[Dossier] LE GÉNIE PRÉSOCRATIQUE

Par ISLAM BELALA

            Ce titre porte à confusion. En dehors de la délimitation chronologique qui pose problème[1], le singulier est d’autant plus déroutant. La réflexion sur les σοφοί, les sages, ayant exercé avant Socrate – et dont l’étiquette substantive porte son nom – stipule l’existence d’un point de rupture véhiculé par la figure de Socrate, qui permet de marquer la frontière entre ce qui se faisait avant et après Socrate en termes de philosophie[2]. L’après Socrate nous importe peu dans le présent texte : étant un sujet à part entière, il devra faire appel à un travail qui lui est propre. Il faudrait alors remonter le temps encore plus dans l’histoire de la pensée pour comprendre l’émergence du mouvement présocratique. En somme ce que l’on se propose de faire ici, pourrait-on dire, est une énième genèse de la naissance de la philosophie durant la période de la Grèce archaïque. Il s’agirait, encore une fois, de raconter l’histoire tel un roman du passage de la poésie à la philosophie ou, disons mieux, de la religion à la raison… Il n’en est rien ! Notre travail s’impose une tout autre méthodologie. Il s’agit davantage de soumettre à la critique l’histoire plus ou moins établie du mouvement présocratique aux assertions des σοφοί présocratiques eux-mêmes[3]. Il est donc nécessaire pour nous non seulement de « raconter » l’histoire des présocratiques comme elle est enseignée mais d’essayer de comprendre ce que ce mouvement apporte de nouveau à la rationalité humaine et à l’histoire de la pensée. Notre travail s’inscrit donc bel et bien dans le domaine de l’histoire de la philosophie, mais abordée avec un angle critique puisque nous nous opposons de manière frontale aux lectures simplistes que l’on trouve ici et là. Le manque de sources fiables et l’éloignement temporel ont poussé certains chercheurs à prendre des raccourcis irrecevables ou pour le moins très discutables. Nous n’allons pas refaire l’histoire, mais nous nous bornerons à expliquer ce mouvement en prenant pour seule référence les principaux concernés : les présocratiques.

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Qui sont les présocratiques ?

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            Le présocratique est donc, selon le mot, celui qui précède Socrate. Nombreux sont ceux qui précèdent Socrate et ils ne sont pas désignés pour autant comme présocratiques. Qui sont donc réellement les présocratiques ? La tradition place le début du présocratisme, en un mot le début de la philosophie occidentale, en l’an 580 av. J.-C. en la personne de Thalès de Milet. Cette tradition est sans doute le fruit des spéculations aristotéliciennes puisque c’est lui qui considère la doctrine de Thalès comme étant « la plus ancienne doctrine qui nous a été transmise »[4]. Ce mouvement présocratique va alors du VIe siècle jusqu’à une date bien entamée dans le IVe siècle av. J.-C. avec la mort de Démocrite[5], qui est né probablement en l’an 460 à Abdère[6] et est connu pour avoir vécu plus de 100 ans selon les témoignages[7]. On voit alors que la datation n’est pas pertinente pour saisir ce mouvement ou du moins seulement à caractère indicatif. En dehors des dates approximatives par manque de documentations fiables, le repère chronologique ne prend pas en compte tous les présocratiques (c’est le cas pour Homère et Hésiode) et permet par ailleurs des exceptions à ceux qui sont plus jeunes que Socrate, à l’instar de Démocrite, comme on l’a vu.

            On aurait pu tenter – et en réalité, cela a déjà été fait –, de regrouper les différents présocratiques selon leurs sectes et leurs écoles indépendamment de la chronologie pour une plus nette présentation. C’est d’ailleurs l’une des organisations les plus classiques qui soit, y compris chez les grands spécialistes des anciens Grecs. L’édition établie par Jean-Paul Dumont, par exemple, intitulée Les écoles présocratiques, se présente justement par secte[8]. Il est question dans ce volume, qui est d’ailleurs notre édition de référence, de classer les présocratiques d’une manière plus ou moins chronologique (c’est-à-dire de Thalès jusqu’aux sophistes) par groupes de penseurs appartenant à un système de pensée relativement commun. Cette classification, comme la quasi-totalité des classifications, suit la présentation fixée par Diogène Laërce au IIIe siècle de notre ère dans son ouvrage Vies et doctrine des philosophes illustres[9]. C’est ainsi que nous retrouvons l’école ionienne et ses membres d’un côté, la secte pythagoricienne de l’autre, ainsi que les Abdéritains atomistes d’une part, puis les sophistes d’autre part… Cette présentation est certes plaisante car elle permet tout de suite d’avoir une vue d’ensemble sur tout le mouvement présocratique mais elle suggère aussi une intervention extérieure et une construction postérieure des écoles par les spécialistes et les historiens.

