Par Georges Cocks
Bientôt un an qu’un virus pas comme les autres nous a mis à genoux. On entend parler partout des leçons à tirer mais aujourd’hui, il y a comme un fossé entre dirigeants et citoyens. La covid-19 a-t-elle vraiment remis les pendules à l’heure ?
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Quelle heure est-il ?
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Une heure que nous n’avons pas vu passer. Une heure passée si vite que certains ne l’ont pas vue, et pour cause, nous avons faussé l’horloge de la singularité technologique. Nous nous pensions plus malins que le temps, mais c’est le temps qui fait l’expérience et qui transforme les échecs en marches de granit pour ne pas répéter les erreurs fatales du passé. Notre intelligence est loin de préserver et garantir la survie de notre espèce. Au contraire, nous nous sommes mis la nature à dos et celle-ci gagne toujours.
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L’heure de tout revoir
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Une chose est sûre, c’est que la crise sanitaire met la lumière sur les failles de notre système mondial dans tous les domaines. À voir toujours plus grand, nous sommes avalés par nos propres Gargantua. Paradoxalement, ce sont les grandes enseignes qui sont les premières à crier à l’aide et à obtenir le soutien financier des banques. La volonté de concentrer l’économie, d’avoir le monopole et de l’imposer sur tous les continents demande de créer une dette constante et démesurée. De plus, elle a pour effet d’asphyxier les petites entreprises et de les mener à la banqueroute. Aujourd’hui, ce sont bien plus de personnes qui se retrouvent du jour au lendemain avec un emploi qui était sûr hier, et qui s’est évaporé en peu de temps.
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Trop grande la démesure
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Nous avons construit des avions de plus en plus grands, des bateaux de plus en plus gros, des hôtels et autres complexes immenses et nous ne pouvons plus les remplir. L’équilibre économique se porterait mieux si gîtes, chambres d’hôtes… avaient pu maintenir une activité touristique. Nous voulons toujours gagner plus de parts de marché et imposer une compétitivité absurde. On se rend compte que face à cette situation sanitaire, le meilleur compromis est bien les petites structures, car les charges de fonctionnement sont à la représentation de la taille de la structure unique. Aujourd’hui, on perd de l’argent sur une place vide, sur un mètre de moins quand on n’est pas tout bonnement sanctionné par la fermeture complète de son établissement.
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Quelle équation choisir ?
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Elle n’est pas simple, et pourtant elle tend quand même à nous montrer ce qui est le plus important : la vie ou l’économie ?
On dit souvent que l’eau c’est la vie, mais dire que l’économie c’est la vie nous ferait grincer des dents. C’est un concept difficile à faire avaler. Alors, face à ces millions de morts, les gouvernements comptent sur une révélation messianique pour limiter la casse, et de l’autre côté, il y a une population qui grogne car elle semble ne pas avoir le même point de vue que son chef d’État, ce qu’elle montre ouvertement en manifestant et en critiquant les mesures prises par ce dernier.
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Faut-il voir un ricochet dans le tissu économique ?
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Nous avons pourtant tout relié solidement pour arriver néanmoins en 3 mois à casser les fils pour contenir l’épidémie, et une fois que nous les avons renoués, la situation s’est à nouveau dégradée. Avons-nous trop tissé pour nous prendre dans notre propre piège ? L’histoire nous a montré comment le peuple Tainos a été décimé en cinquante ans à cause d’une économie arbitraire. Aujourd’hui, nous voyons comment certains archipels sont restés authentiques, sains, parce qu’ils ont refusé de coudre avec ce modèle. Et s’ils ont accepté certains fils, ils ont pris des mesures drastiques pour protéger leur patrimoine et leur qualité de vie. Sans cela, ils seraient réduits à faire face aux nombreux problèmes qu’engendre le système économique que l’on applique partout sans en mesurer les conséquences.
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À notre question initiale, quelle serait la réponse ?
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Ce qui reste de l’économie sera toujours détenu par les géants de l’industrie. Ces derniers ont bâti leur fortune sur le modèle d’avant covid-19 et ne pensent en aucun cas à changer leur vision de la richesse, même si des personnes doivent en mourir ou la nature en pâtir. Personne ne veut faire machine arrière toute pour éviter le danger et prendre un autre cap. On pense tout simplement passer ce cap et se retrouver dans des eaux turquoise plus calmes. Sauf que nous avons toujours procédé de la sorte et que les résultats ne sont pas probants. Puis on peut toujours pointer du doigt ces pachas de la finance et de l’économie comme pour nous dédouaner, mais nous, consommateurs, voulons-nous d’un changement ? Nos comportements et nos mentalités pour une grande majorité sont tout simplement contradictoires avec l’envie d’un nouveau modèle plus juste, plus sain et plus équitable. Slogans écologiques, antiéconomiques, climatiques… sont des refrains éternels, et le pouvoir de changer est à la main de ceux qui consomment, mais nous restons figés dans le mazout économique en espérant que l’on vienne nous porter secours.
Nous créons des besoins secondaires qui n’ont rien de primaire et de vital. De ce fait, les métiers qui s’articulent autour sont tout aussi précaires et secondaires. Alors que des marques notoires annoncent qu’ils vont tirer leur révérence, le boulanger du coin, le boucher… repartiront lentement mais sûrement. Sommes-nous assez clairvoyants pour comprendre que la dernière heure de vérité a sonné, très en retard, que l’heure du réveil est sur la grande aiguille du doute et que scepticisme et optimisme trottent inlassablement dans une joute acharnée. Mais qui gagnera ?
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Rédacteur Georges Cocks
©Pluton-Magazine/2020/Paris 16eme
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Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier
