Par Dominique Lancastre
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Présent au 38e Marché de la Poésie à Paris, Gérard Lamoureux, directeur des Éditions Long Cours répond aux questions de Pluton-Magazine
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« Ces territoires insulaires caribéens ont donné naissance à des auteurs mondialement connus : les prix Nobel de littérature Derek Walcott, Saint-John Perse, V.S. Naipaul, sans oublier Aimé Césaire, Patrick Chamoiseau, Maryse Condé, Édouard Glissant… La Guadeloupe compte d’autres auteurs de tout premier plan : Daniel Maximin, Ernest Pépin, Simone Schwarz-Bart Gisèle Pineau, Max Ripon »
Gérard Lamoureux
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Long Cours est une jeune maison d’édition installée en Guadeloupe. La première question qu’on a envie de vous poser c’est pourquoi la Guadeloupe ?
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La Guadeloupe est une terre d’expressions artistiques incomparable. La musique, la danse, la littérature, les arts visuels y sont florissants. De jeunes auteurs se font entendre. Cette effervescence créative est particulièrement attirante.
Sa situation sur l’arc antillais, entre Amérique du Sud et Amérique du Nord, en fait un pays naturellement ouvert sur l’extérieur, sur les pays qui l’environnent, sur leurs cultures et donc leurs littératures. Voisins plus ou moins proches, les territoires hispanophones, anglophones et néerlandophones sont à quelques encablures, à portée d’esprit si ce n’est à portée de main. Même s’il est vrai que les liaisons inter-îles sont complexes.
Ces territoires insulaires caribéens ont donné naissance à des auteurs mondialement connus : les prix Nobel de littérature Derek Walcott, Saint-John Perse, V.S. Naipaul, sans oublier Aimé Césaire, Patrick Chamoiseau, Maryse Condé, Édouard Glissant… La Guadeloupe compte d’autres auteurs de tout premier plan : Daniel Maximin, Ernest Pépin, Simone Schwarz-Bart, Gisèle Pineau, Max Ripon …
Faut-il autre chose que cette vibration incessante, ce foisonnement, pour expliquer l’ancrage des Éditions Long Cours à la Guadeloupe ?
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Pourriez-vous me dire ce qui vous a ramené vers l’édition ?
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Ma carrière professionnelle a en effet commencé par l’édition à la Maison des Sciences de l’Homme. Je me suis ensuite consacré au développement et à l’action culturels, en France et à l’étranger mais mes pas ne m’ont jamais éloigné du livre, de la lecture, de l’édition. Quand j’ai créé les Éditions Long Cours fin 2017, je nourrissais depuis quelques années déjà le projet d’une structure éditoriale dédiée aux auteurs du grand bassin caraïbe.
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Notre catalogue compte donc des auteurs antillais francophones – Max Jeanne, Suzanne Lacascade, Roger Parsemain, François Piquet… – et des auteurs caribéens comme le Cubain Eliseo Diego et bientôt Robert Antoni et Elisabeth Nunez, tous deux d’origine trinidadienne et vivant aux Etats-Unis.
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Pourquoi ce nom : Éditions Long Cours ?
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On saisit d’emblée la référence aux voyages, aux longues traversées, à la découverte. La maison revendique en effet un goût certain pour l’exploration. Longcour est aussi le titre d’un très beau roman, méconnu, de Georges Simenon. Peut-être m’a-t-il influencé sans que je m’en rende compte immédiatement.
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Avez-vous une ligne éditoriale très stricte ?
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Nous avons publié, et allons publier de plus en plus, des romans et de la poésie venus du vaste ensemble caribéen. Je suis avant tout sensible à la qualité littéraire des textes, à leur originalité, par formation et par goût. Une structure éditoriale comme Long Cours se doit d’être créative, aventureuse aussi. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons notamment à des auteurs peu ou pas encore traduits en français.
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Que pensez-vous de l’édition aux Antilles ?
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On constate que le secteur éditorial antillais est partagé entre éditeurs à compte d’auteur et éditeurs à compte d’éditeur. Les premiers proposent une prestation essentiellement commerciale et des solutions d’impression selon une grille tarifaire préétablie. Les seconds, comme Long Cours, travaillent davantage à la défense des auteurs et protègent leurs droits, contractuellement.
Pour les lecteurs, cette cohabitation se traduit par la présence sur les tables des librairies de produits très différents. Les témoignages, les parcours de vie, les premiers essais poétiques ou romanesques, souvent publiés à compte d’auteur, voisinent avec d’autres livres qui s’inscrivent dans des démarches éditoriales et littéraires plus abouties.
Le choix des lecteurs ne s’en trouve pas facilité car l’offre, de prime abord, peut paraître assez confuse. Chacun doit alors trouver son chemin dans le labyrinthe, feuilleter, comparer, survoler ou prendre son temps, en bref choisir. Et peut-être se souvenir de La Fontaine : « Ce n’est pas sur l’habit que la diversité me plaît ; c’est dans l’esprit ».
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Comment expliquez-vous qu’avec autant d’auteurs reconnus ces îles peinent à imposer une maison d’édition ?
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Il y a peut-être une explication simple à ce phénomène. La plupart des livres des auteurs antillais « reconnus » sont publiés par des maisons d’édition parisiennes, celles qui leur ont permis d’accéder à la notoriété en faisant connaître leurs livres au plus grand nombre, parfois dans le monde entier, et bien sûr aux Antilles. Pour s’imposer, une maison d’édition doit faire ses preuves, gagner la confiance des auteurs, des libraires, des lecteurs…
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Vous venez de participer au Marché de la Poésie. Quel bilan tirez-vous de cette manifestation et de votre présence ?
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Après deux reports successifs et une annulation en raison de la pandémie, les conditions sanitaires étaient enfin réunies. Cette édition du Marché de la Poésie était donc très attendue par les éditeurs et par le public. L’enthousiasme des uns et les autres, le plaisir de participer à cette grande « réunion de famille » de l’édition de création, ont permis de reproduire l’atmosphère unique et conviviale du Marché.
Pour les Éditions Long Cours, qui participaient pour la troisième fois à la manifestation, le bilan est très positif, en raison notamment du succès rencontré par nos auteurs en signature et des nombreux visiteurs intéressés par notre production, curieux de connaître nos prochaines publications. Développer et fidéliser un lectorat est un défi de tous les jours qu’une manifestation comme celle-ci aide à relever.
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Par Dominique LANCASTRE (CEO Pluton-Magazine)
Pluton-Magazine/ 2021/ Paris16.
Photos Pluton-Magazine et Editions Long Cours