Dans la mesure où les écrits présocratiques se réduisent aujourd’hui à des fragments compilés à partir de citations de philosophes et de doxographes, et dans la mesure où les écrits originaux des présocratiques ne nous sont pas parvenus, on se retrouve alors dans l’impossibilité matérielle de comparer les œuvres, et la question de l’interprétation s’avère être la problématique la plus redoutable dans l’histoire de la philosophie ancienne. Ainsi, classer les présocratiques par sectes sous-entend non seulement que ce travail d’interprétation a été fait mais qu’il faille, de surcroît, faire une confiance absolue aux doxographes. Cet obstacle est en réalité récurrent dans les études grecques antiques[10]. En somme, il faut avoir à l’esprit que lire un présocratique « ne va pas de soi »[11] car il s’agit toujours d’une lecture de seconde main. Nous ne lisons jamais directement un présocratique mais seulement « par l’intermédiaire des citations faites par un nombre plus ou moins considérable d’auteurs postérieurs »[12] et il s’agit « pour la plupart d’auteurs tardifs, essentiellement des commentateurs d’Aristote, comme Simplicius, d’auteurs chrétiens qui polémiquent contre la philosophie païenne (Eusèbe de Césarée, Hippolyte, Clément d’Alexandrie) et de compilateurs érudits comme Diogène Laërce, le pseudo-Plutarque ou Stobée »[13]. Un travail de compilation est donc nécessaire afin de regrouper toutes les citations éparpillées, et c’est Hermann Diels qui ouvre la voie en rédigeant son fameux recueil Die Fragmente der Vorsokratiker, qui sera rejoint dans ce travail par Walter Kranz dès la seconde édition du recueil. La 6e et dernière édition de ce manuel est l’édition de référence par laquelle nous lisons et citons les présocratiques[14]. Chaque fragment est présenté avec un numéro et rangé suivant 3 sections : A pour les témoignages biographiques ; B pour les fragments, c’est-à-dire les citations éparpillées ; et C pour les imitations ou les fragments apocryphes. La citation d’un présocratique se fait donc d’une manière universelle, sans se référer aux ouvrages des doxographes, de la façon suivante : désigner le présocratique, annoncer l’édition de Diels-Kranz (abrégé en D.-K.) et enfin indiquer la section et le numéro du fragment. Par exemple : Thalès, D.-K. A 1. Il faut donc avoir à l’esprit que même si la lecture de Thalès, d’Héraclite ou de Parménide est unifiée après avoir été regroupée dans un seul volume, il ne demeure pas moins vrai que nous avons affaire à des fragments reconstitués d’après des citations. Tout cela pour dire que, en définitive, lire les présocratiques n’est pas uniquement un travail de philosophe mais appelle également des compétences d’historien, de biographe, d’éditeur et de philologue.

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Les présocratiques et leurs prédécesseurs

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           À ce stade de la réflexion, nous n’avons encore rien appris. Du moins nous comprenons que le mystère et la fascination aussi pour les présocratiques, il faut l’avouer, sont liés au fait que nous abordons « l’origine »[15] de la philosophie. Si la philosophie – pour faire court – est la recherche de la σοφία, de la sagesse et du savoir, placer sa naissance avec Thalès est problématique à plus d’un titre. Tout d’abord cette datation suggère qu’en Grèce il n’y avait pas de sagesse avant 580 ; ensuite, en dehors de la Grèce, comme en Chine, en Mésopotamie ou encore en Inde, on nierait tout bonnement l’existence du savoir[16].

