Le Bal des Parisiennes, le bal viennois de Paris.
Que seraient des valses viennoises sans la tradition des robes parisiennes ? Alors, il y aura un défilé en trois tableaux, sur le thème de Peau d’Âne : robes de temps, robes de lune, robes de soleil. La ville de Vienne, partenaire officiel de l’édition, offrira le traditionnel cadeau aux dames : une magnifique broche dite Sissi.
Une vie parisienne, chère à Offenbach.
Une vie parisienne, chère à Offenbach.
Plus loin, dans des robes de haute couture qui n’ont rien à envier aux salons viennois, elles sont trois qui trépignent aussi (on peut les comprendre) : Clotilde, Diane et … Anastasia que je retrouve. Beaux éclats de rire : je ne l’avais pas reconnue, elle venait de changer de robe ! Ce soir, c’est une première ici aussi pour chacune d’elle qui exprime sa chance d’être là, avec la ferme intention d’en profiter au maximum, car : « C’est une année de travail, soixante- dix heures de cours de danse, tous les quinze jours, des stages de danse le week-end, beaucoup de répétitions en groupe surtout, on fait ça dans divers endroits de Paris, on loue aussi des salles de danse pour être à l’aise, se préparer dans de bonnes conditions et l’objectif, c’est d’apprendre à valser, pas seulement avec notre partenaire mais dans un ensemble, c’est l’effet chorégraphie qui prime. » Danseuses et danseurs sont issus de divers milieux d’activité, il y a des étudiants et beaucoup de jeunes professionnels de la danse.
Avec le Ballet de l’Opéra National de Paris.
Nous retrouvons bien sûr les traditionnels discours de bienvenue et de remerciements, ce à quoi s’applique Charles de Lauzun, lequel a porté avec son épouse, Hélène, ce beau projet à bout de bras. Mais il tient à insister notamment sur le fait que la soirée est placée sous le signe de la Fondation Espérance Banlieues qui disposera à la rentrée prochaine en France d’un réseau de neuf écoles dont les objectifs sont d’agir et de lutter contre le décrochage scolaire et de transmettre l’amour de la culture française.
La Marche d’Ouverture s’ouvre sous un tonnerre d’applaudissements, avec l’introduction de Flots de joie, d’Émile Waldteufel. S’ensuivent le défilé de robes, le Récital d’Opéra sur des airs célèbres, via le brillant Duo de la Gantière et du Bottier, accompagné par l’Orchestre du Campus d’Orsay ; puis les quarante débutants du cru 2016 s’élancent pour une polka enivrante d’Émile Waldteufel sur une chorégraphie de Charles de Lauzun, relayés ensuite par les danseurs du Ballet de l’Opéra National de Paris, sur la célèbre partition Humoresque, d’Anton Dvorak. Mais l’humour est également bien présent sous la coupole puisqu’en clin d’œil à la coupe d’Europe de football, des sifflets d’arbitres saluent la Valse des Débutants afin d’accompagner ces derniers à l’échauffement…
« Un véritable engouement pour les danses de salon, en couple principalement »
Tout au long de cette longue soirée, sans souffler un instant, la présidente du Bal des Parisiennes, Hélène de Lauzun, s’est affairée ici et là ; il fallait que tout soit parfait et cela l’était quand j’ai pu enfin m’asseoir à ses côtés. Cette universitaire brillante, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Paris, a enseigné la littérature française à Harvard. Auteur d’une thèse reconnue sur les relations diplomatiques franco-autrichiennes dans l’entre-deux guerres, elle a repris et développe depuis deux ans, l’école de danse « Votre Bal/Votre Valse », fondée avec Charles de Lauzun, lui aussi universitaire (Paris, Harvard, Cambridge), consultant en stratégie financière et passionné de communication.
