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Par Georges Cocks
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L’écologie ! Ce terme est de plus en plus en vogue ces dernières années. Il semble que nous aurions pris conscience d’une chose : nous faisons du tort à la nature par notre comportement de prédation sur elle. Écotourisme, label vert, écolabel, PEFC, FSC… nous sommes aujourd’hui submergés par ce marketing durable qui nous donne bonne conscience. Nous avons l’impression de contribuer à un effort positif en vue de la préservation de notre environnement et de la qualité de vie.
Est-ce vraiment efficace ? Devons-nous nous arrêter à cela ?
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Notre comportement
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Depuis très longtemps, les scientifiques du monde entier tirent la sonnette d’alarme. Des rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont depuis longtemps montré que le climat déraille, entraînant des catastrophes naturelles destructrices un peu partout dans le monde. Malgré les reportages massivement diffusés, que ce soit sur la fonte irrémédiable des glaciers, les vagues de sécheresse, le déboisement, les inondations ou les tempêtes d’une intensité incomparable, les mesures ne sont pas à la hauteur du drame qui se profile.
Nous sommes pour la plupart dans un déni léthargique imposé lui-même par une société qui veut nous faire croire que notre plus grand problème aujourd’hui est au centre de ses priorités.
On pourrait dès lors se demander pourquoi dans la classe politique les Verts ne sont pas plus représentatifs que cela ?
L’idée que nous nous faisons de notre amour pour la nature se résume parfois au concours du plus beau quartier fleuri, au beau jardin ou au parc bien entretenu et propre où l’on aime se promener ou faire du sport. Quelques hectares artificiellement conçus qui font la beauté ou l’emblème d’une ville, bordés par un lac artificiel. Que dire d’une riche propriété où la nature s’épanouit mais dont les voitures rutilantes sont polluantes au-delà du seuil acceptable tout en sachant qu’elles ont été vendues avec un fort malus, une autorisation légale à polluer.
Le fait de ne pas jeter ses canettes par la fenêtre de son véhicule ne suffit pas pour être un bon citoyen vert. Certains se débarrassent de leurs ordures dans les sous-bois à l’insu des regards, créant des décharges sauvages à ciel ouvert alors que des dispositifs gratuits sont mis en place pour cela. Malheureusement on y trouve des déchets du BTP et des produits dangereux pour l’environnement.
L’extrême pauvreté crée des bidonvilles en marge des zones urbaines. La précarité et l’absence d’infrastructures adéquates ont vite fait de ces quartiers des zones insalubres où pullulent aussi les maladies.
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Le non-sens
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Les usines qui polluent l’air, l’eau et le sol produisent plus de biens plus qu’il n’en faut et contribuent à dégrader notre environnement. La guerre économique et le marché de la concurrence maintiennent le déséquilibre en permanence. Pour y pallier sont apparues des écotaxes de toutes sortes sur des produits de tout genre. Le plus souvent en fin de vie, très peu de ces produits ne subissent pas le traitement prévu préalablement à leur destruction et au reconditionnement des matières premières à récupérer. Nos déchets finissent de l’autre côté de la planète ou dans un marché parallèle. Chez nous ou ailleurs, la nature reste la même, avec les mêmes fragilités de notre écosystème.
Comment peut-on permettre à une entreprise de polluer en achetant des crédits carbone ? Le géant Microsoft d’annoncer l’achat de crédits d’élimination de carbone avec une société danoise qui s’attelle à récupérer le CO2 de l’air et à le stocker sous terre ou le transformer en « énergie propre ». Comme l’indique The Verge, l’installation aura la capacité de régénérer approximativement 50 MW de chaleur résiduelle, et Ørsted capturera 280.000 tonnes de CO2 biogénique par an grâce à la centrale, ce qui équivaut à la consommation annuelle en électricité de 187.000 foyers. (Source Capital). Le site de stockage du CO2 se trouve dans la mer au large des côtes, à 800 m de profondeur.
