture des grands monuments de la ville. L’héritage culturel planétaire de Florence est éblouissant, et la Galerie des Offices, l’un des tout premiers musées de peinture au monde, présente une collection étourdissante des chefs-d’œuvre de la Renaissance.

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Léonard de Vinci et Michel Ange, maîtres de Florence

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Génie avant-gardiste, Léonard de Vinci savait tout faire

Génie avant-gardiste qui prit le nom de son village, Léonard de Vinci fut un monument des sciences, de la peinture et du dessin. Ses multiples talents purent s’exprimer à Florence à partir de 1469. Véritable phénomène de la création, il s’intéressa à tout. Anatomie, physique, mécanique, musique, peinture, sculpture, génie civil ou militaire, son énergie sans précédent et sa quête de découverte lui ont permis de créer des machines terrestres ou aériennes, parfois à vocation militaires, dont il ne manquait que la propulsion motorisée. Après quelques années à Milan, il rejoignit en 1516 la France qui découvrait les premiers pas de la Renaissance et s’engagea auprès du roi François 1er qui fut pour lui un véritable mécène à sa dimension hors norme, en même temps qu’un protecteur. Visionnaire et peintre de génie, son œuvre est tout simplement immense. Bien sûr, le portrait de Mona Lisa, « La Joconde », une huile sur bois réalisée en 1519, envoûte les visiteurs qui se pressent pour l’admirer au musée du Louvre à Paris. « La Cène », peinture murale du couvent Santa Maria Delle Grazie à Milan représentant le dernier repas de Jésus avec ses douze apôtres, est fascinante et révèle les principes de la perspective chère à Léonard. Tous les grands musées mondiaux se partagent les plus grandes créations du célèbre artiste. La Galeries des Offices à Florence abrite « le Baptême du Christ » ou « L’Annonciation » et le Louvre, outre « La Joconde », « La Belle Ferronnière », « La Vierge, l’Enfant Jésus et Sainte Anne »  ou encore « Saint Jean Baptiste ». La National Gallery à Londres accueille « La Vierge aux Rochers » et le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, la célèbre «  Madonna Litta », une production toujours contestée attribuée à Marco d’Oggiono.

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Santa Maria del Fiore, symbole de la première Renaissance florentine

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Santa Maria del Fiore illustre la première Renaissance italienne

Santa Maria del Fiore, le symbole de Florence, allie à la chrétienté affirmée la première Renaissance italienne. Florence ne serait pas Florence sans la présence de cette cathédrale, édifiée entre 1296 et 1436, dont le dôme étincelant écrase la vieille ville et éclaire la douce et vallonnée campagne toscane. Comme pour Saint-Pierre de Rome, les plus grands artistes se sont relayés sur ce chantier, dont Brunelleschi pour le dôme à l’architecture osée, le plus massif du monde avec un diamètre de quarante-cinq mètres, Giotto pour l’érection du gracieux campanile ou Ghiberti qui réalisa les exquises portes de bronze du baptistère voisin. Sculptées avec une finesse inouïe, elles ravirent Michel Ange en personne qui les qualifia de « Portes du Paradis ». À sa consécration, le pape particulièrement ému par cette réalisation gigantesque parla « d’une rose en or » pour qualifier le vaisseau. Ce fut donc en cet honneur que la cathédrale prit le nom de Santa Maria del Fiore, Sainte-Marie-de-la-Fleur. Giotto et Pisano se sont succédé pour offrir, dans les premières années de la Renaissance en Italie, ce chef-d’œuvre planétaire. C’est grâce au talent immense de Brunelleschi que la gigantesque coupole qui identifie Florence fut dotée de deux calottes reliées par un réseau complexe de contreforts et d’arcs de soutien. Avec ce coup de génie, Brunelleschi put résoudre le problème de la poussée physique de la coupole vers son centre. Elle est aujourd’hui revêtue d’une fresque étourdissante du « Jugement dernier » et s’élève comme un phare de la Renaissance. Marquetée de marbre vert, rose et blanc, Santa Maria del Fiore affiche un style gothique typiquement florentin conjugué avec finesse au renouveau de ses lignes géométriques issues de la première étape de la Renaissance.

