Par Philippe Estrade auteur-conférencier
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Le roi Arthur a alimenté avec brio la littérature populaire et médiévale jusqu’à nos jours. Le cinéma s’est également souvent saisi de ce personnage monumental et de tous ceux qui gravitent autour de l’immense roi breton, Merlin notamment devenu l’enchanteur sous le regard bienveillant de Disney mais aussi Lancelot et tous les héros de la Table ronde. La quête permanente du Graal, la coupe dans laquelle le Christ a bu lors de la Cène et qui par ailleurs aurait également servi à récupérer son sang à la descente de la Croix, constitue un tableau incontournable du récit arthurien. Si le roi Arthur a probablement vécu entre le 5e et le 6e siècle, les historiens demeurent toutefois prudents, archéologues et médiévistes qui poursuivent des travaux depuis les années 50 afin de comprendre et soutenir son existence et ses origines probablement galloises, avancent avec méthode. Les récits qui entourent sa vie relèvent souvent de l’abondante mythologie celte particulièrement riche et nécessitent de la prudence dans la lecture de la peinture arthurienne.
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MERLIN, LA GÉNESE DE L’ÉPOPÉE D’ARTHUR
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Personnage considérable dans l’épopée arthurienne, ce barde plutôt obscur aurait donc installé Arthur sur le trône de Camelot. Souvent considérés comme des sorciers dotés de pouvoirs magiques, les bardes du haut Moyen Âge ont intégré avec abondance la littérature médiévale et le cinéma comme avec Gandalf dans le Seigneurs des Anneaux, Albus, le directeur de l’école de sorcellerie Poudlard dans l’incontournable Harry Potter ou encore le magicien d’Oz… Il semble que le tout premier Merlin, qui par ailleurs s’exprimait en vers, était un ermite vivant dans la forêt tout au nord de l’Angleterre, vers l’Écosse. Selon la tradition celte, Merlin devint prophète comme le furent d’ailleurs tous les bardes et poètes de Bretagne, c’est-à-dire la Grande-Bretagne actuelle et la Bretagne française. Merlin le barde apparut d’abord dans des premiers textes de Geoffroy de Monmouth, un évêque gallois qui vécut au 12e siècle, littérature relative à l’histoire des rois de Bretagne, devenue plus tard anglaise avec l’invasion anglo-saxonne. Fruit de la liaison entre un démon incube et une nonne, la naissance de Merlin relève de la mythologie bretonne mais dès lors qu’il fut baptisé, il devint un personnage utile et particulièrement bienveillant.
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Merlin face à Vortigern
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Bien qu’il tombât terriblement amoureux de la fée Viviane à qui il enseignera les bienfaits et les secrets de la bonne magie, Merlin demeura disponible et joua son rôle bienfaiteur en promouvant notamment Arthur sur le trône de Bretagne. Auparavant, le roi Vortigern, qui renonça à combattre les envahisseurs saxons, facilita en quelque sorte la soumission de l’Angleterre. La littérature relative à Vortigern indique que son château ne cessa de s’effondrer en raison du combat de deux vers géants dans le sous-sol selon Merlin, un rouge et un blanc, préfigurant le combat entre Bretons et Saxons. Ici, le récit mythologique et pittoresque a pris bien sûr le pas sur le cadre historique et exprime parfaitement bien le mixage de la passion arthurienne entre faits historiques et légendes. Merlin, à qui le récit attribue l’édification de Stonehenge, le fameux cercle mégalithique en Angleterre, se joignit alors au roi celte Uther Pendragon afin de s’opposer à la pénétration angle et saxonne.
