La beauté en réalité

Par Georges COCKS

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Bien-être

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Les clichés de la société moderne mettent mal à l’aise de nombreuses femmes et de nombreux hommes. Les jeunes sont souvent les plus mal dans leur peau, car la jeunesse est la poésie de la beauté. L’acceptation du corps devient très difficile dès lors que jugements et moqueries se font les censeurs de notre vie.

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Qui peut décréter ce qui est beau et ce qui ne l’est pas ?

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Nous ne sommes que le produit d’une relation sexuelle d’où nous émergeons chacun en fin de gestation. Et, peu importe si nos parents ont été bons ou médiocres au lit, le résultat final ne dépend pas d’eux, c’est la nature qui décide à quoi nous ressemblerons. Nous nous plaisons souvent à dire et soutenir que la beauté du cœur est ce qui compte le plus, pourtant nous donnons à l’image une telle place aujourd’hui que le cœur ne compte plus vraiment. Nous avons banni de nos écrans magiques les « gros ». Écartés des films, des plateaux, de la publicité… ce sont les fées sexy de la minceur et des formes parfaites qui portent à elles seules tout le poids du beau et du laid, plus que les hommes. La richesse, la réussite, le bonheur, elles en seraient les gardiennes comme de belles amazones peu vêtues. Les rondeurs hors normes ne sont pas les bienvenues. Les tailles vestimentaires ont évolué vers le moins écartant de ce fait la norme standard à l’origine.

La beauté n’est qu’un idéal de notre société moderne, le plaisir esthétique de nos yeux. Elle vient parfois substituer une race à une autre et se heurter au mécanisme violent de la discrimination. La critique du beau sous tous ses aspects n’a fait qu’empirer les choses. La critique de l’art et des œuvres, quel que soit leur genre, par un petit comité qui s’arroge ce pouvoir mieux que d’autres, et la dotation d’une valeur sans plafond à celles-ci tend à maximiser la connerie du beau.

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Le goût et le beau

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L’existence du goût en lui-même est la confirmation de l’existence naturelle de la diversité, sans quoi, il serait inutile de disposer de papilles pour cela. S’il y a diversité du goût, c’est que la panoplie dudit beau devrait être élargie et non se cantonner à des modèles miroirs ou peu se retrouvent.  Alors, pourquoi restreindre notre idéal du beau aux pages des magazines, à une beauté commerciale qui se vend et qui s’achète sur le marché de la mode ? Nous sommes éduqués par cette culture de l’esthétique depuis notre enfance où nous idéalisons nos petits héros de l’animation. Les plus beaux sont les gentils, et le laid, c’est pour les vilains. Aujourd’hui, nous avons du mal à accepter le processus naturel du vieillissement, notre hantise du temps, sauf pour nos objets qui eux, se bonifient et nous laissent mourir dans l’indifférence totale.

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Notre valeur du beau

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La beauté est devenue un élément de différenciation vis-à-vis de l’autre, donc un facteur de division, de refus et d’acceptation. La mise en concurrence du beau à l’échelle humaine est en sot un crime contre l’homme lui-même. Cette mise en compétition du faciès, du corps, de l’esprit, qui se termine par le couronnement d’une femme sur la plus haute marche du podium des miss, pose une question fondamentale à laquelle nous avons tous la réponse. Est-elle la plus belle en réalité ? Pas si sûr que cela. On le sait tous, qu’il y a quelque part dans une banlieue, un village… une personne capable de supplanter ces divas mercantiles à l’échelle de la planète. Paradoxalement, qui vote à leur élection, n’est-ce pas nous, nous qui pensons que tous les bébés sont beaux ? Nous sommes bien les cultivateurs de quelque chose qui nous dépasse totalement. Vivre dans une belle maison confortable où il n’y a pas d’amour et vivre dans une case où le bonheur suinte des planches mal fixées… nous savons tous où se cache la vraie valeur des choses en réalité.

La beauté suscite l’envie. Comme une marchandise inaccessible, et le désir de s’en accaparer devient irrésistible. Il s’ensuit une forte convoitise de l’objet matériel ou immatériel, car la beauté idolâtre fait de l’humain un objet. L’image suscite aussi l’envie et sert de modèle à tous ceux qui manquent d’estime et de confiance en soi.

