Un livre, un vol 2020

La passion du livre. C’est une année un peu particulière pour le monde du livre avec une pandémie qui cloua certes nos habitudes de nous rendre en bibliothèque ou bien flâner dans les librairies. Il est vrai que le monde du livre subit depuis quelques années de sérieux problèmes.

Cette série qui jusqu’à présent vous conseillait sur les livres à emporter avec vous lors des voyages en avion se trouve un peu prise au dépourvu, car les avions sont aussi au sol et redécollent progressivement.

Mais qui n’a pas voyagé du fond de son fauteuil au calme ?  Qui n’a pas encore profité du calme d’un parc en lisant un bon livre ? Si vous ne pouvez pas partir cet été, un livre un vol a décidé de voyager avec vous, du moins en vous proposant sa sélection de livres pas forcément nouveaux mais qui sans doute  vous donneront envie de vous plonger ou replonger dans une littérature très variée. Tous les titres sont disponibles sur www.pluton-store.com

1. La tentation du désert- Michèle Jullian

Cette lettre n’est pas une confession Gabrielle, j’ai vécu ce que je voulais vivre : le paradis et l’enfer. J’ai cru à l’un avant de sombrer dans l’autre et ce fut jouissance de parcourir les deux. Ainsi commence la lettre d’adieu de Lucy à son amie Gabrielle. Séduite par la poésie érotique et la culture amazighe d’Ithri, Lucy s’est lancée à corps perdu dans une aventure qui, d’exigences en illusions, de manipulations en ruptures, l’a conduite à la mort. Alors, à son tour, Gabrielle s’envole pour le Maroc. Quelle vengeance réserve-t-elle à celui qu’elle tient pour responsable de la mort de son amie ?

Dans ce roman à deux voix, Michèle Jullian nous entraîne au cœur du désert marocain où, entre tourisme sexuel, interdits religieux et fantasmes occidentaux, les désirs ne se transforment que rarement en histoire d’amour.

Michèle Jullian

Calaisienne et voyageuse, Michèle Jullian a été chroniqueuse pour France Inter (Écran Total) et documentaliste à la télévision. Photographe et auteure, elle a déjà publié cinq romans dont Théâtre d’ombres et Là où s’arrêtent les frontières. Mariée à Marcel Jullian, elle est mère de deux enfants.

2. Oreiller d’herbe ou le voyage poétique- Natsume Sôseki

Il faut lire ce texte d’une originalité et d’une poésie absolues, que Sôseki appelait son roman-haïku.

Au printemps, un jeune artiste décide de se retirer dans la montagne, loin des passions et de l’agitation de la cité, rencontre une jeune femme malicieuse et fantasque, rêve de peindre le tableau qui exprimerait enfin son idéal et ne réussit qu’à aligner poème sur poème !

Dans ce manifeste poétique et esthétique, profond, piquant, passionné, indigné, éblouissant, Sôseki approfondit sa méditation sur la création et la place de l’artiste dans la société moderne.

« Je ne crois pas qu’un tel roman ait déjà existé en Occident. Il ouvrira de nouveaux horizons à la littérature », prédisait Sôseki en l’écrivant.

Les délicates peintures qui l’accompagnent sont issues d’une édition de 1926 en trois rouleaux, où figurait aussi le texte entièrement calligraphié.

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3. La France et le Blackface – Serge Bilé

En 1525, François Ier est emprisonné à Madrid, après sa défaite à Pavie. Le roi de France cherche à s’évader. Pour tromper la vigilance des gardiens, il décide de se barbouiller le visage de suie et de se faire passer pour l’esclave noir qui entretient la cheminée.

En 1658, Louis XIV se produit dans le Ballet d’Alcidiane au palais du Louvre. Il incarne un prince de… Mauritanie. Quitte à interpréter un Africain, autant viser haut. Le roi est accompagné d’une suite mauresque, composée de son frère, de marquis et duchesses.