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LE ROI ARTHIUR AU CŒUR DE L’ÉPOPÉE BRETONNE
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Arthur est naturellement le personnage principal de l’épopée bretonne. C’est bien lui le grand roi celte de Bretagne qui combattit avec panache les forces anglo-saxonnes qui venaient de s’installer dans le pays. Son royaume s’étendait en Bretagne anglaise et au-delà de la Manche, en Bretagne française. Plusieurs hypothèses sur la véritable identité du roi Arthur sont émises, d’abord la piste peu probable d’un général romain combattant les envahisseurs mais pour une écrasante majorité, c’est bel et bien un souverain celte s’opposant avec un réel panache aux invasions germaniques et précisément saxonnes en Bretagne. Arthur a même conquis une partie de la Scandinavie puis a militairement soutenu les celtes de Gaulle contre la pénétration germanique, franque notamment.
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Arthur, né grâce à Merlin
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Arthur est le fils du roi Uther Pendragon et d’Ygraine, la femme de son vassal le duc de Cornouailles. Profondément épris de la belle Ygraine, Uther a profité d’un subterfuge monté par Merlin pour la séduire. En effet, Merlin a donné à Uther l’apparence du duc de Cornouailles pour tromper Ygraine qui bien sûr succomba. Arthur naquit de cette relation et fut emporté et caché par Merlin qui l’éduqua avec éclat et virtuosité. Naturellement, on ne peut pas s’empêcher de penser à la délicieuse composition de Walt Disney, qui fait de Merlin un maître dans l’éducation du jeune Arthur.
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De l’épée d’Excalibur au trône breton
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C’est après être parvenu à libérer l’épée logée dans un roc, peut-être une enclume où le roi Uther l’avait fixée, qu’Arthur devint roi de Bretagne, l’actuelle Angleterre et la Bretagne française. D’ailleurs, la chronique précise que le fourreau de l’épée soustraite protègerait celui qui la possède, ce qui fit d’Arthur un remarquable combattant et un chef qui parvint à asseoir son autorité avec habileté et ardeur. La mention d’Excalibur, l’épée du roi Arthur, trouve sa source chez Chrétien de Troyes, le tout premier fondateur de la littérature arthurienne. Des annales médiévales attribuent à Arthur de beaux succès au combat contre les Saxons, en particulier en 539, et évoquent aussi Arthur en roi chrétien qui lutte contre le paganisme mais aussi contre les dieux déclinants de la Rome aux abois avant sa chute définitive.
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Sa passion pour la reine Guenièvre
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Arthur s’est enthousiasmé pour Guenièvre, l’a aimée et la fit reine des Celtes de Bretagne. Élégante et belle, elle fit l’admiration de la cour de Camelot et s’imposa comme une reine incontestée. Cependant, la légende tenace précise qu’il ne l’a jamais vraiment étreinte car il en avait fait le serment à Aconia la romaine, son premier amour. Dans tous les cas de figure, la chronique stipule que Guenièvre n’a pas eu d’enfants. L’arrivée de Lancelot du Lac, un Breton du continent ainsi nommé en référence au lac auprès duquel il fut élevé par la fée Viviane, va bouleverser l’intimité du couple royal car Guenièvre et Lancelot tombèrent éperdument amoureux et s’offrirent dans une relation secrète qui finira par éclater au grand jour, provoquant la colère d’Arthur face à la trahison de Guenièvre et de Lancelot, son meilleur ami et héros de la Table ronde. Mais Arthur se consolera avec l’enchanteresse Camille.
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L’affrontement d’Arthur et Lancelot du Lac
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Bien qu’il ne fût pas le plus assidu aux travaux de la Table ronde, Lancelot en demeura en revanche un acteur charismatique et populaire dans la littérature médiévale arthurienne. À Camelot, Lancelot sauvera à plusieurs reprises la reine Guenièvre. Accusée alors qu’elle avait succombé à un nouveau chevalier, c’est encore Lancelot qui la sauva du bûcher. Sa liaison avec la reine Guenièvre va conduire le roi Arthur à affronter Lancelot par les armes. Trompé et meurtri, Arthur ne vit pas d’autres issues que le combat avec Lancelot, l’adultère de la reine lui étant insupportable. Dans un combat à l’épée, Lancelot prit le dessus sur Arthur mais finalement épargna son roi et parvint à une nouvelle réconciliation. Mais le roi trahi fut recueilli par Morgane, sa demi-sœur, en forêt de Brocéliande. Perfide, Morgane manipula Arthur et l’inceste se produisit, donnant naissance à un garçon, Mordred, potentiel héritier de la couronne de Bretagne. Comme on peut le constater, le récit arthurien abonde en rebondissements qui relèvent pour certains de la mythologie et de la légende, en tout état de cause, la vérité historique dans ces épisodes est plutôt brouillée.