            Les débuts de l’âge archaïque en Grèce antique ont été dominés par certains σοφοί, sages et savants, en tant que ποιηταί, poètes. Les poètes, comme Homère et Hésiode, ne font pas partie des présocratiques mais la raison n’en est peut-être pas liée à leur activité poétique. Rappelons tout de même qu’un certain nombre de présocratiques écrivaient en vers (que ce soit en vers épiques ou élégiaques, peu importe) à l’instar de Parménide et de Xénophane. Cette exclusion de la sphère des présocratiques est liée à la nature de la poésie proclamée par les uns et par les autres. Les poètes sont des faiseurs de mythes et en ce sens ils racontent des histoires. Une première lecture semble nous indiquer que les présocratiques s’étaient défaits de cette forme de sagesse pour se consacrer à la recherche des premiers principes. L’originalité des présocratiques serait donc la volonté de comprendre le κόσμος, le monde. C’est ainsi que Thalès émet l’hypothèse selon laquelle le principe de toutes choses est l’eau[17]. Pour Héraclite, le principe et l’origine du κόσμος est le feu[18]. Si l’on regarde du côté d’Anaximène, on apprend que, selon lui, la substance primordiale est l’air[19].

            La révolution présocratique entamée par Thalès serait donc cette conversion du discours en délaissant le mythe pour une recherche sensée de l’origine. En somme, ce qui a changé entre les poètes et les présocratiques serait l’objet d’étude. Cette affirmation ne saurait être satisfaisante et être vraie encore moins. Les poètes ne chantaient rien d’autre dans leurs poèmes que l’origine du monde. Si l’on prend en exemple la Théogonie d’Hésiode, on se rend compte que tout le poème traite du monde et de sa venue à l’être. De fait, une théogonie (littéralement, la naissance des dieux) est une cosmogonie (une naissance de l’univers) qui n’est rien d’autre alors qu’une cosmologie (un discours sur l’origine de l’univers et du monde).

            Si l’objet d’étude est le même, il faudrait dire que l’originalité présocratique réside dans le discours sur l’univers. Là encore, force est de constater que cette lecture est très réductrice et suit des conceptions qui sont étrangères au monde grec antique. En voulant faire des présocratiques les premiers intellectuels à se débarrasser des mythes des poètes (donc de la religion) pour les remplacer par un discours scientifique et philosophique, on ne fait que tenter de les lire avec des conceptions modernes, principalement depuis la Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant, jugeant qu’un discours rationnel s’oppose nécessairement au discours religieux. Beaucoup de chercheurs sont tombés dans cette erreur[20]. Et quand il s’agit des anciens Grecs, faire cette distinction entre le discours philosophique vrai et le discours mythologique faux est tout simplement une erreur indéniable. Marie-Laurence Desclos était bien consciente de ce problème. Dans son ouvrage collectif dirigé avec Francesco Fronterotta, ils indiquent de manière tout à fait succincte vouloir traiter de la nouveauté des présocratiques « sans tenir a priori pour acquis qu’elle réside dans l’absence des dieux »[21], car si nous voulons absolument désigner les présocratiques comme les pères de la philosophie sous le faux-prétexte qu’ils ne mythologiseraient pas, ce « serait oublier que ce n’est pas parce que l’eau [comme principe chez Thalès] se substitue à Océan et à Téthys, ou au chaos hésiodique, que naît la philosophie »[22].

            Cette conception des présocratiques est en réalité le résultat d’une lecture un peu hâtive d’une remarque d’Aristote. Le Stagirite dit dans sa Métaphysique que les « premiers philosophes pensèrent que seuls les principes d’espèce matérielle sont les principes de tout »[23]. On déduit donc – précipitamment – que pour comprendre le monde, il n’est plus question des dieux et des mythes mais que les penseurs présocratiques font appel à des principes physiques dans la mesure où le κόσμος, qui est matériel, ne saurait être appréhendé autrement que par les éléments qui le composent. Suivant Aristote, les présocratiques seraient des physiciens ou des « physiologues » ayant tourné le dos aux théologiens-poètes et aux explications surnaturelles ou suprasensibles pour se consacrer à l’étude de la φύσις, de la nature. Si tel était le cas, comment expliquer les spéculations de Pythagore faisant des nombres (entités non-matérielles par ailleurs) les principes de l’univers donnant une dimension mystique à cette philosophie ? Que faut-il comprendre dans la quadruple racine d’Empédocle où sont nommément mentionnés Zeus, Héra, Aidônéus (c’est-à-dire Hadès) et Nestis (autre nom de Poséidon)[24] face à ce « rejet » des mythes ? Sans mentionner Héraclite ou Parménide, comment, de fait, les traités de médecine hippocratique mentionnent les dieux et le divin, les ablutions, la piété et l’impiété, implorer l’aide des dieux pour guérir… ?[25] À toutes ces questions de nature oratoire, Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta répondent de façon magistrale : en ce qui concerne les Grecs « « l’esprit scientifique » peut « se constituer » autrement qu’en « exterminant l’esprit non scientifique », et que le rationnel peut coexister avec le religieux »[26].