Si on reformule la question, comment peut-on polluer en un point A sous prétexte d’avoir un contrat environnemental dans un point B situé à des milliers de kilomètres ? La pollution au point A n’étant pas résorbée, elle détruit l’environnement et affecte les personnes qui s’y trouvent. Sans parler de la répercussion sur des régions situées en dehors du périmètre immédiat. Acheter des arbres et vendre du carbone pour reboiser est une nouvelle tendance écologique. La nature se trouve toujours piégée dans la manipulation de l’homme pour en tirer un profit. On en est venu à planter des arbres pour polluer et non pour respirer.
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Notre plus grande poubelle
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Elle est sublime depuis l’espace, la seule planète de ce bleu dominant. Elle est constamment convoitée par les envahisseurs qui viennent de très loin dans nos films de science fiction parce qu’elle est idéalement conçue pour garantir la vie. Mais l’activité humaine a fait d’elle le plus grand dépotoir de l’univers. Depuis très longtemps nous remuons le sol pour enfouir nos déchets. Nous coulons nos déchets radioactifs sur le tapis océanique et tout cela sans le moindre scrupule. C’est exactement comme si quelqu’un venait déposer délicatement une crotte dans notre assiette sans la mélanger à notre nourriture. Nous trouverions cela dégoûtant et nous laisserions tomber toute envie de continuer à manger.
Nous n’avons pas encore atteint ce grand dégoût de nos actes et c’est bien là la plus grande inquiétude.
L’eau, l’air, le sol sont déjà pollués et notre nourriture l’est aussi avant même d’être industrialisée. Si nous nous arrêtons sur ce petit département d’Outre-Mer qu’est la Guadeloupe, la grande majorité de sa population est contaminée par un pesticide, le Chloredécone interdit depuis 1976 aux USA, 1990 en France, mais son utilisation a perduré jusqu’en 1993-1994. Les sols où l’on cultivait la banane sont contaminés et les ruissellements ont même répandu le poison dans la mer. Cette molécule peut persister jusqu’à 700 ans.
Ce drame n’est qu’un des petits impacts sur notre environnement. Si nous devions prendre en compte le passé historique et le présent lamentable de nos agressions envers la nature, l’homme ne serait pas éligible comme le meilleur protecteur de la terre.
Nous aimons profiter des merveilles de la nature et nous avons du mal à repartir avec nos déchets. Il n’est plus difficile d’identifier le passage de l’homme en un quelconque endroit de la terre aujourd’hui. Même le sommet de l’Everest est jonché de détritus et d’excréments humains en quantité importante. C’est un comportement purement égoïste et irrespectueux que nous avons.
Nous n’avons toujours pas compris que nos innovations technologiques visant à créer des biens de consommation non indispensables devraient être remplacées par des innovations visant à prendre soin de nous-mêmes et de notre environnement. Notre amour de la nature devrait dépasser le stade de notre parterre d’orchidées, notre animal de compagnie… car ce sont les impacts indirects et qui ne se voient pas qui sont les plus néfastes. Les kilos de vêtements non nécessaires que nous achetons nécessitent des centaines de millions de litres d’eau dans leur fabrication, les aliments malsains que nous mangeons favorisent la déforestation, l’épuisement des sols et la disparition d’espèces animales et végétales… Nous devons impérativement revoir nos habitudes de consommation. Le pouvoir et le système économique nous bernent et nous rendent indirectement responsables de notre propre sort. Peut-être que si nous cessons de donner de l’importance à ce qui ne l’est pas, nous aurons conscience que l’on nous dicte ce qui a de la valeur et ce qui n’en a pas. Le prix de vente est de loin un indicateur environnemental mais aussi un prix psychologique d’appartenance sociale.
Nous aimons à exploiter la nature car elle ne nous vend rien. Nous nous approprions avidement ses ressources jusqu’à l’épuisement complet parce quelle accepte tout en silence et sans geindre. Mais on a beau jeter les débris à la mer ils finissent toujours par revenir à terre. La nature n’a pas besoin de l’homme pour se régénérer.
Lorsqu’on aime, on protège. On s’abstient spontanément de dégrader, surtout quand on ne sait pas réparer. Chaque geste est un effort, chaque effort est une victoire.
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Par Georges COCKS
Pluton-Magazine 2024
Photo Pxhere