La beauté, que nous qualifierions comme étant notre appréciation intime de ce que nous ressentons devrait se suffire à nous-mêmes. Le choix d’aimer ou ne pas aimer, de préférer ou pas, sans porter de jugement sur le choix de l’autre, est déjà l’essence d’une beauté intellectuelle saine, dénuée d’avidité.

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Ni laid ni beau

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Comment faire alors pour se voir dans ce miroir où tout le monde ne se reflète pas de la même façon, voire pas du tout pour certains ? Le beau semble souvent porter préjudice. Comme la plage de Maya Bay en Thaïlande, ce recoin paradisiaque que nous avons tous découvert dans le film : La plage avec L. Di Caprio. Jusque-là préservé, ce site est aujourd’hui interdit. On ne peut plus y poser les pieds. Victime de sa beauté. Nous l’avons abîmé pour y laisser des fonds ternes sans vie marine. Comme pour la croissance, nous exigeons toujours plus et du plus beau, nos exigences sont sans fin. Sans scrupule, nous manipulons la nature pour satisfaire encore nos yeux inassouvis, car le plus important reste toujours la vue, pour s’en mettre toujours plein la vue. Nous allons jusqu’à accepter de manger des aliments beaux et médiocres en nutriments, troquer notre santé pour un calibrage parfait, car nous refusons d’acheter une carotte à deux bras bien plus riche ou une pomme de terre qui ne serait pas parfaitement ovale.

La beauté a échappé à toute maîtrise. Elle influe même sur l’amour qui est sa seule rivale, capable de la dompter. Le temps des poètes de ce printemps dont le thème était la beauté a donné lieu à de multiples formes d’expression pour rappeler ou pas la place de la beauté dans notre monde. Mais nous avons procédé à des concours sur ce thème pour élire le plus beau texte.  Nous avons une fois de plus failli, et succombé au charme pervers et irrésistible de la beauté. Le poète et auteur de cet article a pour cette occasion participé, a été sélectionné et a rappelé qu’il n’y a Ni laid ni beau dans son texte simple et complet.

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Le miroir du monde renvoie son image

Qui ne se reflète plus sur le cœur

Mais sur les yeux,

L’éternelle fixation sur les formes,

Les contours,

Les Vénus,

Les Chocolat,

Amusent les fous du roi.

Les guignols se mesurent

Sur des critères

De statures,

De tours,

De tailles,

De poitrines,

Passe-passe de tours anorexiques

Et la magie du paraître est élevée au-dessus

De la beauté intérieure.

Le défaut est une tare dans l’arène imparfaite

Où le jugement règne en maître

Et chaque jour la potence de la brimade

Suspend son condamné

Dans la classe,

Dans la rue,

Au bureau,

Sur la scène,

Le laid et le beau,

L’ombre et la lumière,

L’absurdité absolue

Le non-sens éduqué,

Perpétué,

Et le tort et le ravage

Déversent leurs déluges âpres sur le monde.

Nous sommes tous le fruit d’une beauté

Nous sommes

Donc je suis…

Ni laid…

Ni beau.

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Un sage a écrit : le charme peut être trompeur et la beauté peut être éphémère. Nous continuons toujours à l’apprendre à notre détriment sans pouvoir changer notre façon de voir les choses. Lancés à la conquête d’un beau artificiel et d’une belle plastique, nous enterrons et détruisons l’héritage naturel de la beauté à coup de produits chimique et d’un markéting scandaleux où notre beauté n’est que physique, à l’ombre d’une autre beauté esthétique éphémère. Il y a de belles personnes qui sont laides de l’intérieur. Nous avons perdu confiance en nous et le doute vient masquer notre belle personne intérieure bien gardée qui ne se révèle pas. Éblouis par l’agressivité des flashs, des projecteurs et la lumière des caméras nous acceptons de vivre en marge, car nous avons oublié que l’attirance n’est pas seulement le paraître, mais aussi tout ce que nous pouvons apporter de bon pour les autres. Tout ce qui favorise le bien-vivre, le bien-être et le bonheur.

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©Pluton-Magazine/2019/Paris 16eme

Photographies : PXhere – libre de droits

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Ecrivain- Editeur-Poète-Romancier
Rédacteur Pluton-Magazine
Site :
www.cocksgeorges.jimdo.com

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