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Le savoir présocratique : entre théorie et pratique

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           Le génie présocratique ne résidait pas dans l’invention de la philosophie, comme s’il n’y avait pas de sagesse avant, pas plus qu’il ne résidait dans la rupture avec la religion sous prétexte d’une recherche matérielle de l’ἀρχή, de l’origine ou du principe, comme s’il n’y avait plus de mythologie après. Le premier aspect du génie présocratique réside dans le domaine de la παιδεία, de l’éducation. Si les mythes avaient pour fonction de garder en mémoire, et de manière commune, l’origine du monde sous la forme d’une histoire[27], les présocratiques semblaient vouloir davantage instruire que remémorer. On pourrait nous objecter ici que la fonction première des poètes était d’éduquer par la remémoration. C’est d’ailleurs Platon lui-même, bien que critique envers Homère, qui n’hésite pas à le désigner comme étant l’éducateur de la Grèce[28]. Cette objection, bien que vraie d’une certaine façon, n’a évidemment pas lieu d’être puisque Werner Jaeger, le grand historien de la philosophie antique du siècle dernier, avait montré la différence entre la παιδεία poétique, réservée alors à la noblesse et à l’aristocratie grecques, et la παιδεία dans le sens de la culture qui sera proposée par les philosophes à l’ensemble des citoyens[29]. L’éducation par la poésie homérique, principalement, était donc la préoccupation des nobles qui s’exerçaient, par l’écoute et par la récitation des poèmes, à imiter les « grands ancêtres divins que l’on prend pour modèles »[30]. Pierre Hadot a d’ailleurs eu raison de souligner la transformation du terme ἀρετή quant à son sens, que l’on pourrait traduire par vertu ou excellence, entre l’approche de la παιδεία poétique qui ferait référence à l’excellence du sang noble et l’approche de la παιδεία philosophique qui devient l’excellence de l’âme. Ce n’est donc plus une éducation par l’imitation que proposent les σοφοί présocratiques mais une éducation par l’observation, par l’expérience, par la recherche des principes matériels, qui, de fait, peut être et a été portée par un vocabulaire mythologique.

            Dire alors que les présocratiques s’opposent aux poètes, stricto sensu, est une erreur si l’on ne mentionne pas la volonté d’éducation dont on vient de traiter. La παιδεία présocratique relève donc de la πρᾶξις, de l’action, en plus de l’ἐπιστήμη, de la science. C’est en ce sens que Thalès n’est pas uniquement un scientifique qui s’occupe des planètes et des calculs savants. Si Platon se moque de Thalès en disant qu’il était mort en tombant dans un puits car « dans son ardeur à savoir ce qu’il y a dans le ciel, il ignorait ce qu’il y avait devant lui, même à ses pieds »[31], cependant il lui reconnaît volontiers un esprit et une intelligence pratiques[32]. C’est grâce à cet aspect pratique du génie présocratique que Thalès a su détourner un fleuve dans une expédition militaire en faveur de l’armée de Crésus[33]. Il aurait prédit par ailleurs l’éclipse solaire du 28 mai 585 av. J.-C. qui a mis ensuite fin au conflit armé entre Alyatte et Cyaxare[34]. Il en est de même pour l’enseignement pythagoricien où la secte était divisée en plusieurs groupes où chacun s’adonnait à la tâche qui lui était propre, que ce soit dans les activités religieuses, mathématiques, physiques ou sociales et politiques[35]. Sans rentrer dans les énumérations, cette idée est on ne peut plus claire en ce qui concerne les sophistes dans la mesure où le savoir qu’ils prétendent détenir et enseigner « exprime une conviction profonde : le système démocratique en vigueur dans l’Athènes des Ve et IVe siècles »[36]. Autrement dit, l’enseignement des sophistes est pratique puisqu’il permet à tous les citoyens d’apprendre à s’exprimer et à débattre dans les différentes assemblées. Et ce côté pratique n’est même pas contesté par Platon. Il fait dire à Protagoras : « Mon enseignement porte sur la manière de bien délibérer dans les affaires privées, savoir comment administrer au mieux sa propre maison, ainsi que dans les affaires de la cité, savoir comment devenir le plus à même de les traiter, en actes comme en paroles »[37]. On comprend alors que l’enseignement de Protagoras consiste en la formation des citoyens pour les rendre excellents dans le domaine privé et public puisque le sophiste d’Abdère affirme pourvoir former les jeunes à « l’art politique et de [s]’engager à faire des hommes de bons citoyens »[38].

