Alexandre Kantorow, Grand prix du XVIe Concours international Tchaïkovski

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Par Dominique Lancastre

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Musique

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Alexandre Kantorow est le premier pianiste français a avoir remporté le Concours international Tchaïkovski. Il avait accepté, il y a quelques mois, d’évoquer pour Pluton-Magazine ses années d’apprentissage et sa vision de son métier. Ce très jeune virtuose de 22 ans, qui a grandi auprès de parents violonistes, a déjà plusieurs albums à son actif et une carrière déjà bien fournie.

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« Enfant, après trois jours de violon (quand même, il fallait bien tester l’instrument de mes parents) peu fructueux, je me suis tourné vers un instrument plus accessible rapidement, le piano. Il me reste encore quelques images et sensations de cette époque, la joie de produire un beau son rapidement, l’envie de découvrir les partitions de la maison, ce qui m’a poussé à apprendre à lire les clés, et également une certaine aisance, une sorte de simplicité qu’on ne peut ressentir qu’enfant.

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Très vite, je suis rentré dans un conservatoire alors que mes pieds n’atteignaient même pas les pédales, mais j’étais loin de m’engager sur le chemin professionnel de la musique, le piano était pour moi une activité extra-scolaire, au même titre que le tennis. J’ai eu pourtant la chance inouïe de pouvoir travailler un an avec Pierre-Alain Volondat, immense pianiste, qui enseignait dans la banlieue où je résidais , mais ce n’est que maintenant que je réalise l’impact qu’il a pu avoir sur mon jeu. Ses cours n’avaient rien de traditionnel, il pouvait se passer 50 minutes où il plaisantait, faisait des imitations d’animaux, et soudain, une phrase banale débloquait tout un pan de ma technique.

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Il ne faut pas se contenter des mêmes routines et exercices, mais au contraire être capable d’inventer des moyens pour surmonter une difficulté précise, c’est un véritable travail d’adaptation. (Alexandre Kantorow)

Néanmoins, à l’époque, je ne pensais qu’à passer mon brevet comme la plupart des étudiants et ce n’est vraiment qu’au lycée que l’idée d’une carrière dans la musique s’est imposée à mes yeux. Je suis rentré à l’école Racine, qui fonctionnait en horaires aménagés, c’est-à-dire que j’avais mes après-midi pour me consacrer au piano. De plus, j’ai connu mes premières expériences solistiques avec l’orchestre du lycée ; c’est là que j’ai découvert la véritable adrénaline avant de monter sur scène, la sensation grisante de partager un moment fort avec autant de personnes.

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 En parallèle, je prenais des cours à la Schola Cantorum dans la classe d’Igor Lazko, qui m’a, dès la première leçon, demandé si j’allais faire du piano professionnellement. J’avoue lui avoir répondu oui à l’époque sans véritable conviction, car je pensais m’en sortir très bien en combinant mes études et le piano, mais ce n’était que retarder l’inévitable. Je garde un merveilleux souvenir des leçons avec Igor, il savait se montrer à l’écoute mais me poussait toujours dans mes retranchements en me donnant très tôt un répertoire virtuose à monter.

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Néanmoins, ce qu’il m’a appris de plus précieux est une bonne hygiène de travail. Il s’agit d’un des aspects les plus importants dans l’apprentissage d’un instrument : ces heures-là ne doivent pas être décérébrées, mais au contraire dynamiques et vivantes pour être productives. Il ne faut pas se contenter des mêmes routines et exercices, mais au contraire être capable d’inventer des moyens pour surmonter une difficulté précise, c’est un véritable travail d’adaptation. Deux ans plus tard, je suis reçu dans la classe de Franck Braley et Haruko Ueda au CNSM de Paris, où je finis mes études actuellement, et à partir de là le doute n’était plus permis, je me lançai dans la carrière. » Alexandre Kantorow

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Alexandre Kantorow étudie actuellement à l’Ecole Normale de Musique de Paris (classe de Rena Shereshevskaya).
La saison prochaine, il jouera entre autre avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (chef d’orchestre John Storgards), donnera des récitals en solo à Paris consacrés au 200e anniversaire de Beethoven et fera également ses débuts aux États-Unis avec l’Orchestre Philharmonique de Naples ( chef d’orchestre Andreï Boreyko).

Propos recueillis par Dominique LANCASTRE (CEO Pluton-Magazine)

Pluton-Magazine/2019/Paris/16

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