Empreinte Carbone: un discours économique discutable.

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Beaucoup d’émissions polluantes de discours pour peu de résultats, alors que les activités liées à notre mode de vie quotidienne s’accroissent au lieu de diminuer. Pour faire simple, l’empreinte carbone mesure le taux d’émission de gaz à effet de serre d’une activité en tenant compte de la source énergétique utilisée. De la production au consommateur final, la chaîne est longue. C’est un cercle vicieux. Le traitement même des déchets est facteur d’émissions de gaz.

Lorsque l’on parle d’émission de gaz, nous avons tendance à voir tout de suite les grosses cheminées fumantes qui rendent triste et sinistre le paysage masquant le bleu du ciel ainsi que les avions, les navires de croisière et de transport de marchandises… Mais la boulangerie au coin de la rue et notre tout petit F2, ainsi que les filières de services n’échappent pas à la loupe. La simple pression sur l’interrupteur chez vous aura une conséquence sur la production d’énergie électrique, qui elle, à son tour, va induire son empreinte écologique, car elle devra accroître l’extraction de sa source d’énergie (ex le charbon) de la terre pour répondre à la demande énergétique. Nous l’avons bien compris. Le consommateur final que nous sommes tous, a une grande responsabilité écologique, mais de grands bouleversements gouvernementaux sont aussi nécessaires et attendus.

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Dans les faits

Cela fait maintenant vingt et une année que s’organise une réunion, qui regroupe 195 pays, pour trouver et prendre des mesures concrètes afin de limiter le réchauffement climatique. Depuis, l’ours polaire est réduit à surfer sur une planche de glace qui fond à vue d’œil. Les glaciers reculent, le Gulf Stream ralentit, les réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux et les armateurs des portes-containers voient en cela une aubaine pour ne plus avoir à contourner un continent de glace, pour acheminer bon nombre de nos désirs futiles. Un seul de ces mastodontes des mers pollue (en particules fines) plus que l’équivalent du parc automobile français, or, il en circule environ 60 000 dans le monde. Il n’y a pas de contrôle de la qualité de l’air dans l’océan, sauf que les vents comme les courants océaniques sont en rotation perpétuelle à travers toute la planète. Ces cargos de fret maritime utilisent un résidu de carburant brut non raffiné. On peut même le qualifier de déchet pétrolier, car c’est ce qu’il reste une fois terminé le raffinage de l’essence, du diesel et du naphta.

Les habitants des villes portuaires développent des maladies respiratoires graves et mortelles. L’enjeu de la réduction de l’empreinte carbone est aussi sanitaire. L’émission de gaz a une portée organique, car elle impacte tous les êtres vivants, animaux comme végétaux.

Certaines centrales électriques fossiles (charbon) restent encore très polluantes.

La taxe carbone

Faire payer ceux qui polluent à hauteur de leurs émissions de gaz à effet de serre pour les inciter à modifier leurs comportements, orienter leurs achats et leurs investissements pour réduire voire contrôler le réchauffement climatique. Le climat est mondial et primordial, or, tous les pays n’ont pas la même politique de taxation carbone. Les recettes que celle-ci génère sont souvent mal employées. Au lieu de favoriser et valoriser les programmes de transitions énergétiques, la taxe sert à colmater les brèches des caisses sociales, à payer certains impôts, à réduire le déficit public, ou est redistribuée à la population et aux entreprises. Elle est particulièrement peu favorable pour le plus grand nombre dans le secteur économique, et peut aller jusqu’à menacer la compétitivité des entreprises exposées à la concurrence de pays qui n’en ont pas ou appliquent des taux plus faibles. Elle réduit en effet la compétitivité des entreprises émettant beaucoup de CO2.

Malheureusement, les catastrophes naturelles ne choisissent pas de dévaster les pays pollueurs. Il est donc important de comprendre qu’il s’agit d’un problème global et que l’égoïsme économique ne doit pas prévaloir sur la vie et sur les effets climatiques induits à l’autre bout du globe.

L’ancien président des États-Unis B. Obama déclarait en 2015 : « Nous sommes la première génération qui ressent l’impact du changement climatique, nous sommes la dernière génération qui peut faire quelque chose à ce sujet. Nous n’avons qu’une maison. Nous n’avons qu’une planète. Il n’y a pas de plan B ».

Celui dont le slogan à l’investiture présidentielle était yes we can a toujours soutenu les jeunes militants pour la planète.

Zéro Carbone

Un slogan mensonger que certains rabâchent comme pour nous le faire entrer dans le crâne, pour accepter l’inaction généralisée par la suite. En effet, il est tout simplement impossible d’avoir un taux zéro, à moins de tout fermer et revenir à l’âge de pierre. Une entreprise qui n’a pas d’empreinte carbone est une entreprise qui a mis les clés sous la porte.

Au lieu de parler de zéro carbone, il faut se dire que mon taux équivaut à tant cette année et que l’année prochaine je dois me fixer l’objectif de faire moins 1, 2, 3, 4 voire plus.

Le Costa-Rica vient de recevoir le prix de Champion Earth décerné par l’ONU. C’est un élève exemplaire en décarbonisation. Tout en maintenant une courbe ascendante de l’emploi et de l’activité économique, il fait baisser son empreinte carbone. Déjà classé parmi les pays à bonne longévité où les gens vivent vieux mais heureux, il devient un modèle à suivre.

