L’homme VS la machine : une guerre bien étrange

Par Georges Cocks

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L’homme et la machine, une rivalité de longue date. Cela mérite quand même une réflexion sur la nécessité de cette dualité. De tout temps, l’homme se mesure à la machine. Le cinéma pousse le champ des possibilités, qui semble pourtant proche d’une réalité absolue. Robocop, Terminator, I.Robot, et bien d’autres divertissements sont là pour implanter insidieusement une raison d’accepter cette démarche farfelue.

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L’homme créateur se veut-il inférieur à sa création ? Il veut seulement se contenter d’un titre qui s’effacera avec le temps. C’est curieux, mais c’est pourtant cela, à bien y regarder de plus près.  Comment peut-on se faire supplanter par une création qui ne peut s’auto-créer, dont toutes les fonctions sont issues de l’intelligence humaine elle-même ? Que peuvent faire à elles seules  les tonnes de ferrailles amassées dans une décharge, ou des milliers de carcasses de voitures dans une casse? Rien ! Absolument rien sans une intervention de l’homme. L’Intelligence Artificielle ; le nouveau Zeus des humains, ils y travaillent dur comme fer pour lui donner une suprématie dominante. Mais pourquoi ? Qu’avons-nous à y gagner ?

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Est-ce parce que nous avons dépassé les limites que nous imposent certaines forces de la nature, grâce aux composantes de la technologie, que nous sommes obligés de nous soumettre religieusement à l’esprit de notre création ? Le manque de spiritualité nous aurait-il dépouillés de tout sens de la rationalité ? Alors que nous aurions dû soumettre la technologie comme esclave au service des humains, réduisant ainsi les dommages créés par le monde du travail, les inégalités, nous en venons à nous réjouir de nos échecs sur la machine. Cette souveraineté de l’I.A se voit déjà dans notre quotidien. De plus en plus, nous échangeons généreusement notre droit à l’intelligence naturelle contre celui des machines, comme si elles savaient mieux faire que nous.

Serions-nous tous demain des colonies de l’I.A déambulant dans un monde sinistre ou un monde qui brillera de tours en verre à perte de vue ? Nous sommes devenus des idiots utiles de l’I.A, déclare Laurent Alexandre, chirurgien urologue diplômé de Science po, d’HEC et de l’ENA, en alimentant gratuitement les tentacules de l’I.A d’informations sur notre vie privée que nous répandons à travers toutes nos solutions numériques. Le transfert massif de données est une opportunité énorme pour l’I.A. Certaines sont déjà exploitées, les autres sont en gestation, attendant la maturité pour la récolte.

Nous sommes déjà dépendants de la machine. L’internet, les objets connectés… prennent un peu plus de nos aptitudes, de nos reflexes, de notre intelligence chaque jour et transforment en data nos forces et nos faiblesses dans ces mémoires immenses interconnectées.

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Quel avenir ?

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Voir voler des voitures dans le ciel ! Si c’était seulement cela, le monde serait encore tout beau et tout bleu. Cela nous amuserait comme des petits enfants avec leur nouveau jouet. L’enjeu est bien plus immense. Entre ce que l’on entrevoit et ce que l’on fabrique secrètement. Nous ne savons pas encore comment nous serions dans le prochain Genesys. Quel genre d’éducation pour les générations futures ? Les relations humaines et la place de l’amour, qui sont les fondamentaux à la survie d’une société, ne seront-ils qu’une pâle copie froide, métallique, avec des voix modulables, un mimétisme terne que des centaines de capteurs programmés à analyser le son de notre voix ou l’expression de notre visage pour recueillir le flux inné de l’interconnexion humaine auront transformés. Il est vrai que le monde sera révolutionné, mais dans quel sens ?

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Un monde meilleur

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Nous savons tous que nous n’avons jusque-là rien créé sans provoquer des effets secondaires dommageables. Jouer à la roulette russe avec la vie nous coûtera bien plus cher que le gouffre abyssal financier que le progrès crée chaque jour avant d’arriver à son terme. Certes, ces avancées seront notables, mais une précarité monumentale menace des millions de personnes. La machine vole déjà le travail, aujourd’hui. L’I.A réclame une expertise et des compétences pointues que beaucoup n’ont pas. Comment pallier cela ? Comment faire pour éviter les laissés-pour-compte aux portes des organismes de l’emploi ?  L’I.A et la machine, intègrent-elles l’ensemble des données et des variables actuelles ? Toutes les catégories socioprofessionnelles sont-elles embarquées dans le processus, ou y aurait-il un plan Thanos prévu pour le genre humain ? La question la plus importante, dont nous n’avons pas la réponse, est de savoir pourquoi et quel objectif y a t-il à se lancer dans une telle direction ? Pourquoi la table rase serait-elle considérée comme une régression ?

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L’I.A et la machine seraient-elles utiles si on pouvait les ramener à l’instant T dans le jardin d’Éden ? Non, bien évidemment, elles seraient complètement inutiles. Autrement dit, nous cherchons seulement à réparer nos erreurs en grands petits dieux que nous sommes. Était-ce trop compliqué d’arrêter la guerre, d’arrêter de fabriquer de la nourriture médiocre qui altère la santé, d’arrêter la fabrication d’armes, d’arrêter le déséquilibre et le désastre écologique… enfin, de mettre fin à tout ce qui est nuisible pour l’homme, toute notre science sans finition à la conquête de résultats financiers sans obligation de résultats physiques ? Aucune machine ne saurait préserver à elle seule notre planète. Est-ce un prélude à l’existence du dernier homme sur terre, qui aura besoin de tous ces instruments de bord-là pour survivre ? Peut-être qu’on ne sait plus faire grand-chose sans tout cela, voilà pourquoi.

