Entre les lignes (3): Aimé Césaire oeuvre poétique complète, édition bilingue américaine.

.

.

 « The complete poetry of Aimé Césaire  » une traduction bilingue de A. James Arnold et Clayton Eshleman

 

L’édition américaine de la poésie complète d’Aimé Césaire

 

En 2013, pour la fête du centenaire d’Aimé Césaire, les éditions du CNRS ont lancé une édition de l’œuvre littéraire de Papa Aimé. Sous le titre Poésie, Théâtre, Essais et Discours, celle-ci réunit les premiers textes publiés du grand poète de la Martinique. Aujourd’hui, une presse universitaire américaine spécialisée dans l’édition de poètes – la Wesleyan University Press – sort une édition bilingue basée sur ces mêmes textes. Le résultat est un Césaire où les poèmes brillent de leur fulgurance restaurée.

 

Les cotraducteurs sont le poète américain Clayton Eshleman, connu aussi pour avoir traduit Antonin Artaud, et l’universitaire chevronné A.J.  Arnold, qui avait dirigé l’équipe de l’édition du centenaire. Le Cahier d’un retour au pays natal, dans le texte de la revue Volontés de 1939, révèle sa structure originelle, construite autour de l’expérience initiatique de l’alter ego du poète. Le recueil Soleil cou coupé, dont les deux tiers avaient été soit coupés soit profondément altérés pour la réédition dans Cadastre, en 1961, retrouve sa violence apocalyptique des années 1940.

 

La trajectoire poétique d’Aimé Césaire décrit, pour la première fois dans une édition bilingue, sa courbe complète : transformation du moi colonisé dans le Cahier ; explosion optimiste de l’énergie spirituelle par les techniques du surréalisme jusqu’en 1950 ; représentation des Antilles et de l’Afrique à la veille des indépendances dans Ferrements ; interrogation de son moi rétréci resté fidèle à l’identité antillaise dans Moi, laminaire… en 1980 ; finalement, le retour sur les excès et les erreurs de la première formulation de l’idéologie de négritude dans Comme un malentendu de salut, en 1994.

 

Une biographie et d’abondantes notes explicatives feront de cette édition une ressource incontournable pour l’étudiant et le chercheur, ainsi qu’un trésor pour le lecteur de poésie.

 

 

Notes sur l’ouvrage 

 

L’édition bilingue de la poésie complète d’Aimé Césaire, qui fait plus de 962 pages imprimées, a représenté un défi sur plusieurs plans. Aucun éditeur commercial en Amérique du Nord n’aurait accepté de publier une édition bilingue d’un poète dont l’œuvre était connue pour sa difficulté d’accès. Parmi les maisons d’édition universitaires il en existe très peu qui se hasardent à publier une telle poésie. Seule la maison dirigée par Suzanna Tamminen, rattachée à la petite université Wesleyan, dans le Connecticut, aurait accepté de relever ce défi. Et cela, à cause d’un concours de circonstances heureux.

 

Le poète Clayton Eshleman, auteur d’une centaine de recueils, était déjà de la maison. Quand il a proposé de travailler avec James Arnold, connu depuis les années 1980 aux États-Unis pour ses travaux sur Césaire, le projet prenait davantage de sérieux. Car les presses universitaires, qui vivent de subsides de fondations publiques et privées, ont besoin de garantis très solides. L’édition des œuvres littéraires d’Aimé Césaire, publiée en 2014 sous le titre Poésie, Théâtre, Essais et Discours, a fourni le dernier maillon nécessaire à la chaîne. James Arnold a en effet proposé d’établir les textes français de l’édition bilingue à partir du travail qu’il avait effectué entre 2010 et 2013 pour mener à bien l’édition du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire.

 

Deux subsides accordés par le Ministère des affaires étrangères et européennes – l’un sous forme du Prix Hemingway accordé aux traducteurs, l’autre versé directement aux presses par les Programmes d’aide à la publication de Culturesfrance – ont rendu possible la préparation d’un livre qui n’avait plus à leser sur les moyens de production. La reproduction d’un beau tableau de Wifredo Lam, ami de Césaire depuis 1941 à sa mort en 1982, a permis la réalisation d’une belle couverture.

 

Le travail des traducteurs a duré de 2013 à 2017 et a nécessité une rare coopération de la part de deux spécialistes chevronnés de l’œuvre de Césaire. James Arnold nous a livré la confidence que la traduction de la poésie de Césaire l’a obligé a puiser profondément dans un savoir accumulé depuis un demi-siècle. Sans prétendre épuiser toutes les ressources de la poésie de Césaire, Eshleman et Arnold sont convaincus d’offrir avec cette édition bilingue des textes sûrs, des notes explicatives utiles et des traductions qui révéleront la place de Césaire parmi les plus grands poètes modernes.

 

 

Les traducteurs :

 

James Arnold & Clayton Eshleman

Clayton Eshleman est l’auteur d’une centaine de livres, principalement de poésie, et le principal traducteur en anglais d’Aimé Césaire et Antonin Artaud. Dans les années 1980 il a beaucoup travaillé avec les poètes Michel Deguy et Bernard Bador. Son recueil de poèmes sur l’art rupestre, Hades en manganèse a paru en 1998 chez Belin. Depuis 2009 il travaille avec A. J. Arnold en vue de cette nouvelle édition de Césaire.

 

James Arnold s’occupe de la poésie et la poétique d’Aimé Césaire depuis les années 1970. En 1981 il a publié un premier livre, sous le titre Modernism and Negritude, aux presses de l’université Harvard. De 2010 à 2013 il a dirigé l’équipe qui a préparé l’édition des œuvres littéraires de Césaire publiée par CNRS-Éditions sous le titre Poésie, Théâtre, Essais et Discours. Il a établi les textes de la nouvelle édition bilingue à partir de l’édition du centenaire, en y ajoutant d’abondantes notes et une bio-bibliographie qui situe Césaire dans son époque. Son nouveau livre, Aimé Césaire : Genèse et transformations d’une poétique, est encore inédit.

http://www.upne.com/0819574831.html

 

Pluton-Magazine/2017

©Entre les lignes /2017

Secrétariat de rédaction: Colette Fournier

 

Laisser un commentaire

*