Par Dominique Lancastre
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L’avocate Aurore Boyard et le magistrat Olivier Lambert nous entraînent au cœur des affaires judiciaires avec ces excellentes chroniques. L’ouvrage se compose en deux parties distinctes qui ont donné le titre : Lorsque les robes s’en mêlent… Lorsque les robes s’emmêlent. Deux parties composées de cinq chapitres pour la première partie et six chapitres pour la deuxième. Chaque chapitre dépeint une situation donnée, une expérience. La préface est signée Olivier Leurrent, ancien directeur de l’École nationale de la magistrature et président du tribunal judiciaire de Marseille. La postface est d’Hélène Fontaine, présidente de la conférence des bâtonniers de France et d’outre-mer. Un ouvrage bien encadré donc.
Mais, détrompez-vous, là où l’on pourrait croire qu’il s’agit de chroniques amusantes, car c’est souvent le cas lorsqu’on parle de chroniques, cet ouvrage est tout à fait sérieux dans la façon de nous centrer sur les rouages de la justice et dans la manière dont se déroulent les enquêtes judiciaires. Le lecteur apprend beaucoup de choses sur l’instruction des dossiers sans pour autant se heurter à un vocabulaire juridique incompréhensible, et cela rend la lecture de ces chroniques très facile.
Aurore Boyard et Olivier Lambert nous racontent d’une façon très humaine comment se déroulent les journées et le lecteur suit très facilement ce cheminement en étant spectateur mais un spectateur qui voit aussi l’envers du décor. Les auteurs semblent vouloir nous dire que la justice n’est pas ce que l’on croit toujours et que parfois il faut avoir le cœur accroché et une capacité à pratiquer le détachement pour exercer ce métier.
Mais ces chroniques judiciaires ne racontent pas seulement ce qui se passe dans la vie des personnes qui ont recours à la justice, c’est aussi une brillante manière que les auteurs ont trouvée pour dépeindre le côté parfois violent de ces métiers. Une violence qui s’exerce même entre collègues. Le métier d’avocat s’acquiert avec le temps et l’expérience et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la robe ne protège pas des différentes attaques en début de carrière. Et d’ailleurs ce fait est souligné dans l’ouvrage.
En mettant l’accent sur les relations avocats et magistrats cet ouvrage permet aux gens de la profession de se reconnaître dans les situations décrites mais cet ouvrage permet aussi aux lecteurs simples que nous sommes d’avoir un autre regard sur le monde judiciaire dont nous ignorons parfois tout. « Lorsque les robes s’en mêlent… s’emmêlent » est leur premier titre écrit à quatre mains et qui mérite d’être connu du public.
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Interview Me Aurore Boyard & Monsieur Olivier Lambert
1/ Pourquoi avoir choisi ce titre ?
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Il s’agit d’un jeu de mots pour imager le fait que les gens de justice (avocats, magistrats) entrent dans la vie des justiciables et de fait, s’en mêlent. Par ailleurs, il arrive régulièrement que les conflits des justiciables s’étendent aux acteurs de justice qui restent des humains et peuvent commettre des erreurs ; dans ce cas, ils s’emmêlent. Il nous semblait intéressant de mettre en lumière l’humanisme de tous les acteurs de justice et de permettre à nos concitoyens de se mettre à notre place.
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2/ Vous semblez dénoncer le mauvais fonctionnement de la justice. Pourquoi utiliser des chroniques ?
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Ces chroniques nous permettent de traiter de plusieurs affaires totalement différentes, tutelles, juge des enfants, tribunal correctionnel et de raconter une histoire qui pourrait être la vôtre ou/et celle de nombreux justiciables. Quant à la justice, il s’agit de la montrer telle qu’elle est, avec ses limites et son manque de moyens mais également avec l’implication des différents acteurs. Nous sommes souvent critiqués mais personne ne sait véritablement comment nous fonctionnons et ce que nous pensons, comment nous vivons l’impact également de ces histoires de vie qui ne nous laissent pas insensibles.
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3/ Qu’attendez-vous de cet ouvrage ?
De permettre aux profanes de se mettre à notre place et de s’apercevoir de la réalité du monde judiciaire, souvent qualifié de froid, distant et déconnecté de la réalité. Et puis, qu’ils s’interrogent sur l’acte de juger, l’acte de défendre et qu’ils se demandent si, à notre place, ils auraient pris la même décision ou auraient eu le même comportement.
4/ Pourquoi avoir choisi de publier à compte d’auteur ?
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Cela laisse une plus grande liberté à tout point de vue.
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Les auteurs
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Aurore Boyard
Avocate, Écrivaine et membre associée de l’Académie du Var
Elle exerce en qualité d’avocate à Toulon depuis le 5 janvier 1998. Spécialiste en droit de la famille, des personnes et de leur patrimoine, elle est formée à la lutte contre les violences conjugales. Elle intervient régulièrement en tant que chroniqueuse à l’antenne de Sud Radio et sur Var Azur TV.
Elle est l’auteur d’une comédie en trois parties sur le monde judiciaire : L’avocation, L’avocature et L’avocatesse, parue aux éditions Enrik. B.
Olivier Lambert
Magistrat, il entre à l’École Nationale de la Magistrature en 2005 et rejoint son premier poste de juge en 2007 au tribunal d’instance de Charleville-Mézières. Il sera ensuite juge des enfants au tribunal de Carcassonne puis vice-président du tribunal judiciaire de Toulon où il exerce les fonctions de coordonnateur de la protection et de la conciliation de justice.
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Par Dominique LANCASTRE (CEO Pluton-Magazine)
Pluton-Magazine/ 2021/ Paris16.