Jazz : le jeune guitariste et compositeur, TOM  IBARRA,  poursuit son ascension. Un nouvel  album est annoncé.

 

 

            À 17 ans, il enchaîne les concerts et parfois, la fatigue prend le dessus, mais jamais sur le moral ; Tom Ibarra débarque au petit matin en gare de Bordeaux-Saint-Jean où je l’attends pour un petit déjeuner (ponctué de mes questions) ; il me fait peine, j’ai scrupule à pousser l’interview, mais il s’y prête de bonne grâce, malgré les misères infligées à son nez à cause des satanés pollens, et sans doute aussi un coucher parisien très tardif pour avoir joué la veille avec le groupe Ora Project au Sunset Sunside, entre Halles et rue Saint-Denis. Mais kleenex aidant, nous progressons…

 

« Unter den Linden » ou le plaisir des scènes de l’été…

 

 

 

 

Deux jours plus tard, je le retrouve tout à fait remis, à Camblanes-et-Meynac, en Entre-deux-Mers, sur la place ombragée de l’église (le soleil cogne déjà !) où l’été girondin a bien commencé avec Festival Jazz360. D’ailleurs, il n’est que de jeter un œil sur son programme de tournées, pour comprendre combien son groupe Tom Ibarra group est sollicité. « Sous les tilleuls » donc, très odorants (qui le laissent tranquille, apparemment), et sur fond de ciel bleu, un public conquis va pendant près de deux heures vivre devant l’estrade les sonorités funk-rock-fusion dont les influences rappellent de grands noms, de Miles Davis à Santana, en passant par Pat Metheney, Prince, Weather Report … De temps en temps, d’ailleurs, Tom sollicite le public avec une pointe de malice dans l’espoir que quelqu’un reconnaîtra l’auteur d’un morceau dont un de lui-même : timidité ou trou de mémoire, ça n’est pas évident ! Et on continue.

 

Entre l’apprentissage chez Didier Lockwood et le studio d’enregistrement.

 

Didier Lockwood

Élève depuis un an, à Paris, dans la structure réputée du CMDL (Centre des Musiques de Didier Lockwood), Tom dresse un premier et bon bilan : « Cette première année a été pour moi très riche en expériences, en découvertes au niveau de la musique au sens large, de ses différents aspects ; c’est arrivé au bon moment, je commençais à stagner ; on ne peut pas progresser que seul et là, c’est formidable… d’abord, on n’est qu’une cinquantaine, toutes classes et tous niveaux confondus, dans une atmosphère conviviale. Ce sont des cours très étendus, on a un professeur par instrument et aussi des intervenants – des pointures vraiment – qui viennent chaque semaine. Ça aussi c’est extra. »  Des musiciens de haut niveau, qui comptent en effet parmi l’élite nationale, constituent l’équipe pédagogique de l’établissement. On est ici dans le royaume du jazz, des musiques actuelles, improvisées, c’est ce qu’il lui fallait. Tom voit aussi dans cet apprentissage une belle opportunité au travail des partitions et une meilleure lecture des grilles. Pas de compétition entre élèves, mais une réelle stimulation. On parle de  projets, d’avenir et le voici d’ailleurs qui « recrute » l’un d’entre eux, en 3ème et dernière année et sur le point de quitter l’école, car une équipe renouvelée de Tom Ibarra group est annoncée avec un nouvel album.

 

De nouveaux visages dans le groupe de musiciens et bientôt , neuf nouveaux titres, davantage jazz-funk

 

L’amitié, la complicité subsisteront, mais, ainsi va la vie où chacun, à un moment ou à un autre, a besoin d’un nouvel envol ; des musiciens partent, donc, pour d’autres projets, le pianiste Christophe De Miras et le bassiste Jean-Marie Morin ; du groupe, restera Pierre Lucbert pour la batterie : parmi les nouveaux musiciens figurent le saxophoniste Jeff Mercadié, le claviériste Auxane Cartigny et le bassiste Antoine Vidal, avec qui Tom a déjà travaillé et qui possède lui-même le groupe Ishkero qui tourne bien sur la capitale.

 

 

 

( Gauche à droite : Jeff, Auxane )

 

 

 

( Vidal , Lucbert)

 

L’enregistrement du nouveau disque va se dérouler sur une bonne dizaine de jours au mois d’août, chez Guillaume Thévenin et son équipe du Studio Cryogene Prod, à Bègles (Bordeaux Métropole), qui compte parmi ce qui se fait de mieux dans la région dans l’enregistrement et la postproduction, structure qui achève aussi son relooking total dans ce lieu emblématique du célèbre groupe de Bertrand Cantat et Noir Désir. (Il y a quelques années, Fred Vidalenc, qui fut le premier bassiste de Noir Désir – c’était à l’époque de la Grosse Rose, c’était la maison de sa famille, d’ailleurs –, y a enregistré le CD d’Ombre rouge).