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            À l’issue de ces quelques lignes introductives à la pensée présocratique, il nous semble indispensable de revenir sur la méthode qui était la nôtre. Nous pensons que notre méthodologie a été extraordinairement résumée par Jérôme Laurent lorsqu’il a écrit ces mots : « L’historien de la philosophie doit chercher le plus possible à ne pas projeter ce qui suit sur ce qui précède et il doit rappeler le contexte du texte »[39]. Nous avons voulu rappeler le contexte de l’esprit présocratique. Sans rentrer dans les préjugés : ils ont inventé la philosophie ; et sans rentrer dans les projections : ce sont les premiers représentants du positivisme d’Auguste Comte… nous nous sommes efforcés d’offrir des éléments qui permettent de saisir l’originalité et la beauté de ce mouvement intellectuel. Sans opposer les « écoles » qui n’ont peut-être d’ailleurs jamais existé si ce n’est dans les fantasmes de Diogène Laërce puis ont été reprises par tous les historiens de la philosophie, et sans opposer les poètes-théologiens et les présocratiques-philosophes sous prétexte de mythe et de raison, de religion et de science, nous avons montré que le génie présocratique résidait davantage dans la recherche théorique en vue du bon agir en communauté. Si les recherches sur la φύσις, la nature, était l’un des domaines des présocratiques, il n’est évidemment pas le seul, loin s’en faut, et c’est ainsi que nous pouvons dire, en faisant explicitement référence au Poème de Parménide, que le savoir est une parole divine adressée aux présocratiques qui n’ont fait que la transmettre à leur tour[40].

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Pluton-Magazine/ 2021/ Janvier

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[1] Le cas est flagrant en ce qui concerne Démocrite d’Abdère, par exemple. Il est traditionnellement rangé parmi les présocratiques bien qu’il soit plus jeune que Socrate.

[2] Le présocratique est-il un philosophe ? La question s’était posée et était débattue parmi les spécialistes. Nous n’allons pas nous lancer dans ce débat ici. Mais puisque le terme « philosophe » n’a pris son sens complet que sous la plume de Platon et afin d’éviter tout anachronisme, nous nous abstenons de ce terme et consacrons celui de σοφός, sage ou savant, pour désigner le présocratique. Si toutefois on est venu à parler de « philosophe présocratique », il faut avoir à l’esprit que cette épithète n’est utilisée que de manière rétrospective.

[3] Il n’est pas question de faire une sorte de catalogue des présocratiques pour comparer les citations des uns et des autres. Pour une étude par thème et/ou par auteur, le lecteur se référera à la bibliographie complète de cet article qui offre un large choix d’approfondissement. Le but de ce travail n’est pas d’étudier un présocratique ou l’ensemble des présocratiques à la fois, mais il s’agit davantage d’offrir une introduction générale à ce mouvement intellectuel et poser les bases philosophiques et historiques nécessaires à la bonne compréhension des différents auteurs et des différents enjeux.

[4] Aristote, Traité du ciel, II, 13, 194a25. Toutes les citations d’Aristote se feront, sauf indication contraire, en suivant l’édition de Pierre Pellegrin des Œuvres complètes d’Aristote publiée chez Flammarion en 2014.

[5] En ce qui concerne les dates de Démocrite, nous renvoyons à Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, IX, 41.

[6] Voir David Furley, « Démocrite », dans J. Brunschwig, G. Lloyd et P. Pellegrin (dir.), Le savoir grec. Dictionnaire critique, Paris, Flammarion, 2011 (1996), p. 656.

[7] Voir Christopher C. W. Taylor, « Démocrite », dans L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (dir.), Lire les présocratiques, Paris, Presses Universitaires de France, 2018 (2012), p. 195.

[8] Jean-Paul Dumont, Les écoles présocratiques, Paris, Gallimard, 1991 (1988). Voir aussi Jean-Paul Dumont, Les Présocratiques, Paris, Gallimard, Coll. « Pléiade », 1988.

[9] Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, I, 13.