- – Une aventure qui a commencé dans ce cadre, il y a peu de temps ! « Oui, dans sa forme actuelle, le Bal des Parisiennes en est à sa 2ème édition, me dit-elle, une entreprise qui est jeune, qui fédère tous ces passionnés que vous voyez là, née de la passion de la valse. Dans notre école créée en 2009, nous avons rassemblé progressivement un public de personnes impatientes de trouver des occasions de pratiquer, à cela s’est ajouté le fait qu’il y a aujourd’hui un véritable engouement pour les danses de salon, en couple principalement. Le « marqueur » TV que vous connaissez, « Danse avec les Stars », en est l’illustration même ; et ça, c’est quelque chose qui aujourd’hui trouve écho dans de nombreuses salles de danse. Nous, nous en faisons l’expérience dans notre école, parce que nous y avons un public globalement très jeune, une moyenne de quarante ans. Et on les retrouve ici ce soir. Avec de plus jeunes débutants qui ont entre vingt et trente ans ».
« A peine entré, je me lançais dans le tourbillon de la valse… »
Dans l’imaginaire populaire, la valse incarne le rêve d’un certain accomplissement de soi, de l’assurance, du bien-être, de la grâce surtout, et c’est un fait que l’engouement est croissant, vu les chiffres de fréquentation de l’école spécialisée dans la valse et n°1 sur ce segment, qui « sert » 400 mariages par an et initie 150 élèves formés en groupe à la valse viennoise. Des centaines de mariés viennent y frapper à la porte chaque année et depuis 2009, pas moins de 2000 couples mariés sont entrés dans la valse…
Isabelle Grozelier, qui est en charge des relations publiques, assurément passionnée elle-même, ne cache pas sa joie de contribuer à rendre ainsi au Salon Opéra, conçu comme une salle de bal, sa vocation initiale, avec toute la majesté et la splendeur qui découlent d’un pareil lieu : « On revient sur la tradition des valses parisiennes d’autrefois, est-ce qu’on l’a recréée ? Je n’en suis pas sûre, je dirais plutôt qu’on essaie d’innover en partant de ce qui fonctionne, de ce que les gens aiment, c’est-à-dire danser, valser, s’amuser, oui, ça, c’est sûr, les Parisiennes aiment cela encore plus et en fait, ce que nous cherchons vraiment à faire, comme ce soir, ici, c’est transmettre ce goût du beau. C’est un événement ancré dans la tradition, certes, parce qu’on ne construit rien sans le passé, mais il faut vivre le présent et le futur et pour ça, Charles, qui est le directeur artistique du bal, innove au quotidien pour transmettre sa passion de la valse. Pour moi, par exemple, le ballet m’amène dans une dimension particulière … c’est comme si, avec les danseurs du ballet, le bal prenait son envol ! C’est ce qui le dynamise. Et il y a tous les ingrédients ; vous avez vu, le cadre, la technique, les belles tenues, la musique, les voix. Ça fait partie du rituel viennois, l’opéra, le ballet et on essaie de l’adapter à notre temps, au goût parisien ! »
Et comment une première (longue) partie de soirée se terminerait-elle autrement que par un hommage à l’esprit même de Vienne ? Alors, sur le traditionnel « Alles Walzer », l’ensemble des spectateurs est invité à rejoindre les Débutants sur la piste, pour la Valse de l’Empereur, hommage à l’emblématique empereur d’Autriche (c’est le centenaire de sa mort) et de son épouse Sissi. Quant aux plus courageux, ils iront se coucher à cinq heures du matin, après avoir dansé rock, west coast swing et tango… Je n’étais plus de ceux-là !
« À peine entré, je me lançais dans le tourbillon de la valse, cet exercice vraiment délicieux m’a toujours été cher ; je n’en connais pas de plus noble ni qui soit plus digne en tout d’une belle femme et d’un jeune garçon ! » (Alfred de Musset – Confessions d’un enfant du siècle, 1837).
Par Jean-Louis Lorenzo, journaliste de radio et de télévision. Aujourd’hui retraité, il a exercé ce métier pendant près de 40 ans, aussi bien en France métropolitaine que dans les stations d’Outre-mer : Amérique latine, Afrique de l’est, Océan Indien. Il a longtemps exercé en Aquitaine où il fut rédacteur-en-chef de la station de Radio France (France Bleu Gironde). Il a publié plusieurs ouvrages, les trois derniers puisés dans le terroir bordelais.
Secrétariat de rédaction Colette Fournier