 

Cet environnement résolument professionnel réjouit à l’avance le jeune compositeur et guitariste, c’est d’autant plus stimulant que des noms et groupes reconnus s’y succèdent, à l’exemple du Bordelais d’origine, Thibault Cauvin, musicien classique de renommée internationale (plus de 1000 concerts dans le monde à ce jour !) qui y a enregistré pour Sony Music son magnifique album de guitare classique solo ; mais encore de la japonaise Mieko Miyazaki, plusieurs albums gravés là ; Akoda pour son jazz créole ; le groupe Komodo et bien d’autres artistes et groupes de rock …

 

Studio Cryogène, ici le groupe Komodo (crédit photo Cry Prod)

 

La réception finale de l’album du groupe de Tom est annoncée pour le mois de décembre, une bonne idée de cadeau pour Noël ! Mais une sortie de disque coûte cher et le nerf de la guerre est incontournable ! Alors, si on veut aider le groupe à boucler le budget à cet effet, on peut se rendre sur le lien suivant : kisskissbankbank.com

 

L’endorsement, une reconnaissance.

 

Le début de cette année 2017 a été l’occasion pour Tom d’un deuxième séjour à Los Angeles et toujours pour le NAMM Show, autrement dit le plus grand marché aux instruments de la planète, (« La Grand messe du matos ! » comme l’écrit UGuitarTool), avec les grandes marques, musiciens, testeurs fous, vedettes ou débutants. Tom s’y est produit en compagnie du bassiste Romain Labaye,  un moment qu’il n’oubliera pas.

 

Lors de son endorsement chez DV Mark, il s’est vu remettre un ampli DV Jazz 12 combo et un autre DV Neoclassic 212 avec un DV Micro 50. Ce sont des dotations magnifiques dont le rendu « son » est remarquable, il dit combien il les apprécie, car DV Mark, dans ses multiples fabrications, garde à l’esprit les guitaristes de style jazz, en mettant notamment en avant sa technique révolutionnaire pour aboutir à « un large spectre dynamique, une attaque incisive et une plus grande gamme sonore » (DV Jazz 12). Quant à l’instrument même, c’est le même bonheur, grâce  à ROLAND (la pédale d’effet) et IBANEZ, autre grand sponsor, pour la guitare. « Leurs instruments, c’est un vrai régal, insiste Tom, ils sont au top et j’ai le plaisir aussi d’avoir fait une vidéo pour Ibanez. »

 

 

Depuis notre rencontre à Camblanes, il a regagné Paris pour continuer les répétitions dans la perspective du nouvel enregistrement, après avoir rejoué avec le jeune Ayan Kahn, le 16 juin, à Périgueux, pour Jazzindia au Paradis ; ils s’étaient d’ailleurs produits l’an dernier chez Alriq, à Bordeaux. Merveilleuse rencontre entre deux talents qui ont su ensuite si bien associer des instruments différents pour un incroyable rendu (Tom était aussi allé chez Ayan, en Inde, pour s’imprégner de cette musique indienne).

 

Ayan

 

Les nuits de Tom, si fan de Miles Davis, quand on le connaît, on les imagine tout en musique, avec des voix, des visages, des rappels de moments inédits, comme lorsqu’il eut le privilège de connaître et de jouer surtout (à 16 ans, l’an dernier) avec le grand Marcus Miller (vidéo Youtube : Marcus Miller featuring Tom Ibarra @ Saint Emilion Jazz Festival Tutu-Live M.Miller). Et ces incroyables musiciens qu’il a eu la chance de croiser à Los Angeles, le bassiste italien Federico Malaman ou encore le batteur hongrois Gergo Borlai ; tous ces autres partages de scène avec Sylvain Luc, Richard Bona et bien sûr, Didier Lockwood…

17 ans seulement !

 

« Il y a quelques années de cela, une étude scientifique a fait apparaître que l’improvisation constituerait l’un des sept paramètres générateurs de la vie ! Depuis cette étonnante découverte, s’est naturellement imposé à moi le désir de partager avec tous ceux qui le souhaiteraient ce processus vital qu’est l’improvisation.» (Didier Lockwood, 2013, – La Théorie des Cordes – ImprOvisible – Le Spectacle solo)

 

                                                                                                        Reportage JLLorenzo

Pluton-Magazine/2017

Secrétariat rédaction Colette FOURNIER

Photo couverture T.Dubuc

 

 

 

 

Calendrier : un été donc bien rempli pour Tom Ibarra, après le 16 juin 2017 à Périgueux pour Jazzindia au Paradis, avec le jeune prodige indien Ayan Khan que l’on a déjà accueilli à Bordeaux, le 21 juin ce sera pour la fête de la musique, à l’Espace improbable (ancienne grande poste de Bordeaux, rue du Palais Galien). D’autres lieux encore : à Molières, Saint-Martial de Mirambeau, Vannes, Lacanau, et surtout les 30 et 31 juillet pour le réputé Jazz in Marciac, une reconnaissance du talent de Tom Ibarra Group, mais encore en août chez Alriq à Bordeaux, à Cadillac aussi – pour le détail voir lien : http://www.tomibarra.com/)

 

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