En 1809, Napoléon Ier participe à un divertissement chez un ministre italien. L’empereur surprend son hôte et son entourage. Il est « déguisé en nègre » et marche devant le quadrille, en soufflant gaiement dans une sorte de trompe.

Ce livre fourmille d’anecdotes, plus étonnantes les unes que les autres. Il revisite l’histoire de France, à travers la suie, en remontant à la source du grimage, pratiqué dès le Moyen-Âge par le peuple, les princes et les rois.

Siècle après siècle, la tradition se pervertit : l’envie de s’amuser en se noircissant le visage et le corps fait place à l’envie de se moquer des Noirs, stigmatisés pour leur couleur, chosifiés par l’esclavage, ridiculisés au théâtre.

En 1830, le vaudeville français n’a rien à envier aux minstrel shows américains, qui plébiscitent le blackface, c’est-à-dire le fait pour un acteur blanc de se peindre le visage pour caricaturer les Afro-américains, présentés comme débiles, hilares et paresseux.

Si l’histoire du grimage en noir en France est sensiblement différente de celle du blackface aux États-Unis, les deux pratiques se rejoignent sur scène et plus tard au cinéma.

C’est en expliquant les ressorts de cet usage, qui défraie régulièrement l’actualité, c’est en faisant de la pédagogie, en suscitant une prise de conscience, qu’on réussira peut-être à le faire disparaitre.

4. Grand-Café Martinique- Raphael Confiant

1702, le jeune Gabriel-Mathieu d’Erchigny de Clieu, originaire de Dieppe, a tout juste quinze ans. Une fois obtenus ses galons d’enseigne de vaisseau, le voilà envoyé à la Martinique : son rêve d’Amérique devient réalité. Il cultive la canne à sucre, qui lui procure rapidement une jolie fortune, une épouse, et une plantation prospère. Quelques années plus tard, il rentre en France une nouvelle idée en tête : cultiver du café aux Antilles. Ce breuvage nouveau devient terriblement à la mode, mais les Français l’achètent à prix d’or aux pays producteurs. Or, le Jardin Royal des Plantes conserve quelques caféiers, sous étroite surveillance. Le hasard fait bien les choses qui met Clieu en contact avec la nièce du médecin personnel de Louis XV qui, par amour pour lui, dérobe deux précieux plants!
L’aventure ne fait que commencer. Clieu doit retourner à la Martinique : il affrète un bateau, recrute un équipage, y embarque son butin et des voyageurs … Début d’une longue traversée périlleuse, odyssée émaillée d’embûches tragi-comiques – attaque de pirates, calme plat, ouragan, manque d’eau, tentative de mutinerie…
Péripéties, rebondissements et surprises émaillent le roman de Raphaël Confiant dont la plume alerte retrace la rocambolesque et véridique histoire du café, des origines à nos jours.

5. La dame de Djibouti Jean-louis Lorenzo

Un pays rude, excessif à plus d’un titre, dont un proverbe afar dit que le chacal, avant d’en traverser le désert, a déjà signé son testament… La vie pourtant se déroule dans cette oasis née des péripéties coloniale, celle de la séduisante Julietta, en particulier, dont le plaisir est de cuisiner aux jeunes marins en escale, de gigantesques paellas, sous sa « paillote » du bord de mer.

Volontaire, joyeuse, aguicheuse, elle devient pourtant vulnérable dans la solitude retrouvée de sa chambre, car liée à un douloureux secret qu’elle ne partage pas. Mais quel est donc le secret de cette belle Italienne, éprise seulement de jeunes et beaux garçons ?