Parler de l’utilité d’une chose, c’est déjà soulever la question du désordre et introduire la question du nuisible. Des lors que nous allons modifier l’ordre naturel des choses, nous serons par conséquent les créateurs de déséquilibres et de chaos.

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La peur du changement

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De tout temps, il y a toujours eu des réfractaires au changement. Ce comportement est inévitable. Il est impossible de fédérer l’ensemble d’une masse populaire autour d’une même idéologie, car chacun a son vécu, ses opinions et ses expériences propres. Le système n’a pas toujours favorisé une approche docile au changement, car le changement se frotte durement au peuple et souvent dans le sang. Les stigmates ne s’effacent pas aussi facilement et deviennent parfois un ingrédient de la fabrique révolutionnaire ou de l’opposition sociale. L’engouement au changement reste relativement faible et mémorable, comparé au tort occasionné par le changement. Seuls les politiques brandissent encore ce slogan pour endormir les consciences. Dans notre esprit, nous avons tous un accès plus ultra-rapide à ce fichier des dommages dus au changement. La lecture d’un ouvrage sur les inventions nous surprend toujours parce que bon nombre ont pour objectifs de« réparer » nos actions irréfléchies. C’est ainsi que la climatisation nous apporte un confort parce que nous avons fait accroître la température globale de la terre par nos gaz à effet de serre. Les exemples de ce genre sont légion.

Malgré cette peur, le changement ne s’inscrit jamais dans une réflexion plus profonde et durable quant à savoir si oui ou non, il serait nécessaire ou pas d’opérer tel ou tel changement, ou de laisser dans l’état les choses pour le bien-être de tout le monde.

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Le dernier round

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Combat ou alliance de circonstance ? Sommes-nous en train d’arriver vers la fin d’un genre pour un autre genre ? Que pourrions-nous créer après cela ? Les réalités montrent que nos singularités technologiques n’ont pas apporté le bonheur à l’homme. Nous avons appris à mieux tuer et nous entretuer que vivre en paix. Tous nos accessoires ne sont que des stimuli éphémères, rien de concret et de durable pour une béatitude extrême. C’est ainsi depuis toujours parce que derrière la machine, il y a seulement des hommes perfectibles animés d’intentions, privés d’un jugement lucide et équilibré. La machine n’est rien sans le concours de l’homme.

Aujourd’hui, elle est capable de jouer et créer des partitions comme Bach parce qu’elle a été tout simplement alimentée par toutes les compositions de l’artiste. La première toile, Le Portrait d’Edmond de Belamy, créée par un algorithme, est le résultat de l’introduction de tous nos types d’art dans une base. La machine est idiote. Nous l’adulons tout simplement parce que le QI baisse de plus en plus en raison d’un environnement culturel défavorable et que cette baisse, contrairement à ce que l’on pourrait penser, s’est généralisée à tous les pays développés. Nous sommes tout simplement moins intelligents. Nous serions incapables de survivre dans un schéma apocalyptique, dans un monde sans énergie, la source primaire de l’I.A.  

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Le déclin des valeurs éducationnelles citoyennes, la dégradation des systèmes éducatifs, scolaires et familiaux, de santé et alimentaires seraient favorables à ce processus dégressif de l’intelligence humaine. Nous sommes envahis de choses néfastes pour notre intellect. Selon une spécialiste du sujet, dès la conception, un fœtus est contaminé par des centaines de produits chimiques présents dans les cosmétiques et le plastique. Malheureusement, l’exposition à ces contaminants augmente brutalement et continuellement pendant toute notre vie. De nouvelles sources polluantes sont ainsi mises au jour. Peut-on attendre de la machine de régler ce genre de problème ? L’I.A est déjà elle-même un producteur actif de pollution, car la conception de tout ce qui l’entoure ne se fait pas à partir de matériaux de piètre qualité ni de produits biologiques, et encore moins recyclés.

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Aussi grandes que seront les possibilités de la machine, ses limites le seront autant, car l’homme est bien plus complexe et fragile en même temps. Le progrès détériore la nature physiologique, elle ne la protège pas. On pourrait dire que le progrès a sauvé beaucoup de vies mais il en a supprimé bien plus (bombes, armes, pesticides, accidents graves liés à la technologie, aliments malsains…). La technologie a gravement endommagé la planète, pourrait-elle faire mieux demain ? Est-ce en ce sens qu’elle est développée aujourd’hui ? Celui qui vivra verra.

Voilà une guerre bien étrange où l’homme semble avoir trouvé le cobaye idéal sur qui rejeter la faute, se donner bonne conscience pour dire que ce n’est pas de sa faute à lui, mais la création a toujours un possesseur. Quel miroir bien étrange !

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©Pluton-Magazine/2019/Paris 16eme

Photographies : PXhere – libre de droits

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Par Georges COCKS
Ecrivain- Editeur-Poète-Romancier
Rédacteur Pluton-Magazine
Site :
www.cocksgeorges.jimdo.com

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