Sécurité alimentaire, vraiment, et quand ?

Par Georges COCKS

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Santé

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Pourquoi aujourd’hui et pas bien avant ? Le 7 juin dernier vient d’être décrété première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments par les Nations unies, avec comme objectif de garantir la sûreté de la nourriture que nous mangeons.

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Selon l’OMS, chaque année, près d’une personne sur dix dans le monde (environ 600 millions de personnes) tombe malade, et 420 000 d’entre elles meurent après avoir ingéré de la nourriture contaminée par des bactéries, des virus, des parasites ou encore des substances chimiques. Les aliments dangereux ont fait leur apparition dans notre assiette, dès lors que l’agriculture intensive a volé les terres aux paysans et aux fermiers. Produire à grande échelle semblait être la solution économique pour nourrir tout le monde mais en réalité ce fut le début de tous nos maux alimentaires. Cette production de masse a engendré une course à la productivité, un besoin de plus de terres s’exportant hors des territoires nationaux pour déboiser des forêts entières et contaminer des ouvriers peu qualifiés et sans moyens de protection fiables.

Les sols sont ainsi appauvris, les nappes phréatiques ne peuvent plus reconstituer leurs réserves, on constate l’apparition de pesticides qui rendent malades les agriculteurs et dont certains entraînent des naissances avec des malformations inexpliquées. Le prix à payer pour manger coûte très cher au consommateur. La facture est une question de vie et de mort, il faut l’admettre. Les statistiques sont justes  des données pour faire croire que le problème est pris à bras le corps, mais en réalité il ne se passe rien de concret.

Depuis longtemps, les organisations, telles que  la FAO et l’OMS, tentent vainement de mener des efforts visant à promouvoir la santé et la sécurité alimentaire à travers le monde, mais nombreux sont ceux qui ne fondent plus leur confiance en elles. Les subventions reçues viennent directement de lobbys responsables de nombreux problèmes sanitaires et les batailles judiciaires acharnées débouchent rarement en faveur des plaignants.

 « Les aliments dangereux tuent près de 420 000 personnes chaque année. Ces décès peuvent totalement être évités », a précisé le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « La Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments est une occasion unique de sensibiliser les gouvernements, les producteurs, les prestataires et les consommateurs aux dangers des mauvais aliments. De la ferme à l’assiette, nous avons tous un rôle à jouer pour rendre l’alimentation plus sûre », a-t-il ajouté.

Les chiffres sont alarmants mais pour qui ? Seules les familles se débrouillent avec leurs victimes et leurs frais mortuaires. Elles ne reçoivent pas de qui que ce soit des aides et pourtant, elles n’ont pas demandé à manger de la nourriture contaminée. Elles ont payé pour manger une saleté vendue sciemment sans garantie.

La FAO et l’OMS soulignent l’importance du fait que tout le monde puisse avoir accès à une nourriture saine et nutritive en quantité suffisante et que la salubrité des aliments est essentielle à la promotion de la santé et à l’éradication de la faim, soit deux éléments primordiaux des objectifs de développement durable.

L’accès à l’eau potable reste encore un enjeu majeur en matière sanitaire dans de nombreux pays. Certains cours d’eaux naturels sont pollués et pourtant ils servent de réservoir pour la consommation et l’alimentation. L’eau reste l’élément naturel de purification. Le lavage des denrées est indispensable à cause des problèmes liés aux pesticides et d’autres sources de contaminations mortelles  (maladies liées aux rongeurs, chiroptères…), qu’on n’évoque pas.

Des aliments sûrs permettent non seulement un apport convenable en nutriments mais aussi de mener une vie saine. La production d’aliments de bonne qualité contribue à améliorer la durabilité et la productivité en facilitant l’accès aux marchés, ce qui a aussi pour effet de stimuler le développement économique et de réduire la pauvreté, surtout en milieu rural. Seulement, modifier génétiquement des aliments, n’est-ce pas leur enlever saveur et nutriment pour espérer récolter davantage ? Sommes-nous sûrs et certains d’aller dans la bonne direction ?

Les activités organisées autour de la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments visent à encourager le public à agir en vue de prévenir, de détecter et de gérer les dangers sanitaires associés à l’alimentation. Ce n’est pas au consommateur de faire de la prévention. Des mesures drastiques doivent être prises en amont. Des réglementations sanitaires doivent être imposées à tous les producteurs de la filière agroalimentaire.

La FAO et l’OMS ont créé un nouveau guide pour montrer comment chacun de nous pourrait participer. Le guide propose cinq étapes pour changer la donne et parvenir à la sécurité sanitaire des aliments :

S’assurer que la nourriture soit sans danger. Les gouvernements doivent s’assurer que la nourriture soit sans danger et nutritive.

Cultiver sans aucun risque.  L’agriculture et les producteurs alimentaires doivent adopter de bonnes pratiques.

Manipuler avec soin. Les opérateurs économiques doivent s’assurer que la nourriture est transportée, stockée et préparée sans aucun risque.