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Le génie de Michel Ange s’exprime au Vatican

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la Pietà, visible au Vatican

Comme Léonard de Vinci, Michel Ange eut tous les atouts à son arc d’artiste exceptionnel qui a marqué la Renaissance à Florence et à Rome. Urbaniste, peintre, sculpteur, poète, il sut tout faire. Ses premiers travaux éblouirent Laurent de Médicis qui lui permit de rencontrer des hommes de lettres et des humanistes, Politien en particulier. Appelé à Rome entre 1495 et 1501, Michel Ange sculpta le célèbre Bacchus commandé par le cardinal Riaro qui le refusa d’ailleurs, irrité par la liberté et l’insolence créative du grand homme. Mais c’est bien « La Pietà » de Saint-Pierre de Rome qui représente Marie avec Jésus dans ses bras, œuvre d’une forte puissance créatrice et spirituelle, qui consacra Michel Ange et révéla au monde son immense génie. Les musées du Vatican sont d’une éclatante richesse mais c’est la Chapelle Sixtine qui attire les visiteurs du monde entier venus admirer l’exceptionnelle composition de la voûte peinte par Michel Ange. Elle illustre des scènes de la Bible, notamment « Le Jugement Dernier » et « La Création du Monde » qui comptent parmi les fresques les plus fabuleuses de tous les temps et les plus significatives de l’immense génie du grand homme.

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Tous les grands artistes de la Renaissance ont élevé le cœur de la chrétienté

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Bramante, Raphaël, Michel Ange, Bernini sont intervenus sur le nouveau chantier de Saint-Pierre de Rome voulu par le pape Jules II, soucieux d’ériger une basilique portant toute la grandeur, l’autorité et la foi du Saint-Siège. Baigné par la Renaissance italienne et amateur éclairé des arts, le pape s’entoura, dès 1503 et comme ses successeurs, des plus grands artistes, Bramante, Raphaël, Bernini et Michel Ange pour ériger ce sommet architectural et spirituel. Sollicité, Raphaël opta pour la croix latine et Bernini, dit Le Bernin, s’illustra notamment dans la réalisation de la colonnade semi-circulaire qui ceinture la place du Vatican. Mais le chantier, après bien des péripéties, déclina jusqu’à ce que Michel Ange, déjà un vieillard, appelé à son tour, reprenne les travaux en 1547 pour les marquer de son empreinte de prodige.

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L’école vénitienne et les peintres érudits

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Le Tintoret, Le Titien et Véronèse ont marqué l’école vénitienne, particulièrement active dès la Première Renaissance. Ces artistes offrirent des traits de pinceau chargés d’humanité tandis que les effets que proposait désormais la peinture à l’huile encouragèrent des créations sublimes et glorifièrent le talent des grands peintres. Sublimes, les créations fourmillaient de détails et les artistes se mêlèrent dans des cercles de discussion  animés par des érudits et des humanistes. Avec les grands donneurs d’ordre privés, l’aristocratie exigea à son tour des peintres cultivés et marqués par l’humanisme naissant. Dès lors, les commandes des puissants, qu’ils fussent issus des cours princières ou de la grande bourgeoisie marchande, se multiplièrent pour enrichir de nos jours les grandes adresses consacrées à Venise, la Galerie de l’Académie en tête de proue. Au 18e siècle, Canaletto et Guardi, artistes spécialisés dans la peinture des vues de Venise notamment, seront les dignes héritiers des génies de la Renaissance vénitienne.  À la fin du 18e siècle, la  riche  école de Venise disparut dès lors que la République de Venise fut soumise par l’Autriche.

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LA RENAISSANCE FRANCAISE IMPULSÉE PAR L’ÉCOLE DE FONTAINEBLEAU

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Après le redressement de la France impulsé par Louis XI et Charles VIII, à l’issue de la guerre de Cent Ans, la France va progressivement passer du régime féodal des suzerains et des vassaux à un système de souveraineté autoritaire du roi sur les régions. C’est François 1er qui orienta le tout premier le royaume de France vers les débuts de l’absolutisme. Les constructions majestueuses sous la Renaissance, Chambord en tout premier lieu, traduisent bien cette nouvelle orientation politique sur le plan architectural dans un premier temps. Si l’italianisme a toujours été fortement présent dans le royaume de France, les guerres d’Italie ont permis à Charles VIII et surtout Louis XII, puis à François 1er de découvrir la Renaissance des arts, véhiculée en Italie depuis déjà fort longtemps. Le style gothique s’essouffla progressivement alors que le courant rénovateur de la Renaissance vit le jour, promu par l’École de Fontainebleau créée par François 1er en 1526.

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Les grands châteaux, fleurons de la Renaissance française

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Blois, la transition du gothique à l’italianisme

Le règne de Louis XII a marqué un tournant, une forme de transition entre l’ère médiévale gothique et la première Renaissance française à la fin du 15e siècle. À Blois, les derniers vestiges de l’épopée gothique se maintinrent avec frilosité face à l’offensive de l’architecture italianisante. Très actifs dans cette volonté de renouveau, les francs-maçons collaborèrent à la fin du 15e siècle avec la première colonie italienne installé à Amboise. Le renouveau du mouvement artistique était en marche. Les châteaux résidentiels du Val de Loire mais aussi dans les provinces, Périgord et Berry en particulier, marquèrent la spécificité française de la Renaissance entre 1515 et 1540. Cette première Renaissance permit aux éléments d’architecture d’inspiration lombarde de s’imposer et la fonction militaire des châteaux disparut au profit d’une dimension d’apparat comme à Chenonceau, Villandry ou Azay-le-Rideau.