Nombreux sont les pays scandinaves où les avancées sont notoires.  Certains visent à éliminer la voiture du paysage urbain en multipliant les pistes cyclables et en instituant le transport collectif gratuit pour tout le monde, tandis que, par endroit, la tendance est complètement illogique et absurde, car cela entraîne encore le problème de traitement des déchets lourds.

Le consommateur

Pour illustrer en trois mots, c’est : l’arroseur arrosé !  Étant le dernier maillon de la chaîne, il passe aussi à la caisse des taxes en tout genre sans avoir son mot à dire. Le consommateur n’a pas le choix. Les taxes sont souvent imposées sur des produits dont il ne peut se passer.  Il est grand temps aussi pour lui de refuser de répondre à l’offre quand il n’est tout bonnement pas le demandeur. Les industries de la consommation créent des besoins qui ne sont en fait que de l’incitation à la consommation. C’est ainsi qu’une marque va décliner une gamme infinie du même produit, truffé d’options au fur et à mesure de la montée en gamme pour justifier le prix, et qui a la même finalité que l’entrée de gamme. Nous créons par là même occasion la division des classes sociales avec des produits à obsolescence programmée. Si les entreprises produisent plus qu’il ne faut, c’est parce que nous achetons aussi plus qu’il ne faut. Nous contribuons à augmenter et nous générons cette empreinte carbone.

Jeter au lieu de réparer fait partie des nombreuses aberrations du système économique, quand ces mêmes gouvernements se disent en quête de solutions d’ordre climatique, font augmenter le chômage au lieu de faire d’une pierre deux coups. Aussi simple : faire changer les mentalités. Employer, et réduire la pauvreté. Mais est-ce une volonté ?

Le coût réel des biens

La délocalisation est aussi un facteur d’émission de gaz à effet de serre. Souvent, pour un produit acheté, l’empreinte carbone peut dépasser de plus de mille fois la valeur finale selon le produit. Ce produit aurait pu être fabriqué sur place. Le parcours usine/client génère un trafic carbone relativement important. Le tracking semble cacher la réalité de ce parcours. L’extraction (matière première) et l’usine fabricante émettent des gaz à effet de serre. Ensuite, le produit quitte l’entrepôt par un camion vers un magasin, ou un aéroport, ou un terminal de fret maritime. Il prend l’avion, le bateau, ensuite un camion le transporte à nouveau vers un entrepôt et un autre camion prend encore le relais vers un magasin ou une livraison à domicile par voie postale… sans compter que ceci n’est qu’un schéma simplifié de cet acheminement. Ce produit fabriqué à l’autre bout du monde nous coûte par exemple 5 euros à l’achat. Si on essaye de refaire le parcours inverse en payant tous les intermédiaires générateurs d’empreintes carbone au même prix ou à 1000 euros, nous sommes loin du compte. L’empreinte carbone des produits est faramineuse. Difficile de croire qu’il n’y a pas un déficit caché dans tout cela. En effet, oui, mais il ne s’agit pas d’un déficit économique, car le système est conçu pour qu’il n’en soit pas ainsi. Le déficit, c’est la NATURE, notre environnement, ce qu’il y a de plus important à préserver.

Revoir la copie

Nous savons que l’argent est un frein. L’économie est un frein, mais changer est possible.

À force de baser la vie sur quelque chose d’instable, nous avons tous peur de tomber, car l’édifice est précaire et fluctuant. C’est nous qui l’avons choisi et avons créé ce modèle. Il montre sa limite maintenant. Il se trouve à l’usure mais personne ne veut changer le pneu. Il finira par éclater un jour, mais certains se réjouissent parce qu’ils ne seront plus là quand cela arrivera. Il y aura d’autres passagers dans le véhicule, à chaque génération son problème et c’est bien ce qui nous arrive aujourd’hui. Tout ceci est le résultat de mauvaises décisions, de plans, et de programmes pris il y a quelques décennies, voire plus, en amont.

La richesse de la vie n’a jamais été la préoccupation humaine. Les torts que nous avons délibérément infligés à la nature pour produire des choses non essentielles sont le prix élevé que nous aurons à payer. Notre dette sera toujours insolvable. Alors qu’il est possible aujourd’hui de ralentir la croissance, nous soutenons le désir insatiable de quelques rupins sans scrupules soutenus par la classe politique dans la destruction de la planète.  La masse de déchets à recycler est si importante qu’il est tout à fait possible d’arrêter l’extraction de minerais et de produire des objets réparables et qui durent plus longtemps.

Cela serait plus viable économiquement pour tout le monde. Sauf que nous entendons déjà s’élever des voix baratineuses prouvant le contraire. Une entreprise qui produit moins, pollue moins, dépense moins, a besoin de moins de main-d’œuvre dont l’excédent serait pourtant automatiquement redéployé vers les nouveaux métiers et les nouvelles filières d’activités d’intérêt collectif environnemental. La robotisation a augmenté le chômage, et contribue à augmenter l’empreinte carbone, car il est nécessaire de l’alimenter grâce à une source d’énergie. L’empreinte carbone est-elle le seul problème de l’humanité ? Non, mais elle a été la matrice sous-jacente des autres maux qui nous touchent. Reste à savoir qui est prêt pour la pose de la nouvelle pierre d’un nouveau modèle plus viable et respectable de l’environnement.

Rédacteur Georges Cocks

©Pluton-Magazine/2020/Paris 16eme

Photo libre de droits : pxHere

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Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier

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