Tribune : Quelle place pour les autodidactes dans notre société ?

Par Georges Cocks

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Jean, 45 ans, est à la tête d’une chaîne d’entreprises de 3500 salariés. Cet entrepreneur qui accroît chaque année son chiffre d’affaires ressent toujours une gêne quand, au hasard de l’interview, on lui demande son parcours scolaire et pour cause : il n’en a pas ! Il n’a même pas le bac ni d’équivalent. Alors comment se fait-il qu’il en soit là ?

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Ils sont nombreux partout dans le monde des gens comme Jean. Des personnes qui réussissent sans grand bagage. Mais la vie sourit toujours aux audacieux, et de l’audace il en faut. Le dictionnaire définit l’autodidacte comme celui qui s’instruit par lui-même, sans maître. Mais cette définition n’est pas tout à fait vraie. On apprend toujours de quelque chose ou de quelqu’un. L’autodidacte n’a tout simplement pas reçu sa connaissance ni sa formation par le cursus scolaire d’éducation. Ses sourciers sont ailleurs. Sa connaissance et sa capacité à exécuter une tâche sont équivalentes à celles de quelqu’un qui a suivi un parcours scolaire sanctionné par un diplôme.

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De belles qualités

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Les autodidactes ont l’amour de l’apprentissage. La patience, le courage et l’ardeur au travail sont leurs points forts. Comme ils apprennent en tâtonnant, ils expérimentent de leurs erreurs et ne considèrent pas d’emblée que toutes choses sont acquises. Ce n’est pas un manque de confiance, c’est une forme de prudence. Ils n’abordent pas les choses comme un diplômé qui manque parfois d’humilité et se fait éjecter d’un nouveau poste parce qu’il n’a pas écouté les consignes. Ce dernier doit toujours passer par une phase d’apprentissage alors que l’autodidacte fait les deux en même temps.

N’ayant pas suivi la nomenclature du système scolaire, il est à même de faire preuve d’imagination et de propositions dans une difficulté rencontrée et de trouver une solution avec des moyens tout à fait différents et inimaginables. Il surprend toujours. Parfois, ces belles qualités sont forgées par des situations de vie sociale complexes. L’échec d’un côté n’a pas été une fatalité mais un « boost » énorme pour prendre en main son destin. Il sait alors être tolérant avec les autres, ce que n’arrivent pas à faire certains cadres exécutifs.

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Autodidacte VS diplôme

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Aujourd’hui, il n’y a pratiquement aucune chance de décrocher un job sur le simple dire : «  Je suis autodidacte”. Ce n’est pas un diplôme et les compétences, quant à elles, ont toutes les raisons d’être remises en question. C’est le mur qui se dresse sur le parcours des autodidactes, et c’est pourquoi, très souvent, s’ils ne sont pas dans une forme d’entreprise familiale ou amicale, ils développent progressivement leur propre business pour en devenir le dirigeant. 35 % des milliardaires n’ont pas de bac en poche mais un compte en banque bien garni. De plus, nombreux sont les emplois occupés pour lesquels une formation de base ne sert à rien, car certaines facettes du travail sont absorbées par l’ordinateur et ne restent que des formations internes souvent spécifiques au métier. Un non-diplômé pourrait très bien réussir à ce poste autant qu’un diplômé.

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Peut-il vraiment tout faire ?

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Non! Certains postes requièrent une qualification pointue et des normes de sécurité très élevées. Ce sont parfois des années de formation et les élus sont très rares. Scientifiques, médecins, ingénieur nucléaire… et bien d’autres encore. Il serait difficile de nous convaincre de prendre un A380 ou de se laisser opérer par un autodidacte. La défiance et la confiance viennent remettre en cause la capacité, et cela peut se comprendre. L’autodidacte le sait. D’ailleurs, il ne s’aventure pas dans Ces domaines. Il peut cependant avoir une entreprise qui touche à ces domaines sensibles avec des personnes qualifiées et compétentes.

Les préjugés à l’égard des autodidactes n’ont pas lieu d’être ni les traitements inéquitables en termes de rémunération. Un diplômé ne devrait pas se sentir frustré à l’idée de travailler avec son collègue qui ne l’est pas et vice versa. Quelquefois, on peut constater que des personnes ayant obtenu leur sésame ont beaucoup de mal à se positionner dans la maîtrise de leur poste de travail. S’il est vrai que le critère diplôme a tout son sens lors d’un recrutement, le RH devrait aussi faire preuve de bon discernement car la perle rare pourrait bien se cacher dans une huître qui n’inspire pas confiance. Les périodes d’essais sont faites pour cela et la motivation du candidat ne se traduit pas par une supplication de le prendre lui plutôt qu’un autre. Si vous avez ce genre de candidat, il serait préférable de sortir du format d’usage de recrutement par des questions toutes faites et de vous faire assister par le chef de l’équipe au sein de laquelle ce recrutement doit se faire. Il pourra tester les connaissances et les aptitudes réelles de votre futur ticket gagnant pour l’entreprise. Il suffira de quelques mini formations complémentaires ou simples tutoriels pour compléter la qualification.

Il n’y a aucune honte à ne pas avoir de diplôme si vous avez l’intelligence et la capacité de transformer le moins en plus. Votre ténacité, votre rigueur, vos résultats et la force que vous jetez dans votre travail seront toujours vus, recommandés et récompensés.

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Rédacteur Georges Cocks

©Pluton-Magazine/2021/Paris 16eme

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Par Georges COCKS
Écrivain- Éditeur-Poète-Romancier

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