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Chambord, symbole du roi François 1er et de la Renaissance française

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En décidant d’édifier le château de Chambord, en 1519, au cœur d’une forêt particulièrement giboyeuse, le roi de France François 1er fit de Chambord et de ses marécages une adresse destinée à assouvir ses loisirs de chasse. Ici, les influences de l’architecture française et du nouvel art italien se conjuguent à merveille dans un équilibre majestueux sans précédent dans le royaume de France. Les guerres d’Italie et notamment l’échec de Pavie ont interrompu l’ambitieux chantier. Le grand Charles Quint, souverain d’une Espagne dominatrice au 16e siècle, y sera reçu alors que le chantier n’offrait qu’un donjon inachevé pour abriter les échanges. C’est Henri II et Charles IX, respectivement fils et petit-fils de François 1er, qui poursuivirent les travaux achevés en 1685 par Louis XIV. L’escalier double, véritable curiosité architecturale, permet de descendre ou de monter les étages sans croiser ceux qui utilisent le second escalier. Il pourrait être l’œuvre de Léonard de Vinci en personne puisque le génie italien fut l’invité permanent et prestigieux de François 1er. Fasciné par le talent du grand artiste, le roi de France le nomma « premier peintre, premier ingénieur et premier architecte du roi » et lui accorda une rente annuelle fixée à 1000 écus. Les deux hommes, d’ailleurs, avaient noué une solide amitié. C’est à Amboise en 1519, au manoir de Clos Lucé que l’artiste italien s’éteignit à 67 ans dans les bras de François 1er selon certaines sources qui d’ailleurs relèvent plus de la légende que de la vérité historique. Ingres a réalisé une toile délicieuse où l’on voit Léonard de Vinci mourir dans les bras du roi de France. Cette scène peu probable, dans la mesure où au moment du décès François 1er se trouvait à Saint-Germain-en-Laye, est pénétrée d’une forte émotion et traduit le désarroi du souverain.

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Le mouvement humaniste va préparer les grands bouleversements

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Ce mouvement de réflexion qui vit le retour des textes de l’antiquité comme la référence d’une pensée nouvelle, apparut en Italie au 14e siècle et toucha très vite la dimension religieuse et philosophique pour atteindre plus tard le besoin des bienfaits de l’homme et de son épanouissement. Avec « La Divine Comédie », Dante s’illustra en vulgarisant la langue de la rue pour en faire une authentique langue littéraire qui pouvait alors souder les régions italiennes. La condition de l’homme en général va renforcer la réflexion des penseurs au 14e et 15e siècle avec la plume forte et pathétique des auteurs humanistes de ce cœur de la Renaissance. La justesse et la recherche de la vérité des savants ont accéléré la volonté d’éclairer les consciences. Le développement et l’émancipation des savoirs résultèrent notamment de l’expansion  de l’imprimerie. C’est au 15e siècle que l’humanisme, par opposition aux obscurantismes, prit une ampleur qui ne s’arrêtera plus. Alors que la pensée critique s’est amplement développée, désormais le savoir moderne s’appuiera sur des faits et non sur des dogmes acquis par principe et ignorance. L’humanisme chrétien est aussi en quelque sorte à l’origine de la Réforme protestante des mouvements luthériens et calvinistes. En voulant introduire des exigences morales dans les modèles politiques, les humanistes ont accéléré la perception des devoirs de sagesse face à tous les despotismes.  Prise de conscience du dessein de l’homme, cette nouvelle façon de penser allait ouvrir la voie à l’explosion et  à la grandeur de la civilisation européenne. Le siècle des Lumières en France, qui impulsa la sagesse politique avec « De l’Esprit des Lois » de Montesquieu, ou une soif de justice sociale promue par Rousseau ou Voltaire, précipita la chute de l’ancien régime. Les grands penseurs et philosophes de cet exigeant 18e siècle ne furent que les dignes héritiers des grands humanistes de la Renaissance et des siècles suivants. L’histoire relie tous les évènements et n’est jamais segmentée. La rudesse du passé doit interpeller le bon sens, l’intelligence, le discernement, la sérénité et la raison. Faire preuve de cette sagesse et de ces qualités de nos jours est une incontestable forme d’humanisme.  

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Philippe Estrade auteur-conférencier

Pluton-Magazine/2019

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