« Drunk Nude », l’addiction picturale du Cambodgien Heng Ravuth

Le peintre et photographe Heng Ravuth appartient à la nouvelle génération d’artistes du Cambodge. Il inscrit son œuvre dans un « para-réalisme » basé sur l’introspection, l’exploration du corps et de l’intime. Rencontre.

A Phnom Penh, au Cambodge, il existe un milieu artistique et culturel très dynamique. Composé de Cambodgiens et d’expatriés installés dans la capitale, ils et elles sont peintres, photographes, plasticiens, galeristes, écrivains, musiciens, enseignants… L’un des lieux de rencontres favoris de cette communauté est le Java Café and Gallery, à deux pas du monument de l’Indépendance. Cet espace convivial, qui comporte un étage, propose des expositions en permanence, notamment de jeunes artistes cambodgiens.

C’est là que nous avons rencontré le peintre et photographe Heng Ravuth. Né à Phnom Penh en 1985, diplômé de l’Université royale des Beaux-arts, membre fondateur du collectif artistique Stiev Selapak (« Les rebelles de l’art », en français), il fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui n’hésitent pas à bousculer les codes habituels, à revendiquer une totale liberté de création, quitte à choquer dans une société très influencée par ses traditions religieuses. Jusqu’au 30 septembre, il présente au Java Café and Gallery une nouvelle série de peintures intitulée « Drunk Nude », une série d’autoportraits en acrylique qui complète des créations précédentes qui utilisaient également les techniques de la photographie numérique.

 

Heng Ravuth, « Smoking in Toilet », acrylique sur toile, 2015-2016
Heng Ravuth, « Smoking in Toilet », acrylique sur toile, 2015-2016

 

« Drunk Nude est un travail sur l’intoxication ou l’addiction, car pour moi la peinture est une véritable addiction », explique Heng Ravuth à Pluton Magazine. « Par ailleurs la nudité est la nature de l’homme. D’où cette représentation du nu dans ma peinture, difficile à accepter dans la société cambodgienne qui considère encore la nudité comme taboue. » « Je peins mon propre corps car cela me donne une liberté totale. C’est également un processus d’exploration personnelle, de mon intimité, de mon esprit et de mon imaginaire, dans une recherche permanente d’identité », ajoute-t-il.

 

Le peintre Heng Ravuth devant « Rolling on the Bed », acrylique sur toile, 2015-2016 © Ph. Triay
Le peintre Heng Ravuth devant « Rolling on the Bed », acrylique sur toile, 2015-2016 © Ph. Triay

 

Cependant Heng Ravuth aspire à un dialogue avec le « spectateur » de son œuvre, il souhaite « un débat plus large » que la simple observation. « Ma peinture implique la multiplicité », dit l’artiste, « elle doit permettre une élucidation ou une interprétation libre. Je veux que les gens s’interrogent et réfléchissent en regardant mes œuvres. » Influencé par le surréalisme, il qualifie son art de « para-réalisme ». « Je veux aller au-delà du réalisme, extraire quelque chose d’autre de la réalité ». Avant de confier dans un sourire : « Je me demande souvent pourquoi je peins. Mais j’avoue que je ne trouve pas de réponse. Alors je continue de peindre. »

 

Heng Ravuth, « Naked Walked », acrylique sur toile, 2015-2016
Heng Ravuth, « Naked Walked », acrylique sur toile, 2015-2016

 

ស្រវឹងស្រាត
Drunk Nude
ការងារមួយឈុតថ្មីដោយ ហេង រ៉ាវុធ
A new series by HENG Ravuth
ចាវ៉ាកាហ្វេ និង ហ្គាឡឺរី (វិមានឯករាជ្យ)
Java Café and Gallery (Independence Monument)
រាជធានីភ្នំពេញ, ប្រទេសកម្ពុជា
Phnom Penh, Cambodia

កាលបរិច្ឆេទពិព័រណ៍៖ ២៧ កក្កដា ដល់ ៣០ កញ្ញា ឆ្នាំ២០១៦
Exhibition dates: July 27 – September 30, 2016
គទានុរក្សាដោយ ដេណា ឡេងឡ័ស
Curated by Dana LANGLOIS
នាំមកជូនដោយ ចាវ៉ាសិល្បៈ
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About Philippe Triay

D’origine martiniquaise, Philippe Triay est journaliste à France Ô, la chaîne du groupe France Télévisions consacrée aux Outre-mer, où il traite principalement de thématiques culturelles. Il a publié en 2015 un essai sur les écrivains martiniquais Aimé Césaire et Frantz Fanon ("Pour une lecture fanonienne de Césaire", éditions Dagan, Paris), ainsi que "Barbaries" en 2016 aux éditions du Manguier, un recueil de poésie illustré par le peintre guadeloupéen Romain Ganer. Son dernier livre, un récit intitulé "La fin de l'insouciance", est paru en mars 2018 aux éditions du Manguier.

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