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6. Camile Sylvestre: contre l’oubli: Anique Sylvestre

Qui est Camille Sylvestre ? Peu de gens sont encore capables de vous répondre. Pourtant, cet homme volontaire a été l’une des figures majeures du parti communiste martiniquais, qu’il a d’ailleurs dirigé pendant près de dix ans. Déterminé, il s’est battu toute sa vie durant pour défendre la Martinique et les droits de ses habitants. Malgré les répressions, parfois lourdes – arrestations arbitraires, perte d’emploi –, son mot d’ordre est resté le même : autonomie. Ses succès ont été importants, son rôle déterminant… et pourtant, on se souvient de moins en moins de lui. Alors, par devoir de mémoire, et pour ne pas qu’on oublie cet homme exceptionnel qui, de pair avec les Thorez et les Césaire, a fait l’histoire de son époque, sa fille prend aujourd’hui la plume…

S’appuyant sur de nombreuses photos et documents d’archives, Anique Sylvestre signe une biographie riche en détails, aussi bien historiques que personnels, qui retrace le parcours exceptionnel de Camille Sylvestre, figure emblématique de l’histoire martiniquaise.

7. Aimé Césaire : Genèse et transformations d’une poétique -Albert James Arnold

Aimé Césaire : Genèse et transformations d’une poétique trace, au fil des recueils et des éditions du Cahier d’un retour au pays natal, la mythologie primitive qui sous-tend la vision de négritude, le rôle déterminant du groupe surréaliste en lançant Aimé Césaire pendant et immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, la transformation de sa vision au milieu des années 1950 et, à partir de 1980, ses regrets d’avoir subordonné la poésie à la politique. Le tout lié textuellement à l’édition génétique de son œuvre réalisée par CNRS-Éditions entre 2010 et 2013. Ce livre révèle des pans obscurcis de l’œuvre poétique de Césaire, qui en sort nettoyée et rajeunie. https://www.pluton-store.com/produit/livres/essais/aime-cesaire-genese-et-transformations-dune-poetique-albert-james-arnorld/

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8. La souvenance- Ernest Pepin

En épousant André Schwarz-Bart, Simone n’a pas rencontré qu’un homme, elle a choisi un destin. C’est ce que le conteur-narrateur choisit de nous faire comprendre à travers une histoire passionnante où l’amour se mêle à l’écriture pour entrelacer les voies d’une surconscience historique et littéraire. Il fallait tout le talent du romancier-poète guadeloupéen Ernest Pépin, en s’appuyant sur les œuvres d’André Schwarz-Bart (y compris ceux qui sont publiés à titre posthume) et de Simone Schwarz-Bart, pour réussir ce pari risqué et réussi où les mémoires de l’esclavage des noirs et celles de la Shoa s’entremêlent en bouquets de souffrance partagée et en concerto d’émotions sentimentales avec comme seul fil conducteur la Guadeloupe malgré bien des errances.
L’auteur nous propose là un parcours de vie quasi fabuleux sous-tendu par un humanisme qui dépasse les races et les frontières. Il restitue pour nous avec justesse et finesse un récit fictionnel où le mort parle, où le personnage littéraire de Télumée fait irruption et où une terre se chante. Cela donne un roman atypique, généreux, sensible, qui veut à sa manière conjurer la perte inconsolable d’André Schwarz-Bart et élucider le mystère d’une écriture croisée avec Simone. Un roman de plus pour Ernest Pépin un bonheur pour les lecteurs et les lectrices !

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9. Voyageurs de nuit assis côté à côte – Colette Fournier

« Comme tout voyageur immobile, je garde les sens aux aguets dès qu’il s’agit de laisser pénétrer la vie dans tous ses aspects, même les plus ténus. La poésie épouse ce rythme ou en extrait des instantanés plus forts, sans prétention autre que d’offrir ces fragments à l’œil et à l’envie d’un passant. »

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10 . Enquête d’un visage- Aurélia Lassaque

Extrait :

« il n’est pas de territoire plus vaste
que celui de ma mémoire
j’ai creusé ses montagnes, vidé ses rivières
retourné les pierres de toutes ses murailles
en attendant le retour de mon amant barbare

cet homme qui rassemble vos voix
endure vos délires
et porte tous les masques

cet homme que vous appelez Ulysse »

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Par Dominique Lancastre

Un livre , un vol/2020

Pluton-magazine/2020

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