Entre les lignes (15) : « Friday et Friday » d’Antonythasan Jesuthasan

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Friday et Friday, d’Antonythasan Jesuthassan

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La nouvelle est sans doute l’œuvre littéraire la plus difficile à réaliser. Publié aux éditions Zulma, Friday et Friday nous fait découvrir un auteur srilankais particulier; Antonythasan Jésuthasan, révélé au festival de cannes 2015 lors de l’attribution de la palme d’or à Dheepan, dans lequel il avait le rôle principal.

L’acteur est en effet un brillant écrivain srilankais à la plume particulièrement subtile. Il vit en France depuis des années, réfugié politique, enfant soldat et surtout auteur de plusieurs œuvres littéraires dans son pays. Des détails très importants pour le comprendre.

Son parcours a donc façonné beaucoup son écriture et on le ressent très bien dans cette œuvre traduite du tamoul par Faustine Imbert-Vier, Elisabeth Sethupathy et Farhaan Walab.

Friday et Friday nous entraîne à travers ces 6 nouvelles dans l’univers tamoul ou des personnes en apparence très simples ont tous une particularité. Diana la Ronde, pétrifiée par le bruit des bombes, qui cherche par tous les moyens à se mettre à l’abri, Pratheeban le demandeur d’asile, les 37 mouvements de rébellion,  la petite dame du numéro 7 avec son petit chien avec un nom de code qui finit par la trahir. Le lecteur fera aussi connaissance du Chevalier de Kandi ou fera encore une plongée chez les prostituées d’Europe.

Comme c’est beaucoup le cas avec les nouvelles, il n’est pas toujours facile de voir où l’auteur veut nous emmener, mais c’est dans sa façon d’écrire et de tricoter les personnages que Friday et Friday devient une œuvre très intéressante L’auteur met en scène plusieurs personnages, mais n’hésite pas à se mettre en scène lui-même et à parler de ses expériences. Et même si on n’a pas forcément une connaissance du Sri Lanka et qu’une œuvre traduite n’est jamais vraiment une œuvre parfaite, on peut dire que les traducteurs ont bien réussi à transmettre au lecteur les sensibilités de l’auteur et sa façon de percevoir son monde, son environnement. Nous restons donc dans l’univers des nouvelles et laissons chaque lecteurs apprécier à sa juste valeur l’oeuvre .

Extrait

Le Chevalier de Kandi

« Il était d’une fois , à Ceylan, un type qu’on appelait le Chevalier de Kandi. On racontait qu’un des Mouvements de libération tamouls l’avait condamné à mort. Et que le Mouvement était ensuite revenu sur sa décision. Je ne sais rien de plus à propos du Chevalier de Kandi

C’est un cas exceptionnel dans l’histoire de notre lutte. Ceux qui tombaient aux mains du Mouvement en ressortaient très rarement vivants. Surtout après avoir été condamnés à mort ? La révocation d’une sentence est un événement sans précédent. Depuis que j’ai entendu parler du chevalier de Kandi, je me demande comment cela a pu se passer. Cette histoire m’obsède tant  qu’il me faut l’écrire. Mais je peux à peine imaginer ce qui est arrivé à mon héros »

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Rédacteur D.LANCASTRE

Secrétaire de rédaction Colette FOURNIER

Pluton-Magazine/2018

Friday et Friday (2018). Editions Zulma. ISBN 9-782-843-04-8-180. Prix 16,50 euros

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