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La mort d’Arthur
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Alors que Lancelot disparut de la compilation arthurienne et qu’Arthur guerroyait en Gaulle, Mordred, son fils, tenta de s’emparer définitivement du pouvoir breton. Rentré à la hâte, Arthur l’affronta vers 490 et les deux hommes s’entretuèrent à la bataille de Calmann, clôturant ainsi un chapitre de relations douloureuses. Avant d’expirer, Arthur demanda que son épée Excalibur soit jetée dans le lac tout proche mais celle-ci fut récupérée par la dame du Lac, celle qui avait élevé Lancelot. C’est Morgane qui ramena le corps du roi défunt sur l’île d’Avalon dont la localisation est totalement incertaine et sujette à débats.
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LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE
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Incontournables de la chronique arthurienne, les chevaliers de la Table ronde dont Lancelot, Gauvain, Perceval ou encore Galaad, ont régulièrement alimenté la littérature, le cinéma et l’imagerie populaire. Fidèles du roi Arthur, ils combattaient à ses côtés mais se livraient aussi à la réflexion politique et spirituelle, la quête du Graal en est le principal témoignage.
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La quête du Graal
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La recherche du Graal, cette coupe sacrée dans laquelle le Christ a bu lors de la Cène, son dernier repas, et qui a recueilli également son sang lorsqu’il fut descendu de la Croix, est une étape illustre dans le cheminement des Chevaliers de la Table ronde. Lancelot du Lac, Gauvain, Galaad et Perceval, notamment, ont participé à l’aventure du Graal. Lancelot, pourtant le meilleur de la Chevalerie de la Table ronde, était devenu indigne de retrouver le Graal en raison de sa passion pour la reine Guenièvre. C’est Perceval, son écuyer, qui le premier aperçut la lumière du Graal, mais ébloui, il demeura muet et ne put poser des questions et percer le secret du Graal. C’est finalement le fils de Lancelot, Galaad, qui mourut quand le Graal se fut révélé à lui. Pourtant la légende celtique précise que c’est Lancelot qui découvrit le Graal mais l’approche chrétienne donne la paternité de la découverte du Graal à Galaad, qui le ramena dans la salle qui abrite la Table ronde.
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Arthur intégré aux neuf Preux de Longuyon
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La popularité d’Arthur a dépassé son territoire, l’Angleterre et la Bretagne française, et Arthur fut intégré dans la liste des Neuf Preux. Elle a été réalisée au 14e siècle, en quelque sorte un catalogue de chevaliers vaillants, courageux et braves, par Jacques de Longuyon, l’auteur d’une chanson de geste « les Vœux du paon » qui a introduit le concept des Neuf Preux, prestigieux inventaire d’immenses personnages. Arthur devint alors une figure médiévale majeure aux côtés de Godefroy de Bouillon, Charlemagne ou encore David.
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Entre légendes, mythologie, folklore et vérités historiques, le roi Arthur est en fait inclassable. Aujourd’hui, en France, la forêt de Brocéliande en Bretagne abrite un site qui fait revivre l’histoire envoûtante de ce souverain celte résistant aux invasions anglo-saxonnes, le château de Comper dans l’actuelle forêt de Paimpont. Des passionnés y font revivre avec éblouissement la magie des personnages de la légende arthurienne. On pourrait presque y surprendre Lancelot ou le roi Arthur lui-même sur un sentier ombragé par les chênes de l’épaisse futaie.
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Par Philippe ESTRADE
Pluton-Magazine 2024