Vérifier que les aliments soient sans danger. Les consommateurs doivent pouvoir accéder à des informations claires et fiables, en temps opportun, sur les risques nutritionnels et les risques de maladies associés à leurs choix alimentaires.

Faire équipe pour parvenir à une meilleure sécurité sanitaire. Les gouvernements, les organismes économiques régionaux, les organisations onusiennes, les agences de développement, les organisations de commerce, les groupes de consommateurs et de producteurs, les institutions universitaires et de recherche et les structures du secteur privé doivent travailler ensemble sur les problèmes liés à la sécurité sanitaire des aliments.

Dorénavant, la date du 7 juin sera l’occasion de souligner les bienfaits associés à une nourriture saine. La Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2018. Le processus a été initié en 2016 par le Costa Rica, par le biais de la Commission du Codex Alimentarius, une structure gérée par la FAO et l’OMS.

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Faits et chiffres clés sur la sécurité sanitaire des aliments

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Redisons-le : près de 600 millions de personnes – soit presque une personne sur 10 dans le monde – sont tombées malades après avoir mangé de la nourriture contaminée et 420 000 d’entre elles meurent chaque année.

Les enfants âgés de moins de cinq ans représentent, à eux seuls, 40 pour cent du fardeau constitué par des maladies d’origine alimentaire, avec 125 000 décès chaque année.

Les maladies d’origine alimentaire trouvent leur source dans les bactéries, virus et substances chimiques qui pénètrent dans le corps à travers la nourriture ou l’eau contaminées.

Les maladies d’origine alimentaire entravent le développement socioéconomique en mettant à rude épreuve les systèmes de santé et en fragilisant les économies, le tourisme et le commerce nationaux.

La grande question est : pouvons-nous réellement proposer une nourriture de meilleure qualité dans un environnement qui n’est pas naturellement de bonne qualité ? Les espaces dédiés à l’agriculture ne sont déjà pas sains.

Laisser à la main des gouvernements la gestion du risque est un non-sens évident. Si nous sommes dans cette situation, c’est bien à cause de décisions gouvernementales qui promeuvent d’abord l’économie et non la santé. Ce sont des anciens dirigeants politiques reconvertis qui nourrissent l’humanité, aujourd’hui. Qui va imposer des normes alimentaires à chaque pays ? Le marché du commerce alimentaire mondial, étant ouvert, n’est qu’un jeu commercial, politique et économique, avec le libre-échange souvent existant,  La sécurité alimentaire concerne tous les aliments. Or, dans nos assiettes, les plats transformés, les produits alignés sur les étagères du supermarché, les boissons…, tous sont responsables de maladies qui entraînent par la suite la mort de millions de personnes dans le monde. Les pays pauvres sont les plus touchés, car ce genre de nourriture est plus accessible et moins chère, au détriment d’une alimentation plus saine et plus variée. Le bio tant plébiscité n’est pas si sain à 100 %, car il reste cultivé dans un environnement non stérile (voir notre article : Manger Bio est-ce vraiment bon pour la santé ?).

La valeur du commerce alimentaire s’élève à 1,6 trillion de dollars américains, ce qui représente environ 10 pour cent du commerce mondial annuel.

Selon certaines estimations, les aliments dangereux coûtent aux pays à faible et à moyen revenu près de 95 milliards de dollars chaque année en perte de productivité.

L’amélioration des pratiques en matière d’hygiène dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture peut aider à réduire l’émergence et la propagation de la résistance aux antimicrobiens tout au long de la chaîne alimentaire et dans l’environnement.

Mais qui veut perdre de l’argent, aujourd’hui ? L’humain n’a jamais été au centre des intérêts. C’est seulement après nos impacts néfastes que nous cherchons des solutions qui entraînent à leur tour de nouveaux dysfonctionnements. Cela prouve bien notre incapacité et montre notre devoir moral face à la vie. Nous ne pouvons pas déterminer à l’avance, dans certains cas, ce qu’il se passera 20 ans plus tard. Notre système immunitaire est dans une lutte incessante entre biologie et chimie. C’est un laboratoire sans techniciens où tout se mélange sans mesure dans la démesure sanitaire la plus totale. Avait-on vraiment besoin de tout ce que nous mangeons aujourd’hui ? Tout est une question économique actuellement. Cette équation ne rime pas avec bonne alimentation, on cherche d’abord le profit et la croissance. On protège la planète, mais à bien y réfléchir, on finira par disparaître si on ne prend pas d’abord soin de nous et de ce que nous mangeons, en étant respectueux de l’environnement. Sans nous, la planète se portera toujours bien mieux.

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Cocks Georges (rédacteur et correspondant permanent Guadeloupe)

Secrétariat rédaction Colette Fournier (Lyon)

©Pluton-Magazine/2019/Paris 16eme

Source : OMS

Publication Pluton Magazine complémentaire : Manger Bio est-ce vraiment bon pour la santé ?)

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