Maroc: Transcendance au Centre socioculturel de la Fondation Mohammed VI de Tétouan

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Sept ans après sa dernière exposition à la Zaouia Kadiria Boutchichia (Madagh), l’artiste plasticien Nadim Rachiq expose ses œuvres, sous le thème « Transcendance », du 24 décembre 2019 au 14 janvier 2020, au Centre socioculturel de la Fondation Mohammed VI de Tétouan, ville des beaux arts et de la « colombe blanche ».

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Selon Nadim Rachiq, dans cette exposition, il s’agit de mettre en évidence l’évolution de ses travaux à travers le temps, et par ailleurs, démontrer par le biais des œuvres présentées l’indépendance de l’œuvre plastique par rapport à l’artiste. Or, pour lui, la création plastique est un mystère ayant comme source le secret de l’harmonie. Dès lors, l’œuvre est animée par cette dimension invisible et méconnue de l’artiste. De ce fait et dans le processus de sa créativité plastique, avec tout ce que cela nécessite comme persévérance, sacrifice, amour et dévouement, l’artiste plasticien tente constamment d’atteindre la perfection. Cependant, il est censé emprunter le chemin de l’harmonie pour atteindre un certain degré de perfection. Ainsi, l’œuvre plastique demeure indépendante et souveraine. En revanche,  l’artiste est au service de cet idéal, en l’occurrence, la créativité. Par ailleurs, il n’est pas maître de la situation, c’est plutôt l’œuvre qui se réalise à travers lui. Dans son cheminement transcendantal, il découvre les secrets de l’esthétique que l’harmonie lui dévoile. Cette dernière est intransigeante. Elle conditionne l’œuvre d’art de la même façon qu’elle conditionne l’œuvre musicale.

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Comme un être vivant, l’œuvre plastique porte en elle la trace de l’âme, étant donné qu’elle a été réalisée grâce au mouvement manuel de son auteur, elle est, par transitivité, liée à l’âme. Condition sine qua non de la vie et du mouvement. Comme un être vivant et à l’échelle de la créativité et non de la création, l’œuvre d’art est faite d’âme et de matière : elle porte en elle le souffle de son créateur… une fois mise au monde, elle continue à évoluer, à se métamorphoser, et à communiquer avec celui qui la regarde dans son langage à elle…

Tel un explorateur, l’artiste ne fait que trouver ce que l’œuvre consent à lui faire découvrir : équilibre au niveau de la forme, la couleur et la composition.  En outre, l’artiste est pris dans le courant de son œuvre. Elle le guide dans l’itinéraire qu’elle a tracé pour lui.

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TRANSCENDANCE

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RACHIQ NADIM

Artiste plasticien

DÉMARCHE ARTISTIQUE

La surface à peindre est un espace bidimensionnel composé de formes de drapé en relief et en mouvement. Le support est actif et en bas relief. L’utilisation de l’étoffe engendre des froissements et des ondulations. Malgré son importance académique et la place qu’il occupe dans la peinture figurative, le drapé est utilisé dans un contexte abstrait. Il s’agit de mettre en évidence les éléments qui le composent et non le drapé en tant qu’objet composé. Contrairement à une toile ordinaire, la surface à peindre est inégale et non plate. Le pinceau y parcourt des espaces qui évoquent la nature, en l’occurrence les collines, les montagnes et les plaines. Dans cette démarche artistique, le relief et le mouvement occupent une place prépondérante. Ils constituent la pierre fondatrice de cette recherche plastique. La question de la relation forme-couleur est omniprésente. La forme est souveraine. Elle est réalisée avant la couleur. Elle a le rôle principal alors que la couleur n’est que secondaire. Elle impose au pinceau des itinéraires, des montées et des descentes… il suit ses différents chemins et labyrinthes. La forme est la consonne et le son, la couleur est la voyelle et le ton. La première conditionne la deuxième.

Certaines œuvres (points, lignes et volume, diagonale en blanc, etc.) montrent que la couleur n’est pas indispensable à la forme et que cette dernière est de façon autonome, capable de s’élever, de se mettre en volume, de s’exposer à la lumière et en conséquence, de créer un jeu d’ombres.

Cette interaction entre les formes en relief et la lumière donne naissance à l’effet plastique.                          

Cette exposition raconte, à travers les travaux qui y sont présentés, l’évolution et la métamorphose d’une recherche plastique. Ainsi, on peut constater que les froissements du drapé et ses ondulations se sont progressivement raréfiés pour laisser place à des formes plus linéaires et plus structurées. Elles se sont transformées de formes lyriques en formes géométriques. Dans un processus logique, le bas relief a évolué vers la sculpture par le biais du bois en tant que matériau.

L’œuvre intitulée Dhikr « Al-Ism » est la pièce maîtresse de toutes les œuvres  présentées. Elle représente l’aboutissement et la synthèse d’un cheminement transcendantal, d’où le thème de cette exposition : transcendance

Propos recueillis par Dominique LANCASTRE

Pluton-Magazine/Paris 16/2019

Lien:

Vernissage de l’exposition transcendance de l’artiste Nadim RACHIQ sur le JT d’Al OULA

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