Le concept de la liberté et ses limites

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Pourquoi nous sentons-nous si emprisonnés aujourd’hui, et ceci plus qu’avant ? Cette question est un mystère qui a le mérite d’être élucidé à travers la Déclaration universelle des droits de l’homme.

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Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits

Citation de l’article 1er, or dans les faits, ce n’est pas le cas. Le principe même est une justice à deux vitesses. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Dans les faits, pourrait-on dire que 90 % des hommes ressentent ce sentiment d’égalité à l’âge de la raison, parce qu’on est tout de même très loin de l’équité voire de la réalité. Car si, selon l’article 4, La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, à la naissance, c’est là que commence la liberté. L’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Lorsqu’il s’agit des sanctions prévues, et pour rappel, d’après l’article 6 : La Loi est l’expression de la volonté générale. (…). Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse.

Dans les faits, la caissière à qui il manque quelques centimes dans sa caisse, ou qui vole une denrée périmée qui va être détruite, se retrouve sous le coup d’une sanction alors que certains hommes politiques ne sont nullement inquiétés pour des faits qui nuisent gravement à l’intérêt collectif.

Une chose est sûre, c’est que nous ne sommes pas investis du pouvoir de circonscrire la liberté.

La liberté du point de vue politique n’est pas d’ouvrir des perspectives mais de protéger des intérêts quitte à priver d’autres personnes de leur liberté. C’est le principe de l’État souverain.

Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation

Citation de l’article 3. Ce principe peut-il laisser entendre que nous sommes tous la propriété de la nation ? Or si la prétention est là, c’est faux, et d’ajouter : Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. Dès lors que l’autorité peut faire ce que bon lui semble sans avoir de compte à rendre à quiconque, son pouvoir devient absolu et ne peut concourir à établir paix et sérénité, comme elle le prétend, par l’utilisation de la force.

 Art. 12. La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

Mais nous le savons tous. Tout réside bien sûr dans la lecture de chacun selon ce qui semble à son avantage, et pourtant, nous avons tous été à la même école laïque, et nous avons tous suivi les mêmes programmes scolaires. Sur une génération nous avons même eu droit aux mêmes enseignants pour certains.

Nous l’avons compris sans nous étendre sur les autres aspects de cette Déclaration universelle des droits de l’homme, elle n’est pas une vérité absolue et devrait même être corrigée, et mérite d’être réellement appliquée par endroit.

L’ordre naturel de la liberté

Nous le savons, il n’y a pas de liberté absolue et il ne peut en être ainsi même si nous le souhaitons.  La liberté reste soumise à une loi. Et la vraie liberté ne devrait se soumettre qu’à la loi qui garantit la vie et le meilleur. La vie permet de jouir de la liberté. Se retrouver prisonnier de cette bulle de vie n’est pas vécu comme une privation ni une contrainte à sa liberté. Le sujet ne se plaint pas de sa situation, bien au contraire. Le poisson n’est pas jaloux parce que la tortue et le crocodile peuvent vivre dans le monde aquatique et le monde terrestre. Même l’oiseau du ciel ne parcourra pas toute la terre, lui qui a la plus grande liberté pour se mouvoir. Certains animaux marquent leur territoire vis-à-vis de leurs congénères. On pourrait qualifier cela d’une restriction de liberté. Non, il s’agit là tout simplement d’un principe de survie qui contribue simultanément à ne pas faire disparaître un maillon de la chaîne alimentaire tout en régulant naturellement la ressource indispensable à la sauvegarde de l’espèce. Ce que nous les hommes nous n’avons pas appris à faire. Nous en avons fait la lecture qui nous semblait bonne pour nos intérêts politico-économiques, dominer, et non poursuivre l’intérêt du genre humain comme nous voulons le clamer dans notre constitution. C’est en raison de cette lecture erronée que nous en venons à ressembler à des animaux par notre cruauté à nous entretuer.