[10] Nous sommes confrontés au même problème lorsqu’il s’agit de reconstruire la figure authentique du Socrate historique. Socrate n’a rien écrit donc nous sommes dans l’impossibilité de reconstruire sa pensée et sa philosophie. Toutefois, les différents témoignages sont la seule source dont nous disposons pour une telle entreprise bien que tous les textes ne s’accordent pas. Ainsi, le Socrate de Platon n’a absolument rien à voir avec celui d’Aristophane, et nous ne pouvons rien y faire mis à part supposer la pensée de Socrate en regroupant les témoignages qui jouissent du plus grand consensus. Pour le problème socratique, consulter, en guise de présentation générale, Louis-André Dorion, Socrate, Paris, Presses Universitaires de France, 2004. Et pour une étude plus scientifique, voir Gregory Vlastos, Socrate. Ironie et philosophie morale (1991), trad. fr. C. Dalimier, Paris, Aubier, 1994.

[11] Luc Brisson et Gérard Journée, « Introduction à la lecture des présocratiques », dans L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (dir.), Lire les présocratiques, Op. cit., p. 9.

[12] Id.

[13] Ibid., p. 10.

[14] La version française est celle de Jean-Paul Dumont que nous avons déjà signalée plus tôt.

[15] Jean-Paul Dumont, Les écoles présocratiques, « Introduction », Op. cit., p. III.

[16] Pour des raisons évidentes de compétences nous ne nous consacrons qu’au monde grec. Nous laissons donc de côté cette deuxième objection et nous comptons sur les spécialistes en la matière pour nous apporter des réponses.

[17] Thalès, D.-K. B 3. Voir également Aristote, Métaphysique, A, 13, 983b20.

[18] Héraclite, D.-K. B 30.

[19] Anaximène, D.-K. B 2.

[20] Voir par exemple Jean-François Mattéi, La pensée antique, Paris, Presses Universitaires de France, 2015.

[21] Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta (dir.), La sagesse présocratique. Communication des savoirs en Grèce archaïque : des lieux et des hommes, Paris, Armand Colin, 2013, p. 8.

[22] Id.

[23] Aristote, Métaphysique, A, 13, 983b5. Nous soulignons.

[24] Empédocle, D.-K. B 6.

[25] Marie-Laurence Desclos et Francesco Fronterotta (dir.), La sagesse présocratique, Op. cit., p. 11 et ss.

[26] Ibid., p. 11.

[27] Luc Brisson, « Les poètes ou le savoir et les valeurs partagées », dans L. Brisson, A. Macé et A.-L. Therme (dir.), Lire les présocratiques, Op. cit., p. 34. Voir surtout Luc Brisson, « Mythe et savoir » dans J. Brunschwig, G. Lloyd et P. Pellegrin (dir.), Le savoir grec, Op. cit., p. 69-70.

[28] Voir Platon, République, X, 606e-607a. Toutes les citations de Platon se feront, sauf indication contraire, en suivant l’édition de Luc Brisson des Œuvres complètes de Platon publiée chez Flammarion en 2008 et revue en 2011. Notre édition de référence est la version revue de 2011. Quant à la pagination, selon l’usage, nous suivrons l’édition publiée par Henri Estienne à Genève en 1578.

[29] Werner Jaeger, Paideia : La formation de l’homme grec. La Grèce archaïque, le génie d’Athènes (1933-1947), trad. fr. A. et S. Devyver, Paris, Gallimard, 1964, p. 29 et ss.

[30] Pierre Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique ?, Paris, Gallimard, 1995, p. 31.

[31] Platon, Théétète, 174a.

[32] Platon, République, X, 600a.

[33] Thalès, D.-K. A 6.

[34] Thalès, D.-K. A 5.

[35] Pour une introduction à la fois savante et accessible à tout un chacun au sujet de Pythagore et de sa secte, consulter en priorité Jean-François Mattéi, Pythagore et les pythagoriciens, Paris, Presses Universitaires de France, 2017 (1993).

[36] Luc Brisson, « Les listes des vertus dans le Protagoras et la République », dans P. Demont (dir.), Problèmes de la morale antique, Amiens, Faculté des lettres, 1993, p. 84.

[37] Platon, Protagoras, 318e-319a.

[38] Id.

[39] Jérôme Laurent, « Thalès, Anaximandre, Anaximène : la découverte de l’esprit scientifique ? », dans M.-L. Desclos et F. Fronterotta (dir.), La sagesse présocratique, Op. cit., p. 63.

[40] Parménide, D.-K. B 8.

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