Le concept de notre liberté

Ce concept est tellement perceptible et limité que nous pensons qu’il suffit de mettre des hommes en prison, que cela pourrait leur soustraire la liberté et qu’ils pourraient changer. En fait nous ne faisons que les soustraire à la liberté que nous leur avons vendue. Liberté de circuler, de côtoyer leurs proches, de s’amuser avec les jouets du système… et nous pensons à juste raison que cette privation pourrait les raisonner. L’industrie du loisir est un puissant anesthésiant, une manipulation habile, et s’il fallait nous l’enlever, le chaos mondial serait si grand, surprenant et incontrôlable. Nous sommes tous dans une prison. Comme des chevaux dans un enclos, nous ne pouvons galoper que là où on nous le permet. Et ce que nous voyons au-delà de la palissade, c’est à cela que nous voulons goûter seulement à condition d’être conscients de vivre dans une prison de verre. Nous pensons disposer de droits, que nous confondons avec la liberté. Ces droits sont simplement des moyens de contrôle. Ce sont des choix définis qui nous sont imposés et nous ne faisons que les exécuter. Tout comme ce droit de vote avec lequel nous pensons prendre le contrôle démocratique, mais il n’en est rien. Souvent il est bien difficile de choisir entre la peste et le cholera quand le même destin funeste est lié à l’un comme à l’autre.

Plus nous légiférons, plus notre enclos devient un dédale ou très peu trouvent leur chemin. Cet accroissement des lois est conjoint à notre consommation démesurée en suscitant des besoins jusque-là inexprimés par les humains. Par exemple, on nous proposera l’achat d’une voiture de dernière génération sur laquelle la vitesse au compteur sera plus élevée que celle autorisée, on encore le taux de pollution sera supérieur à la normale, et nous serons quand même punis parce que la loi en a décidé ainsi au regard de notre liberté. En y ajoutant une dose d’imperfection, cette conjugaison est la résultante désastreuse de ce que nous connaissons aujourd’hui. Nous régressons au lieu de tabler sur un environnement plus civique et respectueux des lois universelles.

Le prix de la liberté

Chacun selon son portefeuille se l’achète. Une possession qui reste toujours matérielle pour bon nombre d’entre nous. Voyager, fumer un joint, grimper sur le toit du monde…, la liberté s’achète et se vend au prix d’efforts et de sacrifices, parfois au prix de la vie.

L’histoire est là pour rappeler les siècles de servitude et d’oppression que l’homme a infligés à son semblable. Pistés et fliqués de partout, nous avons tous le plus grand mal à nous affranchir de notre enclos. Comme du bétail, des successions de numéros nous suivent au quotidien partout où nous allons. Ils nous tiennent en laisse. Nous laissons chaque jour des traces grâce à la digitalisation, et tous les moyens sont bons pour restreindre notre liberté en profitant de nos peurs, de nos goûts, de la maladie, pour davantage nous marquer du sceau dans ce monde numérique. Difficile de s’échapper, surtout lorsque nous voulons exister. C’est la porte de la servitude complète. On peut renoncer à ouvrir certaines portes, mais c’est parfois plus fort que nous. Le simple fait de vouloir travailler et nourrir cette pensée saugrenue pour réaliser des projets et non simplement pour se loger, se vêtir et se nourrir montre à quel point on a réussi à nous priver de notre liberté. Nous aurions pu avoir beaucoup de temps pour faire autre chose. Des choses que nous aimons. Malheureusement ces choses sont reléguées dans le tiroir du : Quand j’aurais un peu de temps. Un temps qui ne vient jamais.

Comment s’affranchir

Certains par leur mode de vie plus respectueux de l’environnement se démarquent dans la mesure du possible.  Certains le savent et ne se laissent pas complètement contrôler. Ils sont maîtres de leurs décisions tandis que d’autres n’ont aucune conscience et profitent de la jouissance temporaire à pleines dents. La liberté a toujours fasciné l’homme, car le temps où l’homme a régné sans souverain de son espèce a été relativement court. Faut-il en conclure qu’il faut s’affranchir des dignitaires pour connaître la liberté ? Voilà l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Nous nous sentons oppressés et pourtant l’article 2 de la Constitution des droits de l’homme nous ouvre un droit que nous ne pouvons faire valoir : la résistance à l’oppression (Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression) parce que l’oppresseur est le chef. Serait-il trop tard ?

Rédacteur Georges Cocks

©Pluton-Magazine/2020/Paris 